6.5/10Les meilleurs amis du monde

/ Critique - écrit par Guillaume, le 23/05/2010
Notre verdict : 6.5/10 - L'ami mollet (Fiche technique)

Un téléphone qui rappelle de sa propre initiative au moment où l'on sabre méchamment ses amis ? Un film d'horreur ? Non, une comédie dramatique avec un moustachu à la Magnum.

Dalaï, le lama ?
Dalaï, le lama ?
On bave tous sur ses amis. Pas parce qu'on ne les aime pas, mais plutôt parce que même en les aimant de tout notre coeur, on sait qu'ils ont des défauts. Ne pouvant pas toujours leur balancer au visage la liste de leurs petites erreurs et manies, on préfère les garder pour soi et s'en gargariser, sans eux. Soupape de sécurité indispensable qui permet de conserver intacte les amitiés.
Mais un beau jour, on fait tourner la langue de pute avec le téléphone allumé, sans s'en rendre compte. Et là, ça fait mal. Surtout quand les amis méchamment dépeints arrivent pour le week-end.

Un pitch efficace, crédible parce qu'étant forcément arrivé à nous autres pauvres pécheurs, sous cette forme exacte ou sous une forme similaire. D'habitude on se contente de crever l'abcès et tout est réglé en quelques minutes. Mais cette fois ci, les invectives ont tellement blessées Mathilde (Léa Drucker) et Jean-Claude (Pierre François Martin-Laval) que le couple décide de prendre sa revanche.

Le rouge qui tache
Le rouge qui tache
Max (Marc Lavoine) et Lucie (Pascale Arbillot), vont donc prendre cher. Fini la bonne chère pour le premier, et la chair facile pour la seconde. Max a beau avoir fait fortune en faisant dans la toilette de luxe, façon il est beau le bidet plutôt que Dior, il aura du chemin à parcourir pour se faire pardonner. Grande gueule et énervant, il se révélera d'autant plus humain que des cornes lui poussent dans le dos... Lavoine joue, comme à son habitude, avec une décontraction assez plaisante. Même dans le rôle du gros con arriviste il sait attendrir, ce dont on ne peut pas dire de PEF dont les déclamations sonnent toujours un poil artificielles quand elles s'étirent en longueur. Paradoxalement, l'ancien Robin des bois parvient à rendre poignant l'un des moments clé du film, à savoir, un discours sur la thématique du loser, à table, entourés de convives.
Mathilde, femme forte qui porte la culotte n'est finalement peut-être pas aussi sûre d'elle qu'elle le croit, ou plutôt qu'elle le prétend. Alors qu'à l'opposé, Lucie, femme soumise à son mari en apparence, s'échappe de son monde grâce à des rencontres rapides et sans lendemain.

Deux filles à poêle
Deux filles à poêle
Tout ce beau monde va se mettre sur le coin de la  gueule, tantôt façon comédie, tantôt à la mode du drame. L'équilibre est rarement atteint, tant et si bien qu'on reste un peu dubitatif sur l'intérêt de la chose. Le propos se trouve généralement brouillé par ce mélange des genres, tout en permettant d'éviter l'ennui. Difficile de savoir quelle aurait été la bonne recette, mais en tout cas, celle-ci, si elle est loin d'être indigeste, n'est pas prête à se voir récompensée d'une étoile.
On s'amuse modérément durant les phases les plus drôles, on est davantage immergé par les parts difficiles du drame pourtant très léger. On tire notre chapeau à cette scène presque surréaliste où les chasseurs entonnent Avoir un bon copain, nous laissant sur le cul tellement on était à dix mille lieues d'imaginer cela possible.

Les meilleurs amis du monde est finalement un film de l'entre-deux. Entre deux mondes : celui des losers et des arrivistes, entre deux tons : la comédie et le drame, entre deux qualités : le fil de soie et la toile de jute... Pas de quoi s'extasier ni bouder son plaisir pour finir. On pourra toujours se focaliser sur les quelques attraits de l'oeuvre.