8/10Mesrine - 2ème partie : L'ennemi public n°1

/ Critique - écrit par riffhifi, le 22/11/2008
Notre verdict : 8/10 - L'amie Haine (Fiche technique)

Une deuxième partie bien plus enlevée que L'instinct de mort sorti le mois dernier : Jean-François Richet et Vincent Cassel flattent la légende dans le sens du poil, et font de Mesrine un Robin des Bois bondissant et sympathique.

Après un premier volet qui se terminait sur la période canadienne de la "carrière" de Mesrine, Jean-François Richet embraye sur une seconde partie située quelques temps plus tard, couvrant les années 1973 à 1979. Pas de suspense, tout le monde connaît la fin (rappelée aussi bien au début du premier film que sur l'affiche de celui-ci) : Jacques Mesrine trouvera une mort violente porte de Clignancourt, au volant d'une voiture transformée en cauchemar de garagiste. Mais son image reste auréolée d'une aura d'héroïsme et de respectabilité, que Richet n'est pas prêt d'ébranler avec ce diptyque à sa gloire.

Entre deux évasions spectaculaires, Mesrine commet les crimes les plus audacieux, détrousse les banques et déclare à qui veut l'entendre qu'il respecte un code
"Tu vois mec, ce que j'aimerais c'est
une barbe et une coiffure disco."
d'honneur inflexible. Médiatisé à outrance, il devient l' « ennemi public n°1 » et entend bien conserver ce titre...

Là où L'instinct de mort (directement inspiré du livre que Mesrine écrivit lui-même en prison) possédait un parfum de biographie appuyé mais imparfait, cette deuxième partie joue à fond la carte du polar dans tout ce que le genre contient d'emblématique. Les sous-genres sont traités en autant de chapitres : film de braquage, film de procès, film d'évasion... Plusieurs scènes auraient pu occuper un scénario entier, et le foisonnement des évènements décrits donnent plus l'impression d'assister à une fiction échevelée qu'à un compte rendu fidèle d'une quelconque réalité. Brigand de grand chemin équipé de flingues rutilants, se pavanant dans les plus beaux costumes, conduisant les plus belles bagnoles, ne s'attaquant qu'aux riches et n'oubliant jamais d'avoir le mot pour rire, le personnage interprété par Vincent Cassel fait penser au Belmondo des années 70. On peut s'amuser à disserter sur la dangerosité de cette glorification du personnage, présenté comme ayant la classe internationale, mais il n'y avait finalement rien de différent dans la légende bâtie autour de figures de l'ouest comme Jesse James. De la même manière, on retrouve ici un héros solitaire (pas une amitié, pas un amour ne dure plus de quelques mois) face à un shérif (le commissaire Brossard campé par un Olivier Gourmet étonnant) dont le duel avec Mesrine possède une certaine noblesse. Malgré les récriminations de Cassel et Richet, malgré l'avertissement en début de film et le monologue un peu consensuel au cours duquel Mesrine affirme qu'une vie de criminel n'est pas à imiter, on aurait du mal à contester la volonté évidente de fournir ici une alternative française au Scarface de Brian De Palma, adulé depuis 25 ans pour sa bad attitude et sa quête
"Bon OK, j'avais tort."
rageuse de liberté à tout prix.

A l'arrivée, le film est essentiellement un divertissement, réalisé sans fioriture et avec un sens de la tension palpable dans chaque scène. On note un fléchissement de l'intensité dans la dernière partie, où apparaît un Gérard Lanvin (affublé d'un accent du Sud qui donne l'impression constante qu'il s'apprête à raconter une histoire marseillaise) dont l'absence n'aurait pas nui à la narration de façon significative. Mais l'ensemble est solide et porté par un casting solide : Cassel (seul acteur commun aux deux films en-dehors de Michel Duchaussoy, qui joue fugitivement son père) est impeccable en bandit bedonnant et gentiment mégalo, Samuel Le Bihan et Mathieu Amalric sont d'efficaces seconds couteaux et Ludivine Sagnier joue les potiches de qualité supérieure. Il n'y a rien de bien malin à creuser dans la psychologie du personnage (bien que son côté « yeux plus gros que le ventre » soit montré avec une certaine finesse) et les évènements sont montrés avec un parti-pris évident (la fin, notamment, est à prendre avec de gigantesques pincettes), mais le spectacle est assuré avec panache et surclasse largement L'instinct de mort... Dont la vision s'avère d'ailleurs rétrospectivement assez inutile.