6/10Nobel Son

/ Critique - écrit par riffhifi, le 11/08/2010
Notre verdict : 6/10 - Le Nobel sonne toujours deux fois (Fiche technique)

Tags : nobel film prix france premiere dvd york

Doté d'un bon scénario et d'un solide casting emmené par un Alan Rickman impeccable, Nobel Son souffre malheureusement d'une post-production à la ramasse qui plombe le plaisir qu'on aurait pu en tirer. Rageant.

Sorti fugacement aux USA fin 2008, Nobel Son aura mis près de deux ans à atteindre la France, pour finalement n’y être distribué qu’en vidéo. Le casting est pourtant prestigieux : Alan Rickman, Eliza Dushku, Danny DeVito, Mary Steenburgen, Bill Pullman, Ted Danson et Ernie Hudson constituent une population généralement visible sur grand écran… mais on ne s’étonne plus de rien depuis que Panique à Hollywood s’est vu octroyer le traitement direct-to-video malgré les présences en tête d’affiche de Bruce Willis, Robert De Niro, Sean Penn, Robin Wright, Stanley Tucci et John Turturro !

Lorsque la nouvelle se répand que l’odieux Eli Michaelson (Alan Rickman) est lauréat du prix Nobel de chimie, l’inquiétude gagne sa femme Sarah (Mary Steenburgen) et son fils Barkley (Bryan Greenberg). Serait-il possible que son ego enfle encore ? La question reste en suspens, lorsque Barkley est kidnappé par l’énigmatique Thaddeus James (Shawn Hatosy), qui réclame deux millions de dollars à ses parents pour sa libération…

Difficile de rentrer dans les détails du scénario sans ouvrir trop de tiroirs, l’intrigue étant bâtie sur une série de rebondissements plutôt habiles. La scène d’ouverture, dérangeante et mystérieuse, est un flash-forward du milieu du film, mais donne la possibilité d’échafauder quelques hypothèses en cours de route. Intrigue astucieuse, casting en or (même si certains acteurs connus se contentent de seconds rôles, tel Danny DeVito en maniaque obsessionnel), Nobel Son aurait pu assumer calmement son statut de thriller mâtiné de drame familial (à moins que ce ne soit l’inverse). Malheureusement, une fois passé le cap du tournage, le réalisateur Randall Miller prend lui-même le montage en main… et semble convaincu que son film nécessite un rythme de film d’action, avec coupes incessantes et scènes montées en parallèle Nobel Son
DR.
sans raison valable, sans parler des arrêts sur image destinés à présenter les personnages, façon
Trainspotting ou Le bon et la brute et le truand. Le coup de grâce est porté par la musique, insupportable soupe électronique omniprésente et surmixée, qui prend le soin de pourrir l’ambiance de plusieurs scènes parfaitement écrites et interprétées. Un tel gâchis donne envie de voir le film qui aurait pu éclore si le cinéaste avait osé passer la post-production à d’autres mains que les siennes. En attendant, on apprécie l’histoire pour ce qu’elle est, avec son exploration des relations père-fils et son évocation du cannibalisme réel et symbolique, ainsi que les prestations d’acteurs inspirés, à commencer par les deux femmes du casting : Mary Steenburgen en mère de famille et psychiatre médico-légal, et Eliza Dushku en poète érotomane un peu timbrée.

Le DVD propose trois bonus : un diaporama inutile constitué d’images extraites du film, quelques scènes coupées (en vo non sous-titrée), et surtout un making-of plutôt intéressant où les acteurs s’expriment sur les raisons de leur attirance pour le projet - Alan Rickman confie par exemple qu’il était heureux de pouvoir tourner avec Mary Steenburgen.