Mamma mia !
Cinéma / Critique - écrit par riffhifi, le 15/09/2008 (Tags : film mamma mia meryl streep sophie comedie
Meryl Streep, Pierce Brosnan et leurs potes chantent ABBA. On est content pour eux, mais ils pourraient aussi bien le faire sous leur douche.
A l'origine, il y a Agnetha Fältskog, Benny Andersson, Björn Ulvaeus et Anni-Frid Lyngstad, le quatuor musical connu sous le nom de code ABBA depuis 1970. Mamma Mia, Take a chance on me, Super Trouper... Les tubes s'enchaînent jusqu'en 1982, année où le groupe se dissout. Mais la légende survit, et l'engouement persistant pour ABBA observé dans les années 90 culmine dans la production d'une comédie musicale en 1999, qui est d'abord un succès à Londres avant de conquérir San Francisco, Chicago et bien entendu Broadway. Ecrit par Catherine Johnson, mis en scène par Phyllida Lloyd, le spectacle a finalement droit à une adaptation hollywoodienne, laborieusement pondue près de 10 ans plus tard. Réalisé par la même Phyllida Lloyd (qui, sait-on jamais, commence peut-être à en avoir sa claque des tubes d'ABBA), le film met en scène un casting super-extra-choix, Meryl Streep en tête. On aimerait pouvoir dire que le résultat est un bon moment de détente, mais l'honnêteté oblige à déclarer qu'il s'agit plutôt d'une
Je danse le Miaforme sophistiquée de torture.
Le scénario, d'une complexité digne d'un traité de philosophie en quatre tomes annoté par un thésard monomaniaque, se résume à ses prémisses : Sophie (Amanda Seyfried) a 20 ans et va se marier au bellâtre Sky (Dominic Cooper) ; elle aimerait inviter son père, mais elle ignore son identité... Qu'à cela ne tienne, elle épluche le carnet intime de sa mère Donna (Meryl Streep), et en déduit qu'elle a trois papas potentiels, parmi lesquels elle espère trouver le vrai. Elle écrit donc à Sam (Pierce Brosnan), Harry (Colin Firth) et Bill (Stellan Skarsgard) en croisant les doigts pour qu'ils acceptent de venir... Ce qu'ils font bien entendu sans hésiter, trop heureux de revoir une Donna perdue de vue depuis vingt ans.
Au début, on se sent plutôt bien : le sujet est rigolo, le casting donne envie, et la musique d'ABBA est susceptible de filer la pêche pourvu qu'on ne soit pas catégoriquement allergique (auquel cas il est tout simplement inutile, voire dangereux, de poser le pied dans la salle). Et pourtant, à mesure que le film s'écoule, plusieurs amers constats s'imposent... D'une part le scénario et les dialogues sont désespérants, même en considérant qu'ils ne sont qu'un prétexte aux numéros musicaux : tous les personnages ne sont qu'amour et beauté (luxe, calme et volupté), ils sont tous riches et dégoulinants de gentillesse, et ne génèrent pas l'once du reflet de l'ombre de l'amorce d'un conflit au cours des 110
Pierce and loveminutes du film. On finit par se contrefoutre de savoir qui est le père de la mariée, et on en vient même à espérer qu'il s'agisse d'un quatrième larron absent ou décédé, afin que nos trois vedettes puissent aller pêcher la crevette sauvage pendant la cérémonie. D'autre part (et c'est là le plus grave), les numéros musicaux en question sont d'un ennui à périr, exécutés par-dessus la jambe par des acteurs qui semblent s'amuser mais fournir peu d'efforts, et mis en scène platement jusque dans les soi-disant délires visuels qui saupoudrent les vocalises de Meryl Streep. Arrivé à la fin du film, on rêve de quitter l'île paradisiaque et ses Bisounours humains, on prie pour que les personnages glissent dans les rochers et se fracassent la tête dessus et on souhaite surtout qu'ils chopent une angine pour qu'ils cessent enfin de beugler à tort et à travers.
Curieusement, le moment le plus sympathique est le générique de fin, pas seulement parce qu'il signe la fin du calvaire mais parce que le numéro musical hors contexte et joyeusement auto-parodique s'avère plus enthousiaste que le paresseux métrage qui l'a précédé.