9/10In the mood for love - DVD

/ Critique de dvd / blu-ray - écrit par camite, le 16/05/2004
Notre verdict : 9/10 - Le film (Fiche technique)

Tags : eur dvd mood for love wai wong

Voyage au coeur du DVD

Bons baisers de Hong Kong

Chère grand-mère,

cette année pour l'été, je voulais partir à Hong Kong, mais avec les deux cents francs que tu m'as envoyés, je risquais de rapidement finir clocharde, quand bien même j'aurais eu le courage d'y aller à pieds... mais tu ne vas pas le croire, j'ai trouvé un ticket magique pour le « rocher stérile » ! Alors c'est vrai, on ne peut que le visiter tel qu'il était en 1962, mais c'est déjà très joli, et pour ce prix-là on ne va pas faire la fine bouche.

A mon arrivée à l'aéroport j'ai pris un des nombreux taxis rouges. Je ne parle pas un mot de cantonais mais le chauffeur semblait capable de répondre à tous les clients dans toutes les langues ! Enfin bon, j'ai d'abord été conduite à la pension de Mme Suen (l'hébergement chez l'habitant est une pratique répandue ici en raison du manque d'espace), j'y ai rencontré monsieur Kar-wai, un cinéaste qui répondait aux questions de deux journalistes français, et aussi Maggie Cheung et Tony Leung, deux acteurs qui m'ont raconté le tournage de leur dernier film en commun. Dans le salon, j'ai été initiée à l'opéra chinois, mais on a aussi écoutés des valses ou des chansons très douces en espagnol. Une pension très chaleureuse ma foi mais j'ai quand même voulu aller voir si je ne serais pas mieux au South Pacific Hotel. Un hôtel très années 50 mais il m'a semblé qu'il se passait des choses étranges et secrètes dans la chambre 2046, des choses encore jamais vues...

Pour le déjeuner j'ai préféré ne pas me risquer tout de suite à la cuisine orientale alors je suis allée au Golden Finch, inspiré des diners américains. Un poste de télévision passait en boucle des bandes-annonces pour le même film, et on pouvait voir au mur des tas d'affiches différentes de ce film et un tableau de ses récompenses. Une fois rassasiée, je suis allée flâner en ville : tailleur, salon de coiffure, stand de cartes postales, échoppe de nouilles (le chef m'a donné plein de recettes locales !)... j'ai même joué au Mah-jong dans une salle de jeux, mais c'est dur quand on ne connaît pas les règles et qu'il n'y a personne pour vous les expliquer...

Ce soir je vais peut-être aller au cinéma. Il ne passe qu'un seul film dans le coin, mais on peut le voir en plusieurs langues. Le film s'appelle In the Mood for Love... tiens, c'est curieux, c'est ce qu'il y a marqué sur mon ticket magique...

A la recherche du mood

« Hong Kong - Guide du voyageur - Edition 1962 ». La belle affaire. « Pour vous aider dans vos choix, ce Guide du voyageur indique précisément pour chaque lieu ce que vous y trouverez. Bon séjour... ». Bon séjour, plus qu'à me démerder avec ça tiens. Même pas de raison très précise de me retrouver ici. Trouver le fin mot de l'histoire. D'un film sans histoire, aux interprétations multiples. In the Mood for Love, splendeur sans équivoque d'une heure quarante.

Ai pris un taxi à mon arrivée à l'aéroport. Frustration. Chauffeur incollable en langues étrangères. Impossible de faire l'érudit. Coup de chance. Suis monté dans le même taxi que Maggie Cheung, bouleversante actrice principale du film. L'ai suivie jusqu'à la pension de Mme Suen, ai pu y rencontrer Wong Kar-wai (film maker) et Tony Leung (prix d'interprétation Cannes 2000). Livrent pistes, détails, anecdotes, pas d'explication souveraine... Moment de flottement au salon, me suis assoupi en écoutant le Thème de Yumeji. Vite. Reprendre des forces au Golden Finch Restaurant. Quinze bandes-annonces, des affiches en pagaille, une pluie de récompenses... Assommant. Sortir prendre l'air pour digérer, un tour en ville. Salle de jeux, comprendrai jamais rien à leurs foutus dominos ; échoppe de nouilles, « apprenez à faire vous-même la soupe de sésame, le won ton au porc et boeuf », ben voyons, que ça à faire ; salon de coiffure, le maître du lieu me parle de la coiffure de Maggie Cheung. Retrouvé toutes ses robes chez le tailleur, une multitude de photos au stand de cartes postales... Difficile de recouper les indices, aller revoir le film en cantonais. Pas question de perdre à la traduction. Soudain l'éclair : la chambre 2046 ! South Pacific Hotel, par le trou de la serrure. Trente-quatre minutes de scènes inédites, deux fins alternatives, le film dévoile enfin ses secrets. Mais est-ce encore le même film, la même interprétation de l'histoire ? Le revoir encore et encore, puis se perdre au milieu des pêcheurs en sampans et des marchés aux serpents...