5.5/10John Carter : l'autre Titanic en 3D

/ Critique - écrit par Nicolas, le 06/04/2012
Notre verdict : 5.5/10 - John l'écarté (Fiche technique)

Tags : film ray films blu disney relief john


"Génial les gars, tout le monde
va se ruer pour voir ça !"
Aujourd'hui, j'ai fait une B.A. cinématographique : j'ai donné de l'argent à Disney pour combler le déficit occasionné par son film John Carter. Enfin, donné est un bien grand mot, puisque je possède une carte illimitée. Par contre, "déficit" est le terme le plus approprié pour qualifier cette production d'une envergure de 250 millions de dollars qui semblait vouée à se taper un gadin indépendamment de la qualité du film. À partir du moment où la promotion a commencé, j'ai compris qu'il s'agissait de quelque chose d'énorme et j'ai immédiatement éprouvé le même sentiment révélé face à Harry Potter et Twilight : passer à côté d'un phénomène culturel déjà en place depuis de nombreuses années. Mais plus le temps passait, plus les images se succédaient, plus les affiches apparaissaient dans le métro, et plus mon désintérêt constant pour le titre grandissait. Je n'étais pas le seul, tout le monde semblait ignorer l'existence de ce John Carter, alors que Disney y croyait dur comme fer. Non mais, regardez-moi ces affiches ! Ne seriez-vous pas d'accord avec moi si je vous disais que le nom est privilégié par rapport à au visuel ? Franchement, qui a envie d'aller voir un connard traîner un gros caillou devant deux gros monstres hideux, ou de voir le même troufion se balader à dos de "machin organique de science-fiction" sur une planète désertique ? Voilà, quand je vous disais que j'ai fait une bonne action, c'est que j'y suis allé pour la forme, pour faire partie des rares "élus autoproclamés".

John Carter : l'autre Titanic en 3D
L'intelligence n'est pas son fort.John Carter est donc un gros connard, je l'ai déjà dit. Au lieu de :
- dire qu'il a l'argent pour payer ses fournitures,
- répondre non à une proposition qui ne l'intéresse pas,
- essayer de discuter pacifiquement avec des autochtones, aussi bizarres soient-ils, hé bien monsieur préfère tabasser des gueules ou se jeter par les fenêtres. Un pur génie de l'idiotie, malheureusement soldat d'exception. Comme tout bon soldat d'exception, il a dit "fuck off" à la guerre après avoir perdu femme, enfant, foyer. Depuis, il cherche de l'or tout en cherchant des noises à tout le monde. Par un coup de bol extraordinaire, le voilà sur Mars, qui finalement n'est pas si inhospitalière que Claire Chazal souhaite nous le faire croire. Les cités de Zodanga (les rouges) et de Hélium (les bleus) se pètent la gueule joyeusement en dépit du bien-être de leur planète, sous l'œil rigolard et primitif des Tharks (les verts). Carter, au milieu de tout ça, se rend compte que la gravité n'est pas la même que sur Terre, et qu'il peut donc jouir d'une force accrue et surtout d'une capacité de saut incroyable, ce que le film nous démontrera à grands renforts d'effets spéciaux de moyenne qualité. En dessous de tout ça, il y a un intrigue politique, mais l'important est que Zodanga veut faire les fesses à Hélium en même temps que leur chef fera les fesses de la princesse adverse - évidemment loin d'être le boudin du coin, ni la plus conne.

John Carter : l'autre Titanic en 3D
La princesse, inexplicablement bonasse.
John Carter
a eu 250 millions de dollars pour nourrir ses ambitions. C'est démesuré. À titre de comparaison, un Star Wars nouvelle génération s'est débrouillé avec deux fois moins. Alors oui, il y a de l'effet visuel quasiment à tous les plans, et nous pouvons même arrondir à "la totalité" en comptant que le film est en 3D - gadget, inutile, sans intérêt, bla bla bla. Il y a beaucoup de recherche visuelle, beaucoup de maîtrise dans la réalisation globale, énormément de savoir-faire dans les effets spéciaux, tout cela est indéniable. C'est joli à regarder, agréable à suivre tant que l'on ne cherche pas à disséquer le film pour en extraire les nombreuses incohérences. Maintenant, il faut aimer : on a du John Carter qui fait des bonds de sept lieues, du personnage numérique à toutes les sauces, des gros singes soupe-au-lait, de l'explosion dans les coins, c'est du blockbuster qui veut avant tout montrer le fond de sa culotte plutôt que la verve de son discours.

John Carter : l'autre Titanic en 3D
Les verts, une autre facette de l'écologie.
Celui-ci, basé sur un livre des années 1910 (écrit par Edgar Rice Burroughs, auteur de Tarzan, excusez-moi d'étaler ma culture pompée sur Wikipédia), n'a manifestement pas inventé la poudre magique : les gentils sont en bleu (ils ont une cape bleue et ils sont globalement très avenants), les méchants sont en rouge (ils sont sanguinaires et un peu rentre-dedans), les autochtones sont primitifs mais pas foncièrement mauvais, la princesse est une bonasse, va peut-être s'éprendre du héros, bref, on nage dans le cliché de fond de tiroir. Le plus grave dans tout ça, c'est qu'au-delà de l'intellect très limité du héros, il y a son décalage permanent avec ce qu'il est. Est-il vraiment censé être plus fort que tout le monde grâce à la différence de gravité ? Mais alors, pourquoi cette puissance ne semble fonctionner qu'une scène sur deux, et pourquoi notre cher petit héros s'assomme toutes les quinze minutes ? Des rouages nécessaires au fonctionnement de ce bric-à-brac de scénario manquent ici et là, rendant John Carter à la fois vain, simpliste - pour ne pas dire simplet - et sans envergure. Un comble pour un film à 250 millions de dollars.

Disney s'y est trompé, sa nouvelle franchise risque de ne pas aller bien loin. La faute d'abord à une promotion complètement foireuse, qui espérait nous faire croire que l'adaptation au cinéma du roman John Carter était un évènement à la mesure du Seigneur des Anneaux ; mais la faute également à un traitement "m'as-tu vu" qui se base entièrement sur la plastique - somme toute réussie - très onéreuse du film.

John Carter : l'autre Titanic en 3D
Une "araignée" selon le film.