Good morning England
Cinéma / Critique - écrit par Guillaume, le 29/04/2009 (Tags : film radio rock good morning england curtis
Une bande de disc-jockeys pirates inonde l'Angleterre de bon vieux rock à partir d'un bateau en mer. Ça donne envie de balancer un "fuck" retentissant.
Quand le spectre de la crise qui semble prendre une consistance de plus en plus menaçante est agité à tous bouts de champ, que le sida est déjà passé par là et que le retour aux vieilles valeurs morales et au politiquement correct semble être de mise dans le monde entier, on s'inquiète.
C'est alors que surgit Good morning England où une bande de mecs vit sur un bateau pour s'adonner à son hobby préféré : diffuser de la musique rock sur les ondes, et ceci en toute illégalité. Les disc-jockeys sont de véritables stars, certains se payant même le luxe d'être poursuivies par les avances de groupies venues passer un moment à bord.
Le conservatisme incarnéEntre insouciance folle, passion délirante et luxure assouvie, la fin des années 60 semble libre, débridée et prometteuse. Pourtant, l'état anglais ne voit pas d'un bon oeil cette radio rock qui échappe à tout contrôle. Kenneth Branagh campe ainsi à merveille un ministre détestable qui ne semble vivre que pour l'annihilation du rock, genre qu'il exècre par dessus tout pour son côté rebelle et libérateur, capable de tout pour venir à bout de la moindre note un peu trop saturée ou colorée.
Richard Curtis aurait certainement pu se contenter de filmer la vie à bord de ce bateau d'ondes pirates, les combats de coqs et les petites histoires de cul ou d'amour fournissant déjà assez de grain à moudre. Cependant, la menace perpétuelle de l'intervention de l'état grand-breton ajoute une tension dramatique telle que la petite vie insouciante de la tribu rock semble d'autant plus éphémère et urgente. On sait comment tout cela va finir, mais on ne veut pas se l'avouer, espérant jusqu'au dernier instant que l'histoire puisse être réécrite, entraînant de fait une déformation spatio-temporelle qui nous ferait vivre un été frivole et une vie plus vaporeuse, bien à l'abri des politiques répressives et castratrices.
La mode change...C'est peut-être donner beaucoup trop de consistance au film de Curtis qui, en dehors de cette perception certainement particulière, promet seulement de rire à des situations absurdes et à des clichés rock à tendance hippie. De la bonne humeur ne cesse de se dégager de l'ensemble, nous permettant, au minimum, de passer un bon moment bien à l'abri derrière un voile d'idéalisme. Et c'est déjà pas mal.