3/10Jumper

/ Critique - écrit par riffhifi, le 07/02/2008
Notre verdict : 3/10 - Les blancs ne savent pas sauter (Fiche technique)

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Un X-men sous bromure, manifestement conçu comme le premier film d'une série qu'on espère ne jamais voir.

Le projet date apparemment de quelques années : adapter les livres Jumper et Reflex de Steven Gould est un vieux rêve du scénariste et producteur Simon Kinberg. Epaulé par Doug Liman, le réalisateur de La mémoire dans la peau et Mr. & Mrs. Smith, c'est désormais chose faite. Mais était-ce bien indispensable ?

David Rice (Hayden Christensen) est un Jumper, un gars qui a le pouvoir de se téléporter n'importe où dans le monde. Il découvre un jour qu'il n'est pas le seul de son espèce, et qu'une escouade de fanatiques appelés les Paladins s'est juré d'éliminer tous les Jumpers. Comme leur chef Roland est interprété par le redoutable Samuel L. Jackson, David a peur pour ses petites fesses.

Partant de ce postulat à mi-chemin entre Highlander et X-men, Doug Liman fait le choix de privilégier le "réalisme" et l'empathie avec le personnage principal. Pas question ici de présenter un boy-scout en collant, mais simplement un jeune
"Il paraît que je devrais me
téléporter hors de ce film..."
homme qui profite de ses capacités phénoménales pour améliorer son confort de vie. Pourtant, au lieu de développer cette approche intéressante du héros surpuissant assimilé à l'occidental moyen vautré dans son égoïsme et son confort, le film s'oriente vers une bête histoire d'affrontement entre gentils et méchants, les uns chassant les autres et inversement aux quatre coins du globe. Le pouvoir des Jumpers, au-delà de son incontestable pouvoir d'évocation sur le commun des mortels, ne sert ici qu'à varier incessamment les décors d'une intrigue pauvre à pleurer, réduite à un enfilement de scènes d'expositions qui font ressembler l'ensemble à un pilote de série télé plus qu'à un véritable film. Les effets spéciaux, bien que réussis, ne sont que rarement spectaculaires (la téléportation, c'est un effet spécial que Méliès aurait pu se permettre il y a 100 ans...) et ne rattrapent jamais la faiblesse d'un scénario aux enjeux trop flous : on peine à croire qu'une bande d'humains, aussi armés soient-ils, puissent constituer une véritable menace contre les insaisissables Jumpers. Ce qui est bien dommage d'ailleurs, car on aimerait voir Samuel L. Jackson briser la face de cette lavette de Hayden Christensen, histoire de venger son bras perdu dans Star Wars épisode III.

L'influence de l'univers comics est incontestable, appuyé lourdement de plusieurs références directes aux parutions de Marvel (le film est produit par 20th Century Fox...). La présence au scénario de David S. Goyer n'est sans doute pas étrangère à cette orientation : rappelons tout de même que si le monsieur a travaillé sur Batman Begins et Dark City, on lui doit aussi les scripts de Blade 1, 2, 3 et de l'horrible téléfilm Nick Fury avec David Hasselhoff, ainsi que la production du pathétique Ghost Rider. Cependant, la volonté de ne pas s'engouffrer dans la brèche du spectaculaire et de la démesure empêche le film d'être le blockbuster décérébré qui aurait pu sauver dans une certaine mesure la vacuité de son scénario. Au bout du compte, le rythme anémique ne vient qu'enfoncer un nouveau clou dans le cercueil d'un navet incapable de tirer avantage de son sujet de base, pourtant propice au divertissement. Comme son personnage principal, le film ne sait pas quoi faire de son pouvoir. Avec un peu de chance, le bide qui attend Jumper empêchera la production d'une suite.