7.5/10Peter Pan - 2003

/ Critique - écrit par Nicolas, le 10/02/2004
Notre verdict : 7.5/10 - Crochet accroche (Fiche technique)

Tags : peter pan film jeremy sumpter premiere hogan

C'est au tour de P.J. Hogan, « célèbre » réalisateur pour nous avoir offert le Mariage de Mon Meilleur Ami, de mettre son talent au service de la super-production remplie à bord de chèques plein de zéros. Mais pas n'importe laquelle, puisque celle-ci affiche l'ambition de convertir l'histoire de Peter Pan, conte déjà porté à l'écran à plusieurs reprises sous diverses formes, en une nouvelle féerie spectaculaire capable de faire rêver petits et grands.

Fasciné par la jeune Wendy (Rachel Hurd Wood), Peter Pan (Jeremy Sumpter) n'a de cesse que de voler jusqu'à sa fenêtre pour la regarder jouer et dormir. Un soir, à la recherche de son ombre perdu, le garçon volant se retrouve nez à nez avec la jeune fille, à qui il propose de s'envoler pour son monde, le pays imaginaire. Wendy, sur le point d'être envoyé chez sa tante pour recevoir une éducation plus sérieuse, saisit la main de Peter et vole droit en direction du ciel, accompagnée de ses deux frères John et Mickaël, pour découvrir le pays de Peter. Un monde rempli d'enfants perdus, d'indiens, de pirates, où sévit le pire ennemi du garçon : le capitaine Crochet (Jason Isaacs), un homme sanguinaire vouant une haine démesurée envers Peter Pan depuis que celui-ci lui a coupé la main pour l'offrir en pâture à un crocodile...

Les adaptations furent nombreuses, ce qui n'empêcha P.J. Hogan d'accepter d'en rajouter une autre couche. On se demande bien, alors, ce que pourra apporter la cuvée 2004 si ce n'est une déferlante d'effets spéciaux modernes qui ne servirait qu'à donner un peu de couleurs à la soupe. Car l'histoire de ce garçon libre comme l'air, tout le monde (ou presque) y a déjà une fois dans sa vie goûté, au minimum par la célèbre version des animateurs de chez Disney. Même Steven Spielberg en a pianoté quelques notes en imaginant une suite aux aventures de Peter Pan (Hook Ou La Revanche Du Capitaine Crochet). Sceptique, nous pouvons l'être. Surtout après s'être aperçu qu'effectivement, le poulain de Hogan allait franchement donner dans le numérique à haut budget ; mais pas à la légère. L'essence même du livre n'est pas ignoré : continuellement, l'ordinateur travaille à confondre réalité et imagination, à magnifier les paysages pour mieux les rendre irréels, comme tout droit sorti d'un songe dont Pan en est le principal gardien. Un rêve qui se heurte à la froideur du monde des adultes, Londres, sombre et peu accueillant. Mais il n'y a bien que les décors pour faire apparaître clairement cette opposition, délaissée par le scénario qui affiche une préférence quasi-totale pour la rancune de Crochet et ses maintes tentatives hargneuses envers Peter.
L'adaptation, si elle vise le jeune public, n'en reste pas moins un divertissement grand public qui pourra plaire aux grandes personnes, bien qu'il fasse la part belle au sentimentalisme de bas étage et en néglige volontiers les quelques débuts de réflexion sur l'enfance et le passage à l'état adulte. Cinéma oblige, le film dévie plusieurs fois de l'oeuvre originelle, de façon mineure, pour mieux enrichir l'histoire et le spectacle visuel, parfois à bon escient, parfois à mauvais. Un schéma qui se répète minoritairement dans le casting, où l'excellent côtoie également le troublant. Autant Jason Issacs se montre parfait dans les deux aspects de son jeu (Mr Darling d'un côté, Capitaine Crochet de l'autre - une tradition théâtrale qui veut que ces deux personnages soient joués par le même acteur), autant Jeremy Sumpter semble un peu trop figé dans son sourire crispé de séducteur insensible, sans parler de Ludivine Sagnier qui navre par l'excès de sa composition de Clochette.

Le mythe de Peter Pan renaît dans ce conte féerique dont la magie demeure globalement sur l'ensemble de sa durée, malgré quelques passages à vide et effets spéciaux un peu moyen. Jason Isaacs assume remarquablement bien le port du crochet, et écrase pratiquement de sa prestance un Jeremy Sumpter parfois peu inspiré. Leur combat, mêlé d'humour bon enfant et d'amour un peu précoce, constitue la bonne surprise de ce début de mois de février.