7/10Looper : pas loupé.

/ Critique - écrit par Nicolas, le 02/11/2012
Notre verdict : 7/10 - A la Loop (Fiche technique)

Tags : looper guitare pedale boss boucle effets joe

Dès qu'un film parle de voyage dans le temps, forcément, la circonspection est de rigueur. Jugez plutôt sur le pitch : Dans les soixante ans qui viennent, la machine à remonter le temps sera une réalité. Jugée illégale, elle ne sera utilisée que par les organisations mafieuses pour faire disparaitre les gêneurs. Ici interviennent les Loopers, qui réceptionnent trente ans avant les "colis" et les exécutent séance tenante. Lorsque l'assassin doit être remercié, c'est son alter ego du futur que l'on envoie se faire occire : le Looper reçoit une coquette somme d'argent pour ses services et dispose donc de trente ans devant lui. Vous imaginez bien le nombre de paradoxes temporels qu'un tel concept peut engendrer, ce que le film essaye d'enterrer par un dialogue de Bruce Willis que l'on résumera par "on s'en fout de tout ça !".

Looper : pas loupé.
DR.
Mais pourtant, Looper ne manque pas de qualités, en dépit d'une production un peu cheap qui fait passer le futur pour le quotidien d'un actuel quartier mal famé de New York. On trouvera bien une sorte de moto volante et un téléphone portable extra-plat pour le côté "technologie du futur", mais l'on est encore assez éloigné des visions extravagantes habituelles. Là où le film gagne son intérêt, c'est sur sa problématique originale qui va confronter Joe, l'un des Loopers, à lui-même trente ans plus vieux. Le junior se fait tabasser par le senior, ce dernier s’évanouit avec un obscur dessein en tête, et le jeune Joe doit désormais le traquer pour récupérer sa vie – un Looper qui ne boucle pas sa boucle finit très mal, tout le monde le sait. On s’attend à ce que les deux versions de Joe collaborent pour un futur meilleur, mais la réalité sera toute autre, un peu plus fine et surtout beaucoup moins positive que ce que l’on imagine au début. Looper se permet même des fulgurances un peu glauques s’appuyant sur des paradoxes temporels complètement indéfendables mais qui ont leur petit effet, suspense au poing. Sans spoiler, disons qu’il s’agit d’une méthode efficace pour attraper le vieux lorsque l’on détient le jeune. Le film part ensuite dans de multiples considérations qui vont impliquer romance, chasse à l’homme et pouvoirs mystiques, avec ses hauts et c’est bas. Tout n’est pas cohérent, mais l’on reste happé par la densité de l’intrigue et le malaise ambiant qu’elle dégage. Sur la forme, Looper joue un peu sur la déstructuration en dispensant quelques éléments du futur à des moments clés, pour expliquer tel ou tel point obscur de l’histoire. C’est plutôt bien fait, assez compréhensible malgré l’austérité de la mise en scène. Le casting s’en sort convenablement même si le rapprochement physique entre Joseph Gordon-Levitt et Bruce Willis peut sembler un peu tiré par les cheveux, c’est le cas de le dire.

Nouveau poids lourd du film d’anticipation ? Peut-être pas, mais Looper est une bonne surprise à découvrir, peu sexy dans sa forme mais intéressante à bien des égards.

Looper : pas loupé.
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