North Star, la légende de Ken le Survivant
Cinéma / Critique - écrit par Nicolas, le 30/09/2003 (Tags : ken survivant eur film livraison star north
Déjà Mort
« - Pose-la doucement par terre.
- Pas question ! J'vais lui casser le cou et j'm'occuperais d'toi après !
- Ooooaaaaaaaaaa... ta ta ta ta ta ta ta ta ta ta ta, ouwa ta ta ta ta ta ta ta ta TA ! Tu ne le sais pas encore, mais tu es déjà mort. »
Ca, c'est un peu la marque de fabrique de Ken Le Survivant, célèbrissime dessin animé sur-violent et sur-censuré qu'il ne valait mieux pas mettre devant n'importe quels yeux de parents échaudés. Un épisode ressemblait à peu de choses près au même synopsis : « Ken marche dans le désert. Il arrive dans un village de paumés persécutés par une bande de sadiques locaux. Ken les éclate. Arrive leur chef, qui résiste un peu mieux que les autres. Ken déchire sa chemise avec ses pectoraux et enfonce ses deux pouces dans les tempes du vilain. Un compte à rebours s'affiche, au terme duquel le méchant explose en une myriade de globules rouges. Puis Ken repart dans le désert. ». Culte, sans tergiverser. Tellement profond qu'en 1994, un budget de 10 millions de dollars est rassemblé pour produire la version ciné qu'un nombre incalculable de fans pouvaient attendre. Ils ne le savaient pas encore, mais le film était déjà mort.
Ken, dernier héritier de l'école de Vega, erre dans le désert à la recherche de sa bien-aimée, Julia, kidnappée après une franche déculottée par Shin, son ennemi de toujours. Le ravisseur ne lui a laissé que sept cicatrices dans la poitrine. Tournant le dos à sa destinée de chevalier de Vega, c'est dans un état d'intenses tourments internes que Ken rencontre la petite aveugle Lynn...
North Star reprend à quelques encolures près le chemin des premiers volumes de la série Ken le Survivant, en s'appuyant sur cet affrontement inévitable entre l'école de l'Etoile du Nord (Vega) et celle de la Croix du Sud. La première aime particulièrement toucher les points sensibles du corps humain pour le faire éclater en morceaux ; la deuxième affectionne plus précisément les articulations. Ken contre Shin. Ce dernier, en bon méchant qu'il est, ricane d'ambitions démesurées pour la poubelle qui lui sert de terre, cet univers post-apocalyptique où l'on ne peut pas passer une seule nuit sans se faire agresser par de gros vilains difformes. Et la manière la plus simple (= économique) pour retranscrire un tel environnement est bien sûr de le concevoir en studio ! L'intégralité du film a donc été tourné entre quatre murs, de façon plus ou moins visible à l'écran, sans véritable ambition de masquer le manque de moyen. Mais il y a pire ! Nous pourrions par exemple discourir des heures sur le choix de Gary Daniels dans le rôle de Kenshiro, champion mineur d'arts martiaux au regard bleuté aussi expressif que mon pouce gauche (bien moins professionnel que le droit), ou encore argumenter sur la présence très discutable de Malcom McDowell dans un rôle plus que secondaire. Le principal argument en faveur, c'est son respect plus ou moins évident avec la série originelle, jusqu'à remettre en images trait pour trait la fameuse séquence des cicatrices de Ken infligées par Shin sous les yeux de Julia. Mais c'est probablement la seule qualité que l'on pourra discerner, tant les combats et les effets spéciaux fleurent bon le téléfilm à petit budget.
Encore une adaptation médiocre d'un classique de la bande-dessinée japonaise, pourtant découlant d'une bonne volonté presque évidente. Les habitués du nanar du calibre d'un Soldier s'ennuieront ferme, les profanes eux pourront peut-être accéder à la crise de rires.