Munich
Cinéma / Critique - écrit par weirdkorn, le 23/01/2006 (Tags : munich ville allemagne baviere bayern hotel furth
Le 5 septembre 1972 à Munich, un groupe de terroristes palestiniens dénommé Septembre noir prend en otage neuf athlètes israéliens durant les jeux olympiques, sans compter les deux autres tués préalablement. Cette opération se finit dans le sang, les forces de l'ordre abattant les agresseurs qui ont eux même massacré les sportifs. Plus qu'un fait divers, cette prise d'otage a fait découvrir au monde le nouveau visage du terrorisme. Steven Spielberg tenait à revenir dans un de ses films sur ces événements qui ont marqué toute une génération. Le résultat se nomme sobrement Munich et raconte en réalité l'après attentat, la réponse d'Israël et plus particulièrement la vie d'un ex-agent du Mossad dont la nouvelle mission est de tuer chaque membre de Septembre noir avec l'aide de son équipe.
Il est clair que le ton de l'histoire est radicalement différent de ce à quoi Spielberg nous avait habitués, loin des divertissements ou autres histoires de science-fiction. Cette fois-ci, il a transporté sa caméra dans le monde réel pour filmer un drame humain et les dessous du conflit israélo-palestinien. On obtient dès lors un résultat qu'on ne lui connaît pas : plus sombre, plus long et plus réfléchi. Munich est sans aucun doute l'un de ses films les plus adultes avec une violence non masquée et des scènes qui en choqueront plus d'un. Il est d'ailleurs étonnant qu'il ne soit pas interdit aux moins de 12 ans.
Le réalisateur a peut-être changé de ton, il n'en reste pas moins toujours aussi doué. La réalisation et la narration sont particulièrement soignées avec une reconstitution historique extrêmement réussie. Le Paris des années 70 vaudrait presque le déplacement à lui seul. Toutefois, à force de s'écarter du chemin habituel du divertissement, le film ne satisfait pas pleinement, la faute à de nombreuses longueurs et à un scénario qui se perd dans des dédales tortueux. L'histoire de Munich a tendance à se répéter, voire à s'enliser lors de sa dernière partie. Alors que le départ est assez classique avec les missions d'élimination des terroristes présumés, la seconde partie prend des chemins divergents pour arriver finalement aux hallucinations paranoïaques et légitimes du chef de bande (Eric Bana, impeccable). Un peu plus de condensé et moins de divagations auraient sûrement permis à Munich d'être autrement plus captivant. En dehors de ça, le traitement du conflit israélo-palestinien et du terrorisme est effectué avec retenue et équité, le film délivrant surtout un message de paix.
Dans Munich, Spielberg a fait un drame, un vrai, avec son lot de violence et de larmes. Décidément l'Allemagne ne lui inspire pas beaucoup de joie de vivre après La liste de Schindler. Toutefois, le film ne peut tenir la comparaison avec son prédécesseur, la faute à une histoire qui s'étire en longueur et qui aurait bien eu besoin d'être recadrée.