Mirrors
Cinéma / Critique - écrit par nazonfly, le 18/09/2008 (Tags : mirrors parl film smoke miroirs aja that
Mirrors est un film plutôt efficace mais qui ne renouvelle malheureusement pas le genre horrifique. A voir pour se faire peur.
Le miroir, étrange objet dont le seul et unique but est de refléter l'image de celui qui regarde dedans, est un sujet d'étonnement et de réflexion, sans mauvais jeu de mot, pour bien des artistes. Persée parvient à vaincre Méduse en se servant de son bouclier comme un miroir. Le reflet devient prise de conscience chez les frères Grimm, car c'est le miroir qui révèle à la reine maléfique la beauté de Blanche Neige. Chez Lewis Carroll, le miroir est une porte entre deux mondes qu'emprunte Alice pour revenir au Pays des Merveilles. Et personne n'a oublié, sans doute, cet abominable miroir dans Ring, reflétant d'horribles images. Petit dernier de la liste, Mirrors d'Alexandre Aja, réalisateur français exilé à Hollywood et remakeur de La colline a des yeux en 2006, propose une nouvelle fois d'éclairer les miroirs sur grand écran, dans un film horrifique plutôt bien foutu mais pas franchement original.
Le reflet de Ring, Dark Water
Après le visionnage de Mirrors, ce manque d'originalité, associé aux grosses ficelles hollywoodiennes, gâche un peu le plaisir du spectateur. Depuis quelques années déjà, les maîtres de l'épouvante sont clairement asiatiques. Du Japonais Hideo Nakata, réalisateur de Ring et Dark Water, deux films qui mettent le trouillomètre à zéro au Coréen Kim Jee-Won dont l'horreur dramatique 2 soeurs contenait des scènes marquantes quand on se cache au fond de son lit le soir, on retiendra des chemins de la peur bien définis. L'eau ruisselle et suinte de façon
abominable, les jeunes asiatiques se cachent derrière leurs cheveux en vous observant à la dérobée, et cette tension palpable qui fait le succès de ces films, et qui, au passage, les rend absolument prioritaires dans le remake à l'américaine qui peine à se hisser au niveau de l'original. Mirrors est lui aussi une adaptation d'un film, coréen cette fois-ci. Into the mirror n'a pas l'aura de ces prédécesseurs, et Aja a volontairement modifié la trame originale, ne gardant que l'idée générale du miroir. Pourtant il est difficile de ne pas voir l'influence du cinéma asiatique sur ce film. On y retrouve tous les repères habituels, de la jeune fille terrifiante à l'eau fatale et clapotante. Du coup, tout ceci fonctionne terriblement bien. Et Mirrors fait sursauter plus d'un spectateur. Quand il ne lui donne pas des frissons inextinguibles et le choque de façon si marquante que les miroirs deviennent petit à petit très effrayants. Surtout la nuit.
Hôtel holywoodia
Cette influence japonaise marquée ne peut malheureusement pas cacher des mauvaises habitudes du cinéma. Ben Carson (Kiefer Sutherland) est le prototype du nouveau héros, un mec paumé, ancien flic forcément, alcoolique évidemment et en cours de rupture avec sa femme, comme de bien entendu. Le personnage semble parfois tellement caricatural qu'on ne peut s'empêcher de voir Bruce Willis en filigrane de Sutherland. Sa femme Amy est forcément très belle, une médecin du genre à se balader en décolleté pendant la moitié du film et dont le petit haut blanc n'attend qu'une chose : devenir trempé, ce qui arrive inexorablement. Le choix même de l'actrice est un aveu : Paula Patton n'est rien d'autre qu'une sorte de clone d'Halle Berry, utile quand on n'a pas les fonds pour se payer l'originale. Quant au fin mot de l'histoire, que nous ne vous dévoilerons pas ici, il fait partie de ces explications presque rationnelles à des événements surnaturels qu'on a pu rencontrer des dizaines de fois au cinéma. Les dernières minutes sont à ce sujet l'occasion de multiplier les revirements de situation. Enfin, le grand magasin dans lequel se déroulent les événements et qui est, comme souvent, l'élément central du film, est effrayant de noirceur, imposant de majesté et habité d'une malignité palpable.
Dans un genre codifié, balisé, Mirrors ne sort pas des clous mais reste terriblement efficace. Vous ne verrez jamais plus votre miroir comme avant.