Quel est le meilleur film de Miyazaki ?

/ Dossier - écrit par Hugo Ruher, le 30/01/2014

Tags : miyazaki films film studio hayao ghibli animation

Et voilà, le Walt Disney Japonais a tiré sa révérence et nous offre son ultime long-métrage avec Le vent se lève. Même sans l'avoir vu, je pense pouvoir dire sans trop prendre de risque que c'est un chef-d’œuvre. Mais c'est avant tout la cerise sur le formidable gâteau qu'est la filmographie d'Hayao Miyazaki. Une collection difficile à départager.

Le meilleur film de Miyazaki ? C'est une question difficile qui nécessite de faire un tri parmi une filmographie qui nous a donné à tous des émotions incroyables, qui nous a fait rêver et qui nous a époustouflés avec une créativité toujours renouvelée. Miyazaki a ce génie de ne jamais tomber dans l'auto-référence ; quels que soient les concepts et les créatures qui ont peuplé son œuvre, il arrive toujours à les dépasser et à nous proposer une nouvelle expérience. Cependant, essayons de voir ce qui fait qu'on aime les films de Miyazaki.

Le plus créatif ? Le voyage de Chihiro

Le voyage de Chihiro est le film le plus vu de tous les temps au Japon. Un succès qui a bien sûr traversé le monde et ce n'est pas sans raison. Dans cet « Alice au pays des Merveilles » cauchemardesque, on sent que Miyazaki prend son pied en créant toutes sortes de monstres dont les designs rivalisent de créativité. L'animation, extrêmement fluide, fait partie d'une des plus belles jamais réalisée et donne vie à ce monde si étrange et à la fois si beau. Entre le moustachu aux mains innombrables, le dragon élégant, l'esprit boulimique ou la sorcière à la tête surdimensionnée, chaque protagoniste est une pure merveille à observer. En somme, un film qui atteint les sommets de la perfection.


Un bestiaire et un univers dignes de Lewis Caroll.

 

Le plus émouvant ? Le château dans le ciel

Un des premiers Miyazaki et pourtant déjà un coup de maître. Le scénario est au final assez classique quand on le compare au reste de la filmographie du réalisateur. Une quête pour une contrée légendaire visée par des ambitieux démoniaques, le tout avec une multitude de machines volantes, obsession de Miyazaki. Mais ce qui fait l'énergie de ce film c'est la tendresse qu'a le réalisateur pour ses personnages principaux. L'histoire d'amour entre le jeune Pazu et la mystérieuse Sheeta est juste un chef d’œuvre d'écriture. Les deux protagonistes dégagent une relation très fusionnelle et en même temps extrêmement ambiguë malgré leur jeune âge. C'est leur histoire, et l'amour qu'ils ont l'un pour l'autre, qui changent le destin de cette île dans le ciel. Certainement le plus tendre des films réalisés par Miyazaki malgré la violence qui se dégage parfois. Si on rajoute à ça la bande son de Joe Hisaishi qui est pour moi une des meilleures qu'il ait écrite, on aboutit à un film sublime.


À voir aussi pour les robots Steampunk.

 

Le plus intense ? Princesse Mononoké

C'est le film qui a fait découvrir Miyazaki au monde et qui a fait dire à bon nombre de personnes qu'en fait, le dessin animé japonais, c'est pas forcément pour les gosses. Princesse Mononoké est une histoire très complexe qui implique pour faire vite la guerre entre les humains, les démons et les gardiens de la forêt. Dis comme ça, je vous l'accorde, on dirait un épisode de Pokémon, mais il n'en demeure pas moins que nous sommes face à une pierre fondatrice de l’œuvre du maître. Miyazaki développe ce qui restera comme son thème principal : le combat entre la nature et la technologie. Ce qui se ressent le plus dans ce film, ce sont les enjeux énormes auxquels sont confrontés les personnages. L'équilibre de la nature est en danger et entre les phacochères corrompus, les orangs-outans haineux et les humains ambitieux, il est difficile d'y voir clair. Bien sûr, dans Ponyo sur la falaise, le monde était menacé par rien de moins que la chute de la lune (!) mais dans Princesse Mononoké l'importance de la lutte et de la défense de la forêt se fait ressentir d'une toute autre manière. Le film est haletant, ne laisse aucun répit à ses protagonistes et reste intense du début à la fin.


Princesse Mononké est aussi une belle occasion de découvrir la mythologie japonaise.

 

Le plus beau ? Mon voisin Totoro

Enfin, pour respirer un peu et redécouvrir son âme d'enfant, quoi de mieux que de (re)voir Mon voisin Totoro. Le récit est d'une simplicité ahurissante et parvient à nous émerveiller tout en brassant des thématiques plus complexes et sombres qu'elle n'ont en l'air. Mine de rien, c'est rare de voir un film où l'histoire ne consiste pas en une structure en trois axes, une situation initiale, une arrivée de problèmes, et un final avec la plupart du temps un méchant à battre. Mon voisin Totoro évite tout ça en nous présentant un monde bienveillant, mais réaliste. Angélique, mais sombre. Les deux héroïnes font face à l'absence de leur mère malade grâce à cette créature de la forêt douce mais un poil effrayante. Une ode à la bonté et à la confiance en autrui, tout simplement. Rien n'est parfait, mais il faut faire avec et toujours essayer de voir le bon.


S'assoupir dans les arbres avec un chat de 800 kg, c'est peut-être la définition du bonheur.

 

Alors, après ce petit tour d'horizon, comment se décider sur le meilleur film de Miyazaki ? Difficile surtout sans avoir évoqué le côté enchanteur de Kiki la petite sorcière, le récit épique de Nausicaä de la vallée du vent ou encore l'univers magnifique du Château ambulant. Le vent se lève sera peut-être le dernier du maître (on espère quand même un peu qu'il change d'avis) mais ce qui est sûr c'est que la retraite est méritée.