8/10Madness

/ Critique - écrit par Lestat, le 05/08/2010
Notre verdict : 8/10 - Partir, c'est mourir un peu... (Fiche technique)

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Jenna et Tara sont en route pour un concours de "Pom-pom girls". A une station essence, elles décident d'aider deux garçons dont la voiture est tombée en panne. Ce que les jeunes ignorent, c'est qu'ils sont poursuivis par un groupe de fous dont l'unique plaisir est de tuer.

Une jaquette outrancière, une citation imdb qui s'avèrera à côté de la plaque, un résumé non-sensique, Madness, réalisé par trois Suédois, a de prime abord de quoi laisser circonspect. D'autant que la tentative à moitié foireuse de vendre le film sur le terrain du torture-porn, plus de mode actuellement, laissait entrevoir un inédit vidéo tout moisi repêché in extremis d'un tiroir pour profiter de l'effet post-Saw -dont le sillage, quoiqu'on en dise, commence à péricliter-. Une fois n'est pas coutume, Madness mérite que l'on aille au-delà de son plumage, car son ramage s'avère assez séduisant.

Car en fait de film de torture, Madness revêt la panoplie complète du petit survival qui se respecte, présentant un quatuor de victimes désignées (ils sont jeunes, ils sont beaux, ils sont cons) tombés dans un traquenard des rednecks du coin sous  le bon soleil du Midwest. Du hillbilly à l'ancienne, avec sa poussière, ses radios qui crachotent, ses repas à la graisse et ses ploucs défigurés, auquel il ne manque peut être qu'une complainte country ou un solo de Lynyrd Skynyrd pour être totalement complet, au profit d'un BO indus aux limites du hors sujet. Une bonne surprise qui laisse volontiers penser que l'on gagne au change, d'autant qu'un tel parti-pris, doublé du prétexte de l'ensemble voyant deux donzelles se rendre à un concours de Pom Pom Girls à Minneapolis, sentait la dérivation débridée à la Monster Man. Pourtant, malgré quelques instants un peu Z, Madness ne respire pas la franche rigolade. Débutant sur une séquence qui fait bien mal au bide, dans tout les sens du terme, le film affronte son sujet de front avec un premier degré absolu, avec la dose de glauque requise, la pointe de sadisme qui va bien et une violence jusqueboutiste, qui culmine dans un final complètement fou où, selon la bonne tradition du genre, les protagonistes survivants se trouvent réduits à l'état de gigantesques plaies douloureuses et saignantes, avant de rendre les coups au centuple. Un bain de sang et de croûtes qui conduit peu à peu à renverser les rapports bourreaux / victimes, la barbarie ambiante se faisant virus ramenant chacun au stade primaire.

Eprouvant, bien confectionné et thématiquement pertinent, Madness fait son petit boulot. D'aucun diront que, sorti de quelques belles idées de mises à mort, il n'invente pas la poudre pour autant, ce qui n'est pas faux, mais sa grisante absence de concessions et l'incroyable trio de dégénérés qui le hante compense le relatif manque d'originalité qui aurait pu lui porter préjudice, voire l'absence de dépaysement que l'on était en droit d'attendre de réalisateurs venus du froid, qui pour le coup investissent un genre typiquement américain sans vraiment se le réapproprier. Du bon B en somme, solide et respectueux, dont la faculté à créer des images marquantes laisse entrevoir, pourquoi pas, l'ombre d'un futur petit classique.

Le DVD

Pour habiller ce film scandinave, région chez nous encore cinématographiquement inhabituelle  où l'horreur connaît une petit percée, l'éditeur Emilya nous propose une galette techniquement de bonne facture, qui rend bien hommage à la photogénie du film, qui a souvent la beauté putride de Massacre à la tronçonneuse. Massacre à la tronçonneuse, une des influences indéniables de Madness, avec La Colline a des yeux et Deliverance. Pas de version française, mais une VO sous-titrée en DTS ou dolby, qui permet de nous faire profiter d'accents assez iconoclastes. Niveau bonus, un petit making of ou un commentaire audio aurait été sympathique. En lieu et place, nous n'avons qu'une galerie photo, qui témoigne d'un tournage de potes assez chiche financièrement mais abordé avec sérieux. En cadeau qui fait plaisir, le court métrage Strangelhold, réalisé entre autre par deux membres du triumvirat de Madness -il est temps de les nommer : Sonny Laguna, David Liljebad et Tommy Wilkund-, est une sorte de slasher plutôt sympa qui lorgne un peu vers Maniac Cop et Hitcher. Nouvelle preuve que tout ce petit monde connaît ses films de chevet.