Iznogoud - Calife à la place du calife
Cinéma / Critique - écrit par Nicolas, le 09/02/2005 (Tags : iznogoud calife tome tabary goscinny rene jean
Les américains ne se gênent pas pour pallier leur manque d'originalité en piochant généreusement dans l'imagination des auteurs de comic-books, pourquoi la France ne ferait-elle pas de même ? Iznogoud, plus de quarante ans au compteur, personnage issu de la fantaisie incontestable de monsieur Goscinny, revient sous le feu des projecteurs par la maigre poigne de réalisateur de Patrick Braoudé, fort heureusement épaulée par une pelletée de têtes d'humoristes trop souvent négligemment utilisées, à une ou deux exceptions près. En bas de l'affiche, Franck Dubosc et le tandem Kad / Olivier ; en haut, le regretté Jacques Villeret et le semi-exaspérant Michael Youn.
Le calife Haroun El Poussah gouverne avec générosité et bonté l'état de Bagdad. Quand celui-ci a le dos tourné, c'est le grand vizir Iznogoud qui prend la relève, écrasant le peuple d'impôts en vociférant les pires insultes à l'encontre du bien-aimé souverain. Son plus grand rêve : devenir calife à la place du calife, par tous les moyens et même les plus cruels...
La bande dessinée se constituait d'une série de mini-aventures immanquablement soldées par un échec cuisant, attendez-vous à retrouver plus ou moins la même structure pour le film. Pas de réel fil conducteur, si ce n'est la mise en avant d'une intrigue plus élaborée impliquant le concours d'une sauterelle venue d'Espagne absolument à tomber : Elsa Pataky, ou la nouvelle Miss Youn. Ne cherchez pas une quelconque biographie ou même un essai sociologique réalisé par la belle, vous ne trouverez que des photos. Mais passons. Prendre Michael Youn est un choix, celui de se doter de « l'humoriste » le plus populaire de notre paysage médiatique contemporain. En plus, il a la tête de l'emploi, et la grande gueule qui va avec, pour brailler sur tous les toits qu'il veut être calife à la place du calife. Donc benef' pour la popularité en salle, un peu moins pour la profession, Youn étant avant tout un homme de scène au talent d'acteur assez anecdotique. En face, Villeret roupille presque dans les fastes costumes du personnage qui lui sied le mieux, le brave petit monsieur un peu benêt mais désespérément sympathique. Pour le reste, loupe requise, puisque les deux grands noms de l'affiche ne laissent guère de place à leur sous-fifres, à commencer par un Franck Dubosc très très loin de son potentiel. Juste au-dessus, Kad & Olivier ont le minimum syndical de place pour justifier leur présence en interprétant deux djinns bariolés que l'on aurait aimé voir un peu plus souvent ; et Bernard Farcy parvient également à s'imposer un peu plus que la moyenne, même si ses apparitions ne prêtent guère à sourire. Un malaise qui se retrouve sur pratiquement l'ensemble du scénario, obligé de se fourvoyer dans les jeux de mots un peu débiles pour se prétendre comique, en considérant à juste titre que la succession d'échecs du vizir est loin d'être d'un amusement fou. Pour pallier, Braoudé fait un petit effort de réalisation bienvenu, malgré certains effets spéciaux peu convaincants, agençant son petit monde en pseudo-comédie musicale carrément fusillée par le « talent » de chanteur de Youn.
Une comédie à la française carrée et peu inspirée, bien loin du large potentiel offert par une pléthore d'acteurs comiques complètement écrasés par la présence de Michael Youn, lui-même mal servi par un scénario assez maigre en véritables situations comiques à défaut de l'être en jeux de mots vaseux.