Les Méduses
Cinéma / Critique - écrit par Lilly, le 17/09/2007 (
Les Méduses est un de ces films qui ne paient pas de mine, que l'on découvre dans une petite salle de cinéma à l'écran déchiré, entouré d'une petite dizaine d'autres curieux égarés... et dont on s'étonne le lendemain de se manifester aussi vivement dans nos esprits en quête de réponses aux questions qu'il a discrètement insinuées en nous.
Tel Aviv. Regards croisés sur 3 histoires qui s'entrecroisent et ne s'entremêlent pas, sur fond de thématiques communes : les relations parents enfants, les solitudes, le sentiment de perdition. 3 contes entre réalisme et onirisme menés par des personnages aussi apathiques qu'attachants.
Une serveuse un poil éberluée trouve une petite fille en maillot de bain cerclée de sa bouée sur la plage. Une petite rousse aux grands yeux tristes et espiègles venue d'on ne sait où et entêtée à rester silencieuse dont la présence génère un grand mystère quant à son identité. Un couple de jeunes mariés se retrouvent à fêter leur lune de miel dans un hôtel miteux de Tel Aviv où séjourne une dame séduisante et suicidaire. Une vieille dame aigrie qui souffre de mauvaises relations avec sa fille fait la rencontre d'une Philippine chargée de veiller sur elle, étrangère aux autres et éloignée de son fils de 5 ans. Des femmes paumées qui laissent couler leur destinées entre leurs tentacules impuissantes, le temps de se souvenir de qui elles sont vraiment au contact de l'autre...
Les images douces et poétiques rendent féériques ces situations incongrues. L'esthétique générale est belle, les scènes absurdes et drôles rivalisent avec les séquences émotionnelles. Difficile de rester insensible et de ne pas écouter les échos de nos propres histoires que la mer charrie avec ces méduses.
La construction souffre cependant d'une absence de lien direct. Si deux des histoires sont fortement empreintes de réflexion sur les liens de filiation, celle des jeunes mariés semble dissoner et se découdre du patchwork. On met aisément du sens sur cette jeune serveuse à la recherche de son enfance ballottée entre deux parents instables, et parallèlement sur ces deux mères coupées de leurs enfants par une distance géographique ou sentimentale, mais pourquoi intervient alors ce jeune couple et sa rencontre avec une femme dépressive ?
Les Méduses est donc un film à voir, parce qu'il est un acte artistique, parce que ses acteurs ne sont pas stéréotypés et introduisent une humanité rare, parce qu'il déconstruit la réalité et introduit naturellement une dimension onirique tout en questionnant la fragilité des relations humaines, et parce qu'il nous entraîne au rythme de ses vies claudiquantes. Si l'on aime à se perdre dans son schéma original, on regrette toutefois que les nœuds liant l'ensemble soient un peu lâches et laissent s'infiltrer un sentiment de perplexité.