Numéro Quatre : bon numéro ?
Cinéma / Critique - écrit par Nicolas, le 04/03/2011 (Tags : quatre numero livres evaluation film lorien blu
Calibré adolescents, niais et sans surprise, voici en quelques mots ce que vous risquez de penser en regardant Numéro Quatre.
John Smith vient de la planète Lorien, dont la population a été exterminée par les Mogadoriens. Il fait partie d’un programme réunissant neufs adolescents gavés de superpouvoirs, chacun affublé d’un numéro et caché sur terre en attendant d’avoir atteint leur plein potentiel. Désireux de bien finir le travail, les Mogadoriens sont également sur Terre, mais sont contraints de respecter l’ordre des numéros pour éliminer les derniers Lorien. Numéro Trois vient de rendre l’âme, le prochain sur la liste est donc Numéro Quatre…
Bienvenue dans le monde du film pour ados ! Mais si, vous savez, cette espèce de monde parallèle où les lycéens sont grands, beaux, musclés, semblent avoir 25 ans, ont la peau lisse et ferme, une mâchoire bien carrée, des dents brillantes, et ont pour horreur les gros mots et les obscénités ! Voilà, vous voyez de quoi je parle ! Hé bien Numéro Quatre y prend place, ce qui le met d’emblée dans de sales dispositions. Comment intéresser un adulte accompli si le film n’utilise des termes que seuls les vrais adolescents pourront comprendre et / ou apprécier ? L’absence de second degré (si l’on accepte le parallèle habituel de l’adolescent qui découvre son « corps ») se révèle très très vite un sérieux problème, et l’ensemble se baigne dans un océan de naïveté qui est tout sauf touchant. On se force à rester de marbre en voyant Timothy Oliphant annoncer à son petit protégé que sa race « aime d’amour pour l’éternité », et que c’est une des grosses différences (pour ne pas dire la principale, si l’on excepte les superpouvoirs)
qu’il a avec le Terrien moyen. Nous nous retrouvons au bord de la grande falaise de la niaiserie, prêt à basculer dans le vide et à se vautrer dans cent mètres plus bas, la tronche contre les cailloux de la médiocrité. Bien heureusement, le vent est faible et l’envie de se jeter n’est pas de la partie, et l’on demeure dans des conditions de visionnage acceptables. Ouf.
L’autre élément qui nous fait dire que le film s’adresse à des adolescents, c’est qu’il brasse des thèmes très récurrents du genre, que l’on retrouve dans nombre d’œuvres destinées à cette génération (dans la littérature, mais aussi dans les mangas et les séries). Notre adolescent est en quête d’existence et d’identité, est affranchi des contraintes parentales, possède des pouvoirs cachés, et vit une super love Story avec une blondasse bombasse calme et solitaire. Une vie de rêve pour tout adolescent qui se respecte, n’est-ce pas ? Pour casser un peu le côté rose bonbon à la High School Musical, il y a bien un ex-petit ami débile et violent, quaterback évidemment, flanqué d’une colonne de copains figurants sans réplique.
Nous allons donc essuyer les combats de coq habituels, joués d’avance puisque l’un des deux protagonistes est intelligent et peut casser des murs avec ses poings.
Mais en parallèle de tout ça, il y a également un film d’action. Si l’on passe aimablement sur les lampes de poche que deviennent les mains de Numéro Quatre, on peut s’attendre à rencontrer quelques jolies scènes d’action bien évidemment rendues illisibles par une réalisation très tremblotante. Dommage, certains cascadeurs semblaient avoir donné un peu de leur personne, mais cela n’empêche d’apprécier l’ensemble des effets spéciaux, pour la plupart assez réussis. Autre problème, la narration. Autant on ingurgite assez facilement la notion d’extraterrestre, autant il y a un certain nombre de choses pas ou mal expliqués qui altère notre compréhension générale de la chose. A la fin de la séance, on se demande un peu comment tout tient debout, et l’on est tenté de lire le livre qui jouit d’une assez bonne réputation.
Numéro Quatre a tout du divertissement pour adolescent, et même en tant qu’adulte, on ne s’ennuie qu’à de très rares occasions. Mais avec le recul, on se retrouve avec le souvenir d’adolescents niais, de péripéties sans grands enjeux, et d’un grand vide artistique. Ah d’ailleurs : c’est une franchise, il y aura une suite. Enfin, si vous allez le voir.