Paranoid Park
Cinéma / Critique - écrit par nazonfly, le 27/11/2007 (Tags : film paranoid park van sant gus alex
Avec Gus Van Sant, il faut être clair d'entrée. La tuerie de Columbine n'est qu'un prétexte pour Elephant. Kurt Cobain n'est qu'un prétexte pour Last Days. Et une nouvelle fois avec Paranoid Park, le skateboard n'est qu'un prétexte. Mon voisin de gauche n'était, semble-t-il, pas préparé à un tel film qui a réussi à remplir cette petite salle habituellement à moitié vide. Un simple exemple : le seul titre typiquement punk-rock, skaters-style, ne se pointe qu'après une bonne demi-heure de film. Dans les films sortis dernièrement sur ce sujet, Wassup Rockers est certainement plus en adéquation avec le sujet.
Paranoid Park, Portland, Oregon. Le paradis des skaters. Un skatepark conçus par et pour les skaters, un skatepark où skaters, délinquants et sans-abris se croisent et se rencontrent.
U
A la recherche du skate perdun vigile retrouvé mort non loin de Paranoid Park. Un skate aux roues tachées de sang jeté dans une rivière. Une enquête qui commence dans le milieu du skate.
Alex, skater désenchanté, des parents divorcés et une petite amie détestable. Il était à Paranoid Park ce soir-là.
Quelques mots jetés sur des pages de cahier : Alex se souvient et raconte sa soirée.
On pourrait faire la liste de ce que Paranoid Park n'est pas : Paranoid Park n'est pas un film sur le skate (malgré quelques images de skate tournées en Super 8), Paranoid Park n'est pas un thriller (malgré le meurtre), Paranoid Park n'est pas un film conventionnel. Mais définir ce qu'est Paranoid Park est largement plus difficile. Sans doute est-ce une nouvelle incursion de Gus Van Sant dans le monde de l'adolescence, comme dans Elephant. Une adolescence forcément éthérée, étirée jusqu'à être transparente. Une adolescence complètement abandonnée par le monde des adultes : la mère d'Alex n'est qu'une ombre lointaine, son père n'apparaît qu'après plus d'une heure, son professeur de science est perdu dans son corps lançant des mots sans forme, sans signification pour Alex, l'inspecteur Lu est complètement à côté de la plaque dans son enquête sur la "communauté" des skaters. Là où Wassup Rockers était un magnifique cri d'une jeunesse vivante, Paranoid Park montre l'autre côté, celui de l'ennui qu'adore filmer Gus Van Sant. Loin d'une esthétique à grands renforts de mouvement de caméra incessants, Paranoid Park prend le temps de se poser, de filmer des moments banals de la vie, comme dans une scène décalée entre Alex et son petit frère.
Une fille évidemment intéressanteEt c'est sans doute la qualité et le défaut de Paranoid Park, comme dans les quelques films de Van Sant que j'ai pu voir. Si on rentre dans un tel film, alors c'est un chef d'oeuvre. Si on n'y rentre pas, c'est une bouse inintéressante, beaucoup trop longue même si le film ne dure qu'une heure vingt-cinq minutes. Parfois l'absence de ligne directrice, le calme d'un film peut permettre à l'esprit de se poser des questions, de chercher des réponses, comme c'est le cas pour Gerry ou Elephant.
Malheureusement, pour Paranoid Park, on a beau se questionner, réfléchir, rien ne ressort du film, si ce ne sont des réponses sur l'adolescence vansantienne déjà apportées par Elephant. Paranoid Park pourrait être l'histoire d'un des ados rencontrés dans le lycée d'Elephant, la petite amie d'Alex l'une de ces pauvres filles se faisant vomir dans les toilettes. Bref rien de nouveau sous le soleil. Avec son dernier film, Gus Van Sant tend à l'autocitation.