The Marine
Cinéma / Critique - écrit par Nicolas, le 29/10/2008 (Imaginez une explosion, une grosse, avec de la fumée, des débris, et tout et tout. C'est fait ? Hé bien voilà, vous avez une bonne idée de ce que sera The Marine !
John Triton est un marine, un vrai, et même l'un des meilleurs des meilleurs. Comme tout bon Marine d'exception qui se respecte, il commet LA bourde à ne pas faire : il sauve quelques uns de ses collègues voués à une mort cruelle, certaine, et imminente, tout en dézinguant une bonne vingtaine de membres d'Al-Qaida au beau milieu de l'Irak. Les héros existent tant qu'ils respectent les ordres, et ceux-ci étaient clairs : il fallait attendre !
Attention ! Un Marine s'est habilement dissimulé
dans cette photo.Attendre que les hélicoptères bombardent le camp et mettent tout à feu et à sang, quatre minutes plus tard ! Triton est donc renvoyé, ça lui apprendre à ne pas attendre ces petits camarades et à sauver des gens.
Du coup, il devient vigile. Et comme tout bon nouveau vigile ancien Marine qui se respecte, il commet LA bourde : il démonte trois abrutis psychotiques en froid avec le respect et la discrétion. John Triton ne parviendra-t-il jamais à se réintégrer à la société, lui et ses muscles aussi gros qu'un pneu de voiture ? Sa femme, blondasse bombasse, a la solution : des vacances. « On prend la voiture et on oublie ». L'idée stupide par excellence, puisqu'ils vont tomber sur un gang de braqueurs bien miteux qui assomment le Marine à coup d'extincteurs et d'explosion de station service, tout en kidnappant sa nana. Et des vacances sans sa femme blondasse bombasse, non merci.
John Triton a les fesses bordées de nouilles. C'est peut-être même pour ça qu'il est devenu Marine. Car un Marine doit afficher deux compétences particulières face au danger immédiat :
Apprenons ensemble la signification
des expressions imagées.
Aujourd'hui : "Feu aux fesses"la première, c'est que même dans une demi-voiture en flammes arrosée alors qu'elle plane à quatre mètres du sol par trois salopards armés d'automatiques, il doit être capable de s'en sortir sans une égratignure, et même si le véhicule finit par exploser en vol ; ce qui nous amène à la deuxième, qui nous dit que le Marine de base doit pouvoir anticiper les explosions imminentes et sauver ses miches une seconde avant la détonation en sautant par la fenêtre (ou par tout autre moyen de sortir), même si l'explosion en question rase tout sur deux cents mètres. John Triton maîtrise son sujet, c'est certain.
En plus, il a du muscle. Il en a partout, obligé de porter des gros jeans baggy et des t-shirts XXXL qui le moulent serré, pourtant. Mais les muscles, ça sert, surtout quand des gens veulent vous faire la peau. Triton a pas son pareil pour tomber sur ce type de gars. Déjà que sa femme est enlevée par des gangsters de seconde zone, mais en plus, il tombe sur deux colosses, en pleine forêt, qui n'ont pas l'air de faire quelque chose de leur journée à part chercher des gens pour leur cogner dessus. Seulement, John Triton, il encaisse comme personne. On peut le frapper à coup de masse, l'étrangler avec des chaînes, lui faire des prises de catch, lui exploser une station service en pleine figure, il se relève toujours et finit par gagner.
John Triton est joué par John Cena, et John Cena est un catcheur, un vrai de vrai. Il a même été détenteur de plusieurs titres prestigieux avec plein de W dedans. Ceci nous explique les muscles incroyablement proéminents du bonhomme, mais également son jeu anémique nous renvoyant tout droit aux cadors du genre, à savoir Chuck Norris (mon chouchou) et Dolph Lundgren.
La blonde, la brune, et le truandNéanmoins, John Cena est l'homme de la situation, déjà parce qu'il porte le prénom John, mais aussi parce qu'il possède cette bonne vieille bouille de militaire meurtrier mais tout à fait sympathique qu'il faut pour incarner un personnage qui n'existe que par son statut de Marine. The Marine ne sera, à aucune moment, un film prise de tête.
La preuve est faite avec les ravisseurs : ceux-ci ont beau être des assassins, pour certains maniaques de la gâchette et de l'explosion spectaculaire, ils sont capables de faire des blagues, de commander leurs chaînes câblées en pleine fuite dans les marais, et de tailler la bavette sur leurs traumatismes culinaires. Robert Patrick est la pierre angulaire de tout ceci, sobre et apathique, d'une démarche impassible tandis qu'une voiture de flic s'écrase en explosant à quelques mètres de lui. Quant à Kelly Carlson, nul doute que sa prestation l'honorerait d'un oscar si la catégorie « blondasse bombasse enlevée par des gangsters et hurlant son désarroi » existait.
John Triton n'est pas le seul héros de The Marine, il convient de citer avec empressement le réalisateur John Bonito, signant ici sa première réalisation cinématographique. Avant, le type filmait des matchs de catch. Le film est ici le reflet de ce monde où l'exubérance et le surjeu en sont les mots d'ordre. Bonito ne respecte rien :
Qu'il est bon de se détendre
dans un bon bain après
avoir échappé à la mort dix fois !les balles se surmultiplient à la manière d'un John Woo, chaque bâtiment abrite un lot incroyable de substances hautement inflammables et explosives, et la gravité n'existe que pour faire tenir debout ces marionnettes de chair et de sang. Le spectacle est porté à un très haut niveau pyrotechnique, les explosions sont nombreuses, impressionnantes, et très mises en valeur, même si apparemment elles ne sont en soit pas très dangereuses pour la vie humaine. John Bonito est-il un génie, capable de dresser un parallèle visuel entre le catch et le cinéma d'action contemporain, ou un grand enfant qui rêve de tout exploser pour le seul bonheur des yeux ?
Dans un cas comme dans l'autre, The Marine appartient à la catégorie des nanars hautement divertissant, malheureusement assez peu porté sur les punchlines mais qui compense par une dose d'adrénaline et de testostérone à faire vomir Stallone et Schwarzy réunis dans un même film. On se demande presque pourquoi n'avoir pas indiqué sur l'affiche les deux stars du film, avec une phrase du genre « The Marine, avec John Cena et des explosions ». Quoiqu'il en soit, 80 minutes d'action aussi nawak que ça ne se refusent en aucun cas. Heureusement que John Triton est un homme qui n'abandonne jamais et qu'il peut porter le film tout du long avec ses bras tout musclés.
Et c'est pour ça que nous aimons John Triton.