3/10Halloween II - 2009

/ Critique - écrit par riffhifi, le 02/04/2010
Notre verdict : 3/10 - Pour le Myers et pour le pire (Fiche technique)

Tags : halloween michael film myers zombie rob laurie

Rob Zombie rempile pour une suite sans intérêt, héritière mal assumée des Halloween enquillés dans les années 80-90. Malcolm McDowell s'y révèle particulièrement inutile.

Après avoir dépoussiéré la saga de Michael Myers en 2007, Rob Zombie déclarait ne pas vouloir rempiler pour une suite. C'est donc avec une certaine surprise que l'on apprit la sortie américaine, en août dernier, d'un Halloween II dirigé par Zombie et regroupant les quatre acteurs principaux du premier opus. Puis, le doute s'insinua dans les esprits : bide aux USA, pas de sortie cinéma en France... Cette semaine, la chose sort enfin en DVD et Blu-ray (ou plus exactement en
Orange-ray, pour évoquer la couleur d'Halloween malgré le soleil naissant du mois d'avril) chez Wild Side vidéo, et la lumière se fait : le film est mauvais.

Il n'était pas difficile de comprendre pourquoi Rob Zombie ne voulait pas prolonger son approche de la série : ayant privilégié un certain réalisme, une brutalité réellement dérangeante, il risquait de verser dans les mêmes écueils que les suites de la première saga en essayant de ressusciter un tueur abattu de plusieurs balles dans le premier film. Dont acte : ce Halloween II, dont on ne s'attardera pas à déterminer s'il s'agit d'une suite de remake ou d'un remake de suite (on s'est déjà suffisamment pris le chou avec La colline a des yeux, Massacre à la tronçonneuse et La panthère rose), fleure bon le nanar sans inspiration, enquillant les scènes de cauchemar et de massacre sous l'œil d'un réalisateur démissionnaire. Les précédents films de Rob Zombie, tout contestables qu'ils aient pu être, restaient des œuvres habitées, personnelles ; ici, il ne reste qu'une violence de commande, et un onirisme de pacotille qui plombe d'incohérences un scénario qui ne brillait déjà pas d'une incroyable intelligence.

Reprenons : Michael Myers n'est pas mort. Selon la tradition séculaire qui consiste à ne donner aucune explication, il se relève simplement, attrape une arme et bute tout ce qui se trouve à portée de main. De toute façon, la scène de sa résurrection est présentée comme un rêve, donc chacun est libre de croire ce qu'il veut. Toujours est-il qu'il se remet aux trousses de Laurie, qu'il ambitionne de poinçonner bien comme il faut ; pendant ce temps, le docteur Sam Loomis fait la
"Je vous en coupe une
tranche de quelle taille ?"
tournée de son bouquin dédié aux méfaits du monstre, en pestant contre les fans trop zélés et les gens qui l'accusent d'être responsable des massacres.

Après avoir passé un film entier à désacraliser Myers, à en faire une vraie personne avec une enfance et une vulnérabilité réelles, Rob Zombie bascule donc ici dans le surnaturel, ajoutant dans l'équation quelques visions ésotériques de la mère du serial-killer (toujours jouée par Sheri Moon Zombie), de son alter-ego enfant et d'un cheval blanc (wtf ?, diront les anglophones). Le personnage n'y retrouve pas pour autant l'aura mystique qu'il avait dans les années 80-90, ni même celle d'un simili-Jason Voorhees, car il continue à se balader la moitié du temps sans masque, exhibant une barbe à faire pâlir un ZZ Top et un look trahissant un sérieux besoin de prendre un bain.

A défaut d'un scénario cohérent ou d'idées de réalisation dépassant le stade de l'éclairage fignolé (et il y en a), Zombie charge son film de clins d'œil plus ou moins explicites aux classiques (la palette va de La nuit des morts vivants à Shining, en passant par le Rocky Horror Picture Show, sans même compter la présence de Brad Dourif et Margot Kidder, respectivement vedettes des Chucky et du premier Amityville), et promène Malcolm McDowell tout au long d'une intrigue parallèle nullissime qui ne croise le chemin du tueur qu'en une courte scène finale. La déception est cuisante, et il n'y a guère que l'usage du célèbre thème musical dans le générique de fin pour relever le moral du spectateur.