6.5/10L'interprète

/ Critique - écrit par Vincent.L, le 08/06/2005
Notre verdict : 6.5/10 - Le Dictateur (Fiche technique)

L'interprète, le dernier film de Sydney Pollack, est un thriller politique qui pourrait presque être un documentaire tant il s'inscrit dans une description de faits réels passés et malheureusement toujours d'actualité. En mettant en scène une histoire de dictature africaine, de complots et de tractations diplomatiques, le réalisateur américain, à qui l'on doit entre autres Tootsie, Out of Africa et La Firme, nous offre une oeuvre d'une grande rareté au cinéma.

Joué principalement par Nicole Kidman (Silvia Broome, l'interprète) et Sean Penn (Tobin Keller, un agent des Services Secrets Américains), L'interprète doit sa réussite émotionnelle à leurs sublimes performances et à une réalisation faisant la part belle aux gros plans sur les visages et les regards. Aussi, du fait de leurs passés respectifs, l'intensité de leur relation grandissante apparaîtra totalement naturelle, justifiée et touchante.

On pourra cependant reprocher à Pollack de passer trop de temps sur cette relation florissante, ennuyant parfois le spectateur qui préférerait que le film soit globalement plus centré sur les aspects politiques que sur une histoire d'amour qui demeure au final assez banale. Car même si les deux sont intimement liés, il est difficile de ne pas trouver le temps long sur les 2h10 du long métrage. Surtout dans la première partie, après une scène d'ouverture parfaitement choquante, le film prend trop largement son temps avec des détails insignifiants et de longues descriptions des personnages. De plus, sans véritable action, à l'exception de quelques scènes de poursuite et d'une grandiose scène d'attentat, L'interprète aura de quoi ennuyer ceux qui s'attendaient à de l'action trépidante comme dans La Firme.

Au niveau du contenu scénaristique, Brian Ward, Martin Stellman, Charles Randolph, Scott Frank et Steven Zaillian ont choisi de s'arrêter sur une histoire de dictateur africain qui, alors qu'il doit faire un discours lors d'une conférence au siège de l'ONU, serait menacé de mort. Tout le long du film, Pollack et ses scénaristes mettront l'accent sur la psychologie, l'enquête, les doutes quant aux dires de Sylvia, les mystères, l'intimité de la relation entre les deux personnages principaux et sur un parallèle évident avec le président Mobutu (la ressemblance physique du vieux dictateur est frappante) et d'autres dictateurs d'Afrique. On parlera donc de manipulations intellectuelles sur les peuples, de crimes de civils passés sous silence, d'abus de pouvoir, de répression meurtrière contre les opposants au régime et malheureusement trop succintement de la responsabilité de pays européen comme la France. Il sera aussi question d'idéalisme, d'identité et d'amour de ses racines.
On remarquera enfin l'interprétation éclair et sans faute de l'acteur/réalisateur franco-israélien Yvan Attal.

Fort de quelques retournements et d'une douce intimité, L'interprète s'impose comme un film intelligent dans son propos, même s'il manque de pertinence quant à la profondeur de son exploration politique.