Le pianiste
Cinéma / Critique - écrit , le 22/12/2002 (« Il jouait du piano debout... » (air connu)
Généralement, les films qui reçoivent des palmes d'or restent dans les annales du cinéma. Retenons dans le désordre : Pulp Fiction, La leçon de piano (tiens encore du piano...), Sexe, mensonges et vidéo, j'en passe et des meilleurs... Depuis 1946 il y en a eu beaucoup !
Bien plus qu'un regroupement de 'people' sur la croisette tous tirés à quatre épingles pour figurer en première page de Voici, on peut parfois y rencontrer des petits bijoux d'auteurs inconnus qui défrayent la chronique.
Cette année 2002 nous n'avons pas affaire à un inconnu mais au grand Roman Polanski (j'ose presque dire Sir Roman Polanski). Je cite rapidement : La Neuvième Porte, La jeune fille et la Mort, Lunes de fiel, Frantic, Chinatown, Rosemary's Baby, Le bal des vampires... Alors, Le Pianiste vaut-il son pesant d'or ?
L'histoire commence en septembre 1939, quelques jours après le passage des troupes allemandes à la frontière Polonaise. Un jeune et talentueux pianiste, Wladyslaw Szpilman, joue pour une radio locale. Il se retrouve confronté avec sa famille juive à des répressions de plus en plus horribles : étoile juive, interdiction d'aller dans des lieux publiques, parcage dans le ghetto de Varsovie. Sa famille se retrouve déportée alors qu'il arrive à s'échapper.
La suite de l'histoire nous montre son calvaire pour se cacher, manger, en un mot : vivre dans la Pologne dévastée. C'est en quelque sorte son talent pour jouer du piano qui va le sauver.
Adapté de la biographie saisissante du pianiste du même non, le film se centre sur le témoignage de Szpilman. Les scènes réalistes et dures n'arrêtent pas de tirer sur la corde sensible du spectateur, ce film est un excellent devoir de mémoire.
C'est beau, c'est long, c'est du Polanski, il y a forcément quelques 'hic'. Dans la version du film en VOST, il est décevant de voir des Polonais parler américain avec un fort accent californien. Il y a quelques scènes de longueurs, sans doute pour accentuer le calvaire du pianiste mais ces scènes-ci sont moins poignantes comparées aux exécutions et humiliations quotidiennes.
Pour les points positifs, la performance de Adrien Brody (Oxygen, Bread and Roses, La ligne rouge) est hallucinante de vérité, Tom Hanks dans Seul au monde peut aller se cacher !
La musique, présente tout au long du film par l'oreille du pianiste, nous entraîne vers un crescendo qui nous prend aux tripes jusqu'à la scène finale. On peut aussi voir dans ce film, la résistance en Pologne, car il faut avouer que la déportation et les ghettos de Varsovie ont déjà été très bien rendus dans La Liste de Schindler. Les décors sont enfin très bien réalisés, de même que les costumes (on est loin des peintures pas du tout convaincantes de Amen).
Bref, un beau film, classique, mais qui ne manque pas de nous émouvoir et de nous faire aimer le piano. En sortant de ce film, on apprécie de vivre à notre époque. Ce film n'est pas un chef d'oeuvre, mais il marque l'arrivée d'un Polanski nouveau, après une vie de calvaire.
Ce film a obtenu pas moins de 7 Césars lors de la cérémonie de 2003 : Meilleur film de l'année, Meilleur acteur, Meilleur réalisateur, Meilleure musique écrite pour un film, Meilleure photographie, Meilleur décor, Meilleur son.