L'Homme sans passé
Cinéma / Critique - écrit par camite, le 30/05/2004 (
En Finlande, un homme arrive à Helsinki par le train de nuit. N'ayant apparemment nul endroit précis où aller, il s'endort sur un banc. Une bande de voyous en profite pour le détrousser et le passer à tabac. Lorsqu'il se réveille à l'hôpital, notre homme est totalement amnésique. Sans nom et donc sans existence sociale, une nouvelle vie commence...
Trivia
Aki Kaurismäki s'est attaché pour ce film les services de quelques collaborateurs qu'il connaît bien. Bien qu'il s'agisse là de son premier rôle principal au cinéma, l'acteur Markku Peitola avait déjà joué dans deux précédents films de Kaurismäki : Au loin s'en vont les nuages et Juha.
De la même manière, Kati Outinen avait joué auparavant dans pas moins de sept films du réalisateur finlandais : Shadows in Paradise, Hamlet Goes Business, La fille aux allumettes, Tiens ton foulard, Tatiana, Au loin s'en vont les nuages et Juha.
Musicalement parlant, le groupe qui apparaît dans le film est un véritable groupe répondant au doux nom de Poutahaukat. Son leader, Marko Haavisto, appartenait auparavant au groupe Badding Rockers, dont certaines chansons étaient au générique de La Fille aux allumettes et (décidément...) Au loin s'en vont les nuages.
Anniki Tahti, qui joue la directrice de l'Armée du Salut dans le film, est une chanteuse de variété célèbre en Finlande.
La chienne qui tient le rôle de la terrifiante Hannibal est la fille de Piitu, la chienne que Kaurismäki avait fait jouer dans Juha, et la petite fille de Laïka, aperçue dans La Vie de Bohème.
Au Festival de Cannes 2002, L'Homme sans passé était annoncé gagnant pour la palme d'or par une bonne partie des « professionnels de la profession ». Finalement, Kaurismäki n'a remporté « que » le Grand Prix du Jury. Kati Outinen, pour sa part, a remporté le Prix d'Interprétation Féminine. On les applaudit bien fort.
Point de vue
L'Homme Sans Passé est un beau et grand film. Voilà, on ne peut pas dire les choses plus clairement. A tel point que l'on se demande fréquemment en le découvrant si c'est bien le même Kaurismäki qui a réalisé auparavant l'inepte trilogie sur les Leningrad Cowboys. Renseignements pris, oui. Vraisemblablement sevré d'alcool (le bonhomme se définissant lui-même comme un poivrot notoire) pendant toute la durée du tournage pour composer de si beaux plans (sens du cadrage et de la couleur resplendissants), Kaurismäki touche juste avec ses gags glacés qu'il a le bon goût de filmer avec une simplicité déconcertante.
Mais c'est bien connu, les meilleures comédies sont celles qui, en plus de faire rire, fournissent des émotions durables au cortex du spectateur (Le Kid ou L'été de Kikujiro en sont de bons exemples). De ce côté aussi, le réalisateur finlandais réussit là où d'autres vont se vautrer avec la mièvrerie ou le larmoyant (non n'insistez pas, j'en ai marre de balancer). L'histoire secondaire de l'ancien patron criblé de dettes est à cet égard remarquable et assez représentative de ce qu'est L'Homme Sans Passé : un magnifique plaidoyer pour la dignité humaine.