L'opinion publique
Cinéma / Critique - écrit par Filipe, le 08/03/2003 (
Charlie Chaplin est à la tête de ses chers studios United Artists. Un jour, il rencontre par hasard une certaine Peggy Hopkins Joyce, qui de liaisons en mariages a déjà ruiné cinq milliardaires. L'idée lui vient de faire un film racontant le destin d'une jeune femme de la campagne, qui décide un beau soir de changer de vie. Et de tenter sa chance en ville.
Nous sommes en plein coeur de la France profonde. Marie et Jean s'aiment, ce qui n'est pas du goût de leurs parents. Ils doivent fuir ensemble, mais au dernier moment, Jean est retenu par la mort fulgurante de son père.
Il retrouve Marie un an plus tard à Paris. Celle qui lui était promise est devenue la maîtresse du richissime Pierre Revel.
L'Opinion Publique est la première comédie de moeurs de l'Histoire du Septième Art. Ce film est une particularité à lui tout seul. Un film clairement atypique dans l'entière filmographie de son fameux réalisateur, qui pour la première fois depuis bien longtemps n'endosse pas le costume de Charlot mais bien celui de Charles Spencer Chaplin, metteur en scène de son temps.
Il nous est conté l'aventure rocambolesque d'une séduisante jeune femme de la campagne, qui décide de tout quitter du jour au lendemain. Son fiancé, qu'elle croit subitement réticent à l'idée de se marier à Paris. Son père, qui l'a toujours empêché de vivre et qui l'a, de toute manière, abandonnée à son destin. Et son village tout entier.
Elle part pour Paris, la ville de toutes les Lumières, où la vie pourrait, selon elle, à nouveau lui sourire. Un an après, la voilà au bras du célibataire le plus fortuné et le plus célèbre de la capitale.
L'Opinion Publique est une excellente réalisation, à la fois puissante et maîtrisée. Une oeuvre cruelle et impitoyable qui ne peut laisser personne insensible. C'est le jeu des destins qui se nouent ou qui ne font que s'entrecroiser, le jeu où s'il y a des gagnants, il y a forcément des perdants. C'est le jeu de l'amour et des folies destructrices que cet amour peut engendrer. Le jeu des passions, mis en scène par le virtuose de tous les virtuoses, celui qui amusa tellement le monde entier, mais qui a décidé pour une fois de l'attendrir, simplement.
Chaplin l'incorrigible, qui n'hésite pas tout au long du film à transformer son drame en une satire délirante des moeurs de Paris et des traditions françaises, à commencer par les belles demoiselles et la cuisine. Il accorda en outre un budget colossal, plus de 300 000 $ dira-t-on, à la réalisation des somptueux décors de son film, ainsi qu'au choix des costumes.