8/10Gravity, la tête dans les étoiles

/ Critique - écrit par Nicolas, le 29/10/2013
Notre verdict : 8/10 - Attraction (Fiche technique)

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"Intense, sublime, spectaculaire, ingénieux", "Houston, on a un chef d'œuvre", "Le film le plus spectaculaire qu'il ait été donné de voir sur l'espace", "On n'a jamais vu ça au cinéma", ...

Impossible de ne pas être circonspect devant tant de superlatifs et une telle unanimité -
il n'y a bien que Krinein pour dire que Gravity n'est pas terrible et oser lui mettre une appréciation moyenne. Peut-être êtes vous déjà en train de cracher sur la future tombe de Loïc après avoir découvert sa note, mais je vous recommanderais bien de lire attentivement son texte avant de juger trop rapidement. Je me retrouve exactement dans ses arguments, ils sont tous pertinents, mais il s'agit maintenant de savoir ce que vous attendez du cinéma. Et donc de vous positionner par rapport à Gravity.

Je l'affirme profondément, au coude à coude avec Loïc : l'écriture de Gravity est naze, gonflée aux lieux communs, sans surprise, sans épaisseur. A tel point qu'on se demande même s'il n'aurait pas mieux fallu laisser tomber le background des personnages pour éviter de s'encombrer avec du superflu. La construction psychologique du protagoniste principal, joué par Sandra Bullock, désarçonne d'emblée. Pourquoi lui avoir fourni un passé tortueux ? Peut-être ne subissait-elle pas assez de merdes pendant le film, il fallait en plus que le spectateur la prenne en pitié. Désire sa survie. Parce qu'elle en a chié, après tout, alors elle mérite de vivre. Ou alors, il fallait trouver des sujets de conversation, pour habiter un peu le film. Admettons. Avec le recul, on devine les intentions des scénaristes, à travers une scène finale plus ou moins explicite, mais ce n'est pas ce que l'on retiendra du film. Ce n'est pas là-dessus qu'il va construire sa notoriété, et ce n'est pas probablement pas là-dessus qu'il a gagné le respect de la presse écrite.

Pour coller une bonne note à Gravity, il faut avoir une certaine sensibilité pour la plastique et l'esthétisme. Pas ceux d'un Stanley Kubrik ou d'un David Lynch, non, il faut arriver à mettre de côté la profondeur (le scénario, les personnages, le sens des choses) pour se concentrer uniquement sur l'aspect visuel. Celui-ci ne fait pas tout le cinéma, c'est un fait. Mais il est difficile pour quelqu'un comme moi, très sensible à la réalisation moderne, de ne pas tomber à genoux devant le travail réalisé par Alfonso Cuaron. Ce film, je ne l'achèterai pas en Blu-Ray, je n'irais probablement pas le revoir au cinéma et il est hors de question de le voir sur une télévision ou un moniteur. Et pourtant, c'est une claque. Un gros direct dans la mâchoire, une effusion de talent et d'images à couper le souffle. On retrouve le réalisateur des Fils de l'Homme et du Prisonnier d'Azkaban, le réalisateur mexicain adore concevoir des faux plan-séquences de folie. A un moment, j'ai même eu l'impression qu'il allait faire tout le film en un seul plan-séquence, ce qui n'est pas le cas, mais l'exploit est remarquable. D'autant plus que c'est probablement le SEUL film que je recommanderais en 3D. Le seul, j'ai cherché, y en a pas d'autres. Il est impressionnant de constater que c'est à travers un film sur le vide spatial que le relief prend enfin son essor, montre son importance.

En d'autres termes, Gravity ne va pas révolutionner le cinéma. Il ne fera certainement pas figure de classique sur le long terme. Mais si j'avais voix au chapitre, je filerais l'oscar de la meilleur réalisation à Cuaron. Pour les dix prochaines années.

Gravity, la tête dans les étoiles
DR.