7/10Night Watch

/ Critique - écrit par Vincent.L, le 29/09/2005
Notre verdict : 7/10 - Watch It (Fiche technique)

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Précédé du titre de "plus gros succès de tous les temps au Box-Office de Russie" (avant d'être détrôné en 2005 par Turetskii Gambit), Nochnoy Dozor (Nightwatch à l'international) débarque en France après une certaine attente. En effet, passé la vision de la Bande Annonce explosive, magnifiquement réalisée et parfaitement portée musicalement par le Unrecorded du groupe français M83, le film affichait un mélange prometteur d'héroïc fantasy, d'horreur, de fantastique, d'action et de mystère.

Dès la scène de bataille médiévale bourrée d'effets visuels (accellérations, ralentis, jets de sangs, plans larges surprenants...), le réalisateur Timur Bekmambetov, qui vient de la pub et du clip, montre une époustouflante maîtrise de l'image. Ce talent se retrouve tout le long du long métrage dans des scènes inventives qui laissent difficilement de marbre. On regarde ainsi avec des yeux ébahis l'arrêt et le retournement d'un camion en pleine vitesse, l'explosion d'une usine, les difficultés d'un avion en vol, la chute d'un boulon sur des kilomètres, la destruction d'un toit d'immeuble par un ascenseur, l'ouverture d'un vortex, une profusion récurrente de chauves-souris et un dessin animé explicatif en noir et blanc du plus bel effet. Techniquement irréprochable, Nightwatch en impose par sa parfaite intégration des images de synthèse, son ambiance sombre, son rythme frénétique lors des scènes d'action, l'utilisation subtile d'une musique métal pour certains combats et la créativité visuelle qui ressort de moments comme le métro et le pacte du début.
Malheureusement, le scénario très classique de combat entre le Bien et le Mal, l'Ombre et la Lumière, traîne trop longuement dans des scènes anecdotiques et des explications inutiles (notamment avec quelques flash-back). Le film durant presque deux heures, on ne peut s'empêcher de penser qu'il aurait beaucoup gagné réduit d'une trentaine de minutes, en continuant à l'impressionnante cadence de départ qui presque sans dialogues, laissait croire à un bijou visuel quasiment muet. Côté comique plus ou moins volontaire, Nightwatch fait sourire lorsque le héros Anton Gorodetsky (Konstantin Khabensky) se met à imiter un hibou, quand Zavulon (Viktor Verzhbitsky) joue à un jeu-vidéo prémonitoire et avec la plupart des personnages qui ont la manie de crier comme des malades. En outre, on ne peut s'empêcher d'être irrité par des pubs très présentes pour les marques Nokia (5 apparitions) et Néscafé (2 apparitions).

Visuellement imaginatif, la première adaptation au cinéma des trois romans du russe Sergei Lukyanenko livre une belle et saisissante réalisation qui ne parvient pas néanmoins à cacher de multiples temps morts crées par l'insuffisance de l'histoire et une obsession pour des éclaircissements vains. Day Watch, le deuxième film qui sortira en 2006, nous montrera si oui ou non le réalisateur et scénariste Timur Bekmambetov sera capable d'épaissir son extraordinaire cocktail graphique.