4/10Phénomènes

/ Critique - écrit par Nicolas, le 12/06/2008
Notre verdict : 4/10 - Be kind, wind ! (Fiche technique)

Tags : phenomene phenomenes shyamalan film night climat monde

Shyamalan nous dit pourquoi c'est pas bien d'enfumer la planète.

Il va m'être difficile de ne pas disserter sur Phénomènes sans révéler quelques éléments de l'intrigue, bien qu'on ne puisse pas véritablement parler de révélations au sens propre. Même, il va m'être encore plus difficile de discuter de Phénomènes sans partir dans une destruction systématique et ironique du nouveau métrage de M. Night « Sixième Sens » Shyamalan, l'homme étant pourtant - et ce sera ma petite contribution subjective à la critique - un de mes réalisateurs préférés. Déjà, rappelez-vous, j'avais pesté contre La jeune fille de l'eau. Même avec le recul, je ne me vois pas adoucir mes propos, et j'imagine qu'il en sera probablement de même avec celui-ci.


" Les grèves pendant les catastrophes
naturelles, c'est vraiment pas de bol."
L'idée paraissait pourtant intéressante : « quelque chose » pousse l'humanité (du nord-est des États-Unis) à se suicider de manière irréfléchie et irrépressible. Le concept, présenté dans la bande-annonce, avait de quoi séduire, et ramenait le réalisateur hindou à ses premiers amours, à savoir le film d'ambiance un poil trash et saupoudré de paranormal. Un joli mélange qui avait donné à Sixième Sens et Incassable leurs lettres de noblesse, à Signes un charme tout relatif (oubliez le dénouement), et au Village une raison d'être (pareil, oubliez le dénouement). Du coup, comment présenter une chose que la bande-annonce avait déjà clairement montrée ? Shyamalan ne s'embarrasse pas de fioritures, et dès la première scène le phénomène est révélé au public. En une minute, le doute est installé : jeu des acteurs approximatif, réalisation peu inventive et pas très punchy. Difficile de rentrer dans le film dans ces conditions, et ne pas rentrer dans le film a pour synonyme « ridicule ». Malheureusement, cette minute aura pour l'écho le film tout entier. Wahlberg fait une de ses pires prestations, Deschanel ne relève pas le niveau, les personnages n'ont rien d'attachant ni d'authentique, et on se fiche rapidement de ce qui peut leur arriver, en admettant qu'il puisse leur arriver quelque chose. Les morts ont beau être souvent violentes, elles ne génèrent pas réellement d'angoisse particulière et font même parfois dans le comique involontaire, et c'est en montrant les dérives des gens dits « normaux » que le film parvient à grapiller quelques points de terreur. Un comble, n'est ce pas ?
Du coup, que nous reste-t-il à part attendre le dénouement ? Shyamalan va-t-il nous bluffer avec un des twists finaux qui a fait sa réputation ? Va-t-il nous expliquer la cause des phénomènes ? Quelles que soient les réponses à ces questions, les hypothèses iront bon train, et toutes convergeront vers un sentimentalisme un peu désuet, voire vers un discours d'écologiste un peu trop simplet pour être admis en tant que tel. Peut-être le temps et un revisionnage permettront d'isoler certains autres thèmes de réflexion...

Shyamalan confirme son virage. Le réalisateur génial de Sixième Sens et Incassable se complaît dans le film bas de gamme et peine à se renouveler. Dommage, son idée tenait la route, mais son traitement n'a rien d'exceptionnel, et même pire : il prête parfois à rire. Un drame quand on voit le niveau des acteurs qui n'arrivent pas à insuffler une seule once de crédibilité dans leurs dialogues ou leurs expressions.