Moi, Peter Sellers
Cinéma / Critique - écrit par Vincent.L, le 23/11/2004 (Tags : peter sellers film stephen cinema geoffrey hopkins
Bad Sellers
Peter Sellers (Geoffrey Rush), sa vie, son oeuvre? C'est ce qu'on s'attendait à trouver dans ce Moi, Peter Sellers (The Life and Death of Peter Sellers en VO), qui retrace la vie de l'acteur britannique.
Après les 2h08 du film, force est de constater que le réalisateur Stephen Hopkins (Freddy 5, Predator 2, Lost in Space, 24...), les scénaristes Roger Lewis, Christopher Markus et Stephen McFeely ont particulièrement centré leur propos sur la vie de Peter Sellers.
Dans le film, Sellers est dépeint comme un homme instable, terriblement influençable, très porté sur le sexe, excessif et sans personnalité. Sur ce dernier point uniquement le film est pertinent car il nous montre que si l'acteur excellait dans ses interprétations, c'est parce qu'il y trouvait des personnalités au travers lesquelles il pouvait exister. Pour ce qui est du reste des traits de caractère, le film ne présente ni surprise, ni intérêt. En effet, nous savons tous que les plus grands artistes sont souvent difficiles à vivre, qu'ils ne sont jamais satisfaits de leur travail, qu'ils profitent de leur célébrité et qu'ils se cherchent perpétuellement.
Le film s'arrête donc en majorité sur des évènements qui évoquent le caractère difficile de Peter Sellers à travers une profusion de scènes quasi anecdotiques qui évoquent son absence de personnalité (Sellers est guidé par sa mère et un voyant), son côté enfantin, ses relations avec les femmes...
Malheureusement, le film donne une part bien trop conséquente aux défauts de l'acteur, oubliant que ce n'est pas pour sa vie qu'il est connu.
De l'oeuvre de Sellers, on ne verra que ses débuts à la BBC, ses premiers rôles dans Ladykillers ou Après moi le déluge et ses interprêtations les plus connues dans Les Dessous de la millionnaire (avec Sophia Loren), Docteur Folamour (de Kubrick), Casino Royale, la série des 6 films La Panthère Rose ou encore Bienvenue Mister Chance. Certains des films majeurs dans lesquels il a joué sont tout bonnement occultés comme par exemple La Party (qui est simplement évoqué avec la scène du papier toilette et le "Birdie nub nub") et Un cadavre au dessert. L'amateur de Peter Seller s'offusquera devant ses oublis mais aussi devant le portrait fait du réalisateur Blake Edwards. Ce dernier, joué par John Lithgow (inoubliable dans L'esprit de Cain), apparaît dans le film comme un réalisateur sans talent à qui on ne devrait que la série des Panthère Rose.
De plus, à aucun moment Stephen Hopkins n'explique pourquoi Peter Sellers est connu et reconnu, c'est-à-dire pourquoi il est si drôle, original et unique. Pour être simple, on ne rit pas durant le film, excepté pour ce qui est de la scène de l'avion où Sellers fait Clouseau.
Côté esthétique et réalisation, Hopkins se plante à plusieurs reprises à travers la ridicule scène du "retour de la mort" de Sellers après ses crises cardiaques, des interludes mal placées et tous les moments où Peter Sellers se met dans la peau des personnages importants de sa vie (son père, sa mère Peg, sa première femme...). Ce dernier point est d'ailleurs un véritable mystère de choix de réalisation tellement le résultat nous éloigne d'un minimum de réalité et de cohérence fictionnelle.
Enfin, on retiendra le jeu très touchant d'Emily Watson (Breaking the Waves, Punch-Drunk Love, Equilibrium...), la prestation sexy de Charlize Theron (Braquage à L'Italienne, Sweet November, Monster...) et la performance de Geoffrey Rush qui parvient souvent très bien à imiter Peter Sellers.
En conclusion, Moi, Peter Sellers ne montre ni le talent de l'un des plus grands acteurs comique du XXe siècle, ni pourquoi certains films dans lesquels il a joué sont des pièces majeures du cinéma. En axant fortement son propos sur les défauts de l'acteur, le film n'incite pas ceux qui ne le connaissent pas ou peu à découvrir le génie de Peter Sellers.