8.5/10Kurt & Courtney

/ Critique - écrit , le 28/04/2003
Notre verdict : 8.5/10 - Si vous ne connaissez rien à la vie du couple (Fiche technique)

Prochain patient : le documentaire Kurt & Courtney pour le docteur Arakneed.

Bonjour et merci d'assister à cette opération, en cas de problème, je vous demanderai de bien vouloir utiliser les sacs en papier posés sous vos sièges. Tout le monde est en place ? Bien, alors commençons.
Pendant que ma charmante assistante Francesca endort notre patient, parlons un peu de son cas : le documentaire.

Les documentaires, c'est simple : tout le monde connaît. Il y a les documentaires un petit peu trop ennuyeux du dimanche après-midi, tel le massacre des poulpes hydrocéphales en Laponie du Nord, et il y a les documentaires engagés, plein de rebondissements tels ceux de Michael Moore.
Devant le nombre de recueils de photographies, biographies ou même soi-disant journal intime que l'on trouve sur Kurt Cobain, je vous avoue être assez sceptique concernant Kurt & Courtney et je vais le manipuler avec des pincettes, d'autant plus que les mots "documentaire culte" reviennent de trop nombreuses fois à mon goût sur la jacquette. Mais voyons voir ce que ce documentaire à dans le ventre, doc.

Scalpel.

Avril 1994, Kurt Cobain, 27 ans, leader du groupe Nirvana, est retrouvé mort à son domicile : une balle dans la tête et 1,52 grammes de cocaïne dans le sang. Partout dans le monde, les fans pleurent la mort de leur idole, certains iront même jusqu'au suicide... Après avoir constaté l'ampleur de la nouvelle, Nick Broomfield reporter de la BBC, décide de réaliser un documentaire sur Kurt Cobain. Ce n'est pourtant que trois ans plus tard qu'il commence à tourner. La raison de ce temps d'incubation : il cherchait un sujet original, il voulait quelque chose de "plus" qu'une biographie : il voulait faire une enquête. Fasciné par le couple Kurt Cobain / Courtney Love, Broomfield trouve enfin son sujet : de la naissance à la mort de ce couple de rock stars légendaire, et seulement du couple.

Ciseaux.

De l'enfance de Kurt aux circonstances étranges de sa mort, tout est passé en revue. Sa ville natale, ses premiers morceaux enregistré à deux ans (!), sa tante qui l'a ouvert à la musique, ses amis, ses amours, ses emmerdes, son premier grand concert, sa rencontre avec Courtney, ses dépressions, ses overdoses, sa mort. Il en ressort un portrait touchant d'un garçon trop gentil parti bien trop vite.
De son côté, Courtney n'est pas épargnée, de sa violence verbale ou physique à son immoralité en passant par des témoignages la discréditant complètement, elle passe pour un requin, une véritable furie ne voulant que du fric et la popularité.
Le documentaire, nourri en images d'archives, d'interviews émouvantes de Kurt, de témoignages troublants de proches, a failli ne jamais voir le jour : il y a eu quelques complications...

Compresses.

Lorsque Courtney a pris connaissance du tournage de ce documentaire, qui à la base devait être un portrait sur le couple, elle a tout fait pour qu'il s'arrête. Les financements de MTV et de la BBC se sont brusquement arrêtés, des témoins ont été menacés. Aucune musique de Nirvana n'est présente dans ce documentaire et pour cause : Courtney a systématiquement refusé les droits. Désemparé, Nick Broomfield a décidé de continuer son travail coûte que coûte. Il s'éloigne un peu de son sujet principal et va tenter de démêler le mystère sur la mort de Kurt : meurtre ou suicide ? Les témoignages se confrontent et l'on n'en saura rien, chacun est libre de se faire sa petite idée.

Perceuse.

Ce documentaire se veut engagé. Nick Broomfield est le narrateur qui passe bien à la caméra, prenant le son et posant des questions. Mais la mayonnaise ne prend pas, il faut dire qu'il n'a pas le culot d'un Michael Moore et qu'il pose des questions bateaux en rase-mottes. Là où Broomfield remonte dans notre estime, c'est lorsqu'il ose prendre la parole lors du festival de l'A.C.L.U. (pour la liberté de la presse) pour s'adresser à Courtney Love, ce vampire lui coupant les vivres et l'empêchant de finir son documentaire. Broomfield n'est pas Moore, mais il réalise un documentaire rythmé et bien renseigné, parfois trop, ce qui peut perturber le spectateur lambda englouti sous une overdose de témoignages. Jugez plutôt : la tante, l'ancienne petite amie, l'ancien prof, le meilleur ami junkie, le père de Courtney, les baby-sitters, celui qui aurait pu être son tueur, j'en passe et pas les meilleurs...

Tronçonneuse.

Kurt & Courtney revient de loin et l'on ne peut que s'incliner devant ce fait : il existe encore des journalistes soucieux de leur travail prêt à tout pour faire éclater la vérité. Malheureusement, le parti pris de discréditer totalement Courtney et de faire l'apologie de Kurt nous perd dans un faux débat sur sa mort, d'autant plus faux qu'il n'apporte que des faits et aucune conclusion. Néanmoins, on retiendra des interviews touchantes de proches, des retours sur des lieux mythiques de la vie de Kurt, faute d'entendre ses morceaux. Ce documentaire est incontournable pour ceux qui veulent en savoir plus sur Kurt Cobain et Courtney Love, mais se révèle ennuyeux pour les fans de la première heure connaissant la vie de leur idole sur le bout des doigts.

Merci d'avoir suivi cette opération, on peut refermer et nettoyer maintenant ?