3.5/10Piège en eaux profondes

/ Critique - écrit par riffhifi, le 30/11/2010
Notre verdict : 3.5/10 - S.S. Titanic (Fiche technique)

Tags : cinema steven piege film eaux profondes seagal

Steven Seagal boit la tasse dans ce direct-to-video mal fichu, qui devait être un film d'horreur aquatique avant de devenir un film d'action terrestre... Allez comprendre ! En attendant, Piège en eaux profondes est la raison principale pour laquelle l'acteur n'est pas dans Expendables.

 

Depuis que Die Hard a été traduit par Piège de cristal en 1988, les distributeurs français aiment utiliser la formule pour des films d'action sans aucun rapport entre eux : Piège en eaux troubles (Striking distance), Piège à Hong Kong (Knock off)... Mais le recordman dans le domaine reste Steven Seagal, avec cinq titres : Piège en haute mer (1992), sa suite Piège à grande vitesse (1995), Piège à haut risque (1998), Piège au soleil levant (2005), et ce Piège en eaux profondes de 2005, qui
vaut son pesant de cacahuètes.

A l'instar du titre original Submerged, le titre français semble s'appliquer au scénario original du film, celui qui n'a pas été tourné. Le réalisateur-scénariste Anthony Hickox, connu surtout pour ses deux Waxwork, explique : « Pour moi, c'était The Thing dans un sous-marin, très claustro. Quand Seagal a embarqué sur le projet, j'étais ravi, je me suis dit qu'il allait faire quelque chose de différent, avec un tel rôle de capitaine alcoolique... ». A la vision du film, on se demande ce qu'il a pu advenir du script d'origine, car il est finalement question d'un savant fou qui contrôle l'esprit des gens, et ne peut être arrêté que par Seagal et son escouade de gros bras sortis de prison pour l'occasion. La séquence sous-marine du film ne dépasse pas les dix minutes, et ne comporte aucun monstre surnaturel. La raison ? La vedette a décrété, après avoir signé le contrat, que jouer avec une créature ne lui convenait pas. Le producteur Avi Lerner se fâche, Seagal fait la mauvaise tête, Hickox s'arrache les cheveux sur le tournage. Après avoir tourné deux direct-to-
video du même calibre avec Dolph Lundgren, il ne comprend pas l'attitude de la star à queue de cheval. « Il devait être sur le plateau dès le matin, et il arrivait à 13 heures. Puis il mangeait avec son cuisinier personnel, et il fallait attendre deux heures de plus. [...] La caméra et les lumières étaient dirigées vers un endroit précis, et tout à coup, à l'autre bout du studio, il criait « action! », récitait un dialogue qui n'était pas dans le script, disait « cut! » et s'en allait. C'était vraiment infernal. Et nous tentions de tourner les caméras vers lui à ce moment-là... »

A la lumière de ce compte-rendu, on pardonne plus facilement le côté bordélique du film : l'histoire n'a ni queue ni tête, les personnages sont trop nombreux et disparaissent parfois sans même qu'on en ait conscience, le personnage de Seagal est souvent vu de dos, de loin ou caché derrière son bras pour camoufler le fait qu'il soit joué par une doublure... Pourtant, Hickox n'est pas un cinéaste dépourvu de sens visuel, ses plans sont souvent léchés, et le montage ultra-nerveux (souvent tape-à-l'œil) rehaussé d'effets sonores pêchus maintient l'attention en éveil jusqu'à un certain point. Mais le côté hachis parmentier du scénario finit par l'emporter ; on ne se soucie pas de l'histoire ni des personnages (malgré la présence intimidante de Vinnie Jones, et celle de la demi-star Gary Daniels - revu récemment dans Expendables), les scènes de baston téléguidées du sieur Seagal (intouchable, comme d'habitude) sont barbantes, et seul le final à l'opéra (qui n'est pas sans évoquer, de très très loin, L'homme qui en savait trop d'Hitchcock) vient rendre vaguement distrayant ce ratage autoproclamé... Suite à sa brouille avec Avi Lerner, qui lui a fait un procès à cause de ce film, Seagal n'a plus tourné avec Millennium Films, ce qui explique sans doute en grande partie que l'acteur ne se soit pas trouvé au générique d'Expendables, où il aurait pourtant pu avoir sa place.


* Mad Movies 216, février 2009