6.5/10Le Monde de Narnia - Chapitre 2 : Le prince Caspian

/ Critique - écrit par knackimax, le 08/07/2008
Notre verdict : 6.5/10 - Narnianiania (Fiche technique)

Le monde de Narnia est une adaptation d'heroic fantasy pour enfants comme nous en voyons fleurir depuis quelques printemps dans nos salles poussiéreuses et sombres. Là où toutefois ses consœurs en sont déjà aux numéros 3 ou 4, l'œuvre de CS Lewis n'en est qu'à l'adaptation de son deuxième chapitre. Notez bien d'ailleurs que ce chapitre n'est pas pour autant à mettre en parallèle avec le deuxième livre, qui pour sa part correspond au scénario du premier long-métrage. Le monde de Narnia chapitre I : Le Lion, la sorcière Blanche, et l'armoire magique ne seraient donc pas placés là par hasard mais dans un but bien précis, encore un peu incertain. Deux ans ont passé depuis la dernière sortie cinéma. On peut se demander pourquoi, comment et qui en est responsable. Toujours est-il que l'impatience ne nous a pas rongés malgré la longueur concrète de cette période. En effet, le premier volet des aventures des quatre orphelins anglais et de leur placard magique qui faisait le lien entre le monde des hommes et celui de l'imaginaire enfantin de Narnia ne nous avait pas laissé un souvenir impérissable. Alors la suite ? Qu'en est-il ?

Une histoire d'enfants ?

Les événements surviennent une année après la rencontre avec le lion Aslan et la défaite de la sorcière blanche qui s'était ensuivie du couronnement de nos quatre héros. Cette année écoulée à Londres nous laisse entrevoir les préparatifs de guerre de la capitale anglaise ainsi que nos quatre aventuriers en uniforme scolaire et menant une vie quasi normale de jeunes gens. Pendant ce temps dans le royaume de Narnia, le règne des hommes est presque total sur l'ensemble du territoire. Les intrigues politiques se substituent au bon sens dans ce monopole de pouvoir détenu par une poignée d'hommes aigris et aiguisés qui attendent l'avènement du prochain prince Caspian X. Celui-ci se voit alors promis à une mort certaine orchestrée par son Oncle qui désire lui extirper sa couronne. Le jeune prince se met alors en fuite, et par mégarde se retrouve à faire appel aux rois et reines d'antan. Ces derniers se retrouvent alors propulsés à travers les barrières de l'imagination dans un Narnia dévasté par 1300 ans d'occupation. Les arbres ne dansent plus, leur palais est détruit et le grand Aslan disparu depuis leur départ forcé de ce monde sont autant de mauvais présages qui justifient la fin des vacances pour Edmund, Peter, Lucy et Susan Pevensie.

... pour les enfants ?

Les décors sont fantastiques et donnent une dimension ludique au récit. Celle-ci est bien évidemment teintée de noir par les hommes qui la parsèment et définissent le chaos organisé qui règne en ces lieux. Il est donc à peu près certain que les éléments du récit parleront déjà un peu plus aux adultes qu'ils n'ont pu le faire par le passé. Dans cette veine toujours, les Talmarins sont clairement issus d'un passé sanglant et correspondent plus ou moins à une bande de conquistadors perdus au milieu du nouveau monde. On aperçoit cet hommage à la violence retranscrit dans toutes les actions du peuple en question. Les enfants y retrouveront les étapes initiatiques qui font des contes le régal de leur inconscient. Ils seront donc happés par l'histoire de ces jeunes rois et de leur bataille contre les adultes. Au même titre que le combat contre la sorcière dans le premier opus représentait l'indécente prise de position contre le mal, la notion d'autorité est ici plus teintée, plus mature. Les ficelles scénaristiques restent grosses, mais elles sont accompagnées de tout ce qu'il faut pour que le rêve soit mis en image au plus proche de la conscience enfantine. Parfois même, il y a ici et là de la profondeur. Les plus petits seront amusés par les souris mignonnes qui parlent, les jeunes centaures et autres féeries de l'excellent bestiaire du monde de CS Lewis. Ils se retrouveront également dans la plus jeune des héroïnes.

... par les enfants ?

C'est d'autant plus une réussite que le jeu des acteurs entre deux âges est assez intéressant pour être remarqué. Il n'a plus rien d'inégal et coïncide parfaitement avec l'état d'esprit des personnages plus matures que leur âge qu'ils sont censés incarner. Le duo de jeunes adultes en compétition pour le commandement du pays est utilisé avec décalage et sagesse. Ils sont secondés par les plus jeunes acteurs dont le travail de soutien et de rappel des valeurs plus pures est efficace et peu répétitif. Le tout est soutenu par de très bons acteurs adultes. On retrouvera notamment l'excellent Pierfrancesco Favino dans le rôle du général Glozelle. Ce dernier avait été remarqué dans le très bon Romanzo Criminale. Le casting prévoit également son lot de nains avec comme toujours le fameux Warwick Davis fidèle à son poste dans toute production digne de ce nom. Son jeu reste aussi agréable qu'aux heures de sa découverte dans Willow. La voix de Liam Neeson se prête une fois de plus au doublage du lion Aslan, mais cela était-il bien utile vu la place que ce dernier prend dans cette partie du conte ? Les jeunes sont à l'honneur dans cette épopée teintée de comédie. Les effets spéciaux sont mieux réalisés et intégrés à l'histoire, à part quelques ratages flagrants. Ils ont toutefois été réalisés par des professionnels du bon âge. La photographie est excellente et confirme la mystique et le merveilleux de l'histoire.

L'un dans l'autre, Le prince Caspian est une réussite qui a su allier les différents éléments d'un genre pas si simple à faire vivre étant donné le public varié qui se rend dans les salles pour le mirer. Le mièvre n'est pas le seul élément de réponse dans ce conte coloré et progressiste dont la maturité s'améliore d'opus en opus. C'est donc un excellent moment que vous passerez en famille bien que quelques longueurs pointent le bout de leur nez lorsque vous ne rentrez pas dedans. Les amateurs d'action ou d'aventure pure seront probablement déçus, bien que les scènes de bataille soient à mon sens excellentes bien que peu sanglantes… public oblige.