Le jour d'après
Cinéma / Critique - écrit par weirdkorn, le 27/05/2004 (Catastrophe évitée
Roland Emmerich est un roi du démolissage en règle de New York et du blockbuster limite nanar (Independence Day, Godzilla) qui ne fait qu'en mettre plein les yeux. Vous avez peur ? Je vous comprends. Mais cette fois, le réalisateur allemand choisit la destruction sous une forme qui est peut-être la plus terrifiante, à savoir la nature elle-même. Il nous livre avec Le jour d'après (The Day after Tomorrow en VO) un film catastrophe basé uniquement sur les phénomènes naturels. Et comble du bonheur, il a réussi à se détacher de ses petite manies patriotiques que l'on a en horreur (mais pas trop non plus, faut pas déconner).
Jack Hall (Dennis Quaid) est un brillant paléoclimatologue toujours plongé dans ses recherches et rarement présent auprès de son fils Sam. Lors d'un congrès, il énonce la théorie qu'un réchauffement de la planète pourrait entraîner une période glaciaire d'environ 200 ans. Cela fait bien rire le vice-président des Etats-Unis qui n'a que faire des problèmes environnementaux. Bien mal lui en prend parce que la théorie de Jack se réalise et plus vite que prévu. Sam se retrouve alors coincé dans un New York dévasté et son père, spécialiste en expédition Arctique (oui, c'est un surhomme) lui fait la promesse de venir le chercher.
Je vous vois déjà crier d'ici : "Bouh, c'est nul, on connaît déjà la fin". Peut être, mais qu'est-ce que c'est bien amené ! Il n'y a aucun temps mort, pas un moment pour s'ennuyer. Même pendant les scènes de dialogues, la tension de la tempête est telle que l'on reste captivés. Le scénario est certes classique mais totalement efficace, remplissant son rôle de divertissement. En plus, les acteurs sont bons, emmenés par le trio Dennis Quaid, Jake Gyllenhaal et Emmy Rossum (mon dieu, quel sourire). Ils donnent vie à des personnages très attachants comme Sam qui ne remplit pas les critères habituels du héros (un peu comme Spider-man).
On croit à cette histoire dont on retiendra principalement le gigantisme et la réussite des effets spéciaux. On va quand même voir ce genre de film pour ça. Au final, il y en a assez peu par rapport à la bande annonce (ou alors ça passe trop vite) mais qu'est-ce qu'ils sont beaux ! Les tornades de Los Angeles ou l'inondation de New York sont plus qu'impressionnantes. Emmerich est un maître en la matière et nous le montre encore une fois. On est tenus en haleine par cette tempête et toutes ces catastrophes pouvant surgir à tout moment. Résultat : on arrive à avoir froid et je ne crois pas qu'une seule personne dans la salle soit restée en T-shirt.
Maintenant je sens que vous allez me dire: "mais scientifiquement c'est nul, c'est impossible". Et bien non. La théorie développée par le film se tient et pourrait se révéler plausible. Evidemment, c'est un peu exagéré, les scénaristes ont été inventifs en créant une nouvelle forme de tempête et tout cela paraît bien rapide. Mais il faut bien en rajouter pour faire monter la tension. Même la circulation de le thermohaline a été montrée dans le bon sens. On pourra seulement regretter de n'avoir jamais entendu le vrai nom du courant Nord-Atlantique, à savoir le Gulf Stream.
Roland Emmerich a en plus réussi à se sortir de ses travers habituels, l'américanisme et le patriotisme exacerbés. Il n'y a rien de tel ici. Bien sûr, c'est un film conçu pour le marché américain ce qui fait que l'on ne voit que leur position et ce qui se passe chez eux. Mais est-ce vraiment un reproche ? Au moins, pour une fois, aucune ville européenne n'a été démolie. Il y a toujours l'image du drapeau américain mais cette fois-ci, il ne flotte pas fièrement. C'est même l'inverse, on le voit balayé par le vent et le froid, comme le symbole d'une Amérique impuissante face à ces catastrophes. Il y aura bien une morale mais pas celle dont on a l'habitude. Ici, le message est écologique. Emmerich ose attaquer de front la politique environnementale de Bush et mentionne la non-ratification des accords de Kyoto sur la réduction des effets de serre. Même la religion est très peu abordée avec seulement un petit amen et un autre petit prions. Etonnant. On pourra tout de même critiquer les lycéens de 25 ans (classique à Hollywood) et surtout l'avant-dernier plan du film. Fermez les yeux ou oubliez-le sinon il gâche un peu (je dis bien un peu) l'atmosphère générale du film.
Le jour d'après est un grand divertissement, à la fois palpitant, grandiose et plein de bon sens. On aurait pu souhaiter d'avantage d'effets spéciaux (je suis exigeant et ils sont tellement bien faits) ainsi qu'une histoire un peu moins prévisible. Comme un signe, en sortant du cinéma, quelques gouttes de pluie tombèrent. Je levais alors les yeux vers le ciel grisâtre avec une drôle de sensation en me disant pourvu que ça n'arrive jamais. Pas de doute, le message est passé.