5/10Le Livre d'Eli

/ Critique - écrit par Nicolas, le 06/09/2010
Notre verdict : 5/10 - Surbook (Fiche technique)

Le futur, parfois, c'est pas génial, aussi entre deux lectures, Denzel Washington aime casser la figure à deux ou trois péquenots, ça le détend bien.

Un titre calme, n'est-ce pas, pour un film qui ne l'est pas du tout. Sans voir la bande-annonce, difficile de se dire que nous sommes dans de l'action burnée, et pourtant Le Livre d'Eli a tout du cocktail bastos / baston que nous affectionnons parfois. Mais n'aurait-il pas dû en rester là ?


Beaucoup vont râler à l'issue du film, c'est inévitable. Parce qu'en dehors de son côté film d'action un peu bourrin et assez décomplexé, ce Livre d'Eli véhicule des idées difficiles à accepter pour tout le monde.
Déjà, il convient de ne pas porter trop de crédit au résumé officiel du film, qui déforme un petit peu trop le scénario. Eli possède un livre, et un but : aller vers l'Ouest. Le méchant Carnegie, joué par le toujours excellent
Gary Oldman, désire posséder ce livre, pour des raisons qui lui appartiennent, quitte à mettre la vie de tout ceux qui l'entourent en danger. De fil en aiguille, on comprend que l'on va parler de religion, bien plus que ce l'on imaginait au départ. On pourra éventuellement discerner une sorte de critique dans les propos de Carnegie, mais le film dans son aspect global adopte un discours beaucoup plus tranché, où la religion devient l'élément qui pourra extraire l'humanité de la misère dans laquelle elle se trouve. Sans être anti-religion, le message est tellement assumé qu'il peut en devenir indigeste.
En dehors de ça, on se retrouve dans un film d'action limite paranormal. Eli est un guerrier d'une trempe incroyable, capable de passer à tabac une dizaine de gars sans se prendre un seul coup. Les scènes de combat ont de la tronche, c'est certain, il est évident que les frères Hugues ont voulu précisément faire un film « qui avait de la tronche ». Chaque personnage adopte des poses charismatiques, évolue au ralenti dans des contrées désertiques magnifiquement rendues par une photographie assez inspirée. Le film a une jolie forme, n'affiche aucune idée de réalisation vraiment novatrice mais se montre agréable à regarder et assez rythmé. Il est cependant possible que la prolifération d'effets visuels un peu trop mièvres puisse indisposer. Tout comme le propos religieux, en fait.
Et il y a ce twist final. Un retournement de situation quasiment impossible à deviner car aux antipodes de la crédibilité. Si quelques indices pourront être lâchés ici et là, rien dans le jeu des personnages ou dans leurs attitudes ne pourront mettre sur la voie de cette révélation bien trop énorme pour être acceptée. C'est bête à dire, mais au lieu de vouloir tourner la tête aux spectateurs, il aurait mieux fallu essayer d'incorporer cette caractéristique au scénario plutôt que de l'administrer de but en blanc à la fin - cela aurait évité cette impression type « 24H chrono », où l'élément en question semble avoir été rajouté au scénario alors que 75% du tournage avait déjà été accompli.

A voir principalement comme un film d'action, pour ses quelques très belles scènes d'affrontement. L'histoire, intéressante dans les premiers temps, part vite sur un terrain qu'il aurait pu éviter, ou tout du moins appréhender d'une autre façon, jusqu'à ce twist final tout à fait inconcevable.