Les gladiatrices
Cinéma / Critique - écrit par Nicolas, le 06/06/2004 (
Un jour, quelqu'un est arrivé. Un mec, probablement. En une seule phrase, il parvint à réunir les mots « Filles », « Combats », « Huile », et « Maillots de bain ». Un vrai génie. Quelqu'un lui a répondu. Un mec, probablement. Lui, son seul apport fut d'y ajouter les mots « télé » et « réalité ». Les Gladiatrices étaient nées.
Le concept officiel : des matchs de lutte réalisés entre deux groupes de filles, d'un côté les brunes, et de l'autre les blondes. Chaque équipe est composée de cinq filles superbes issues de la télé qui combattront, en maillot de bain et en one to one, sur un tatami circulaire installé dans un entrepôt. Elles seront coaché par un mâle, un vrai, lui aussi issu de la télé.
Le concept officieux (le plus évident) : des filles aux grosses poitrines, huilées de la tête aux pieds par le mâle en question, vont se rouler par terre en s'étreignant et en poussant des petits cris de douleur. Un fantasme qui devient réalité, et à la télé. Quand je parlais de génie...
Chez les blondes, coachées par David du Loft (applause, applause) : Marlène (Loft Story 2, est sortie très rapidement pour faire un disque), Claire (Opération Séduction), Candy (Opération séduction), Lola (« meneuse de revue au Crazy Horse »), et Anne (Tentatrice aux gros poumons de l'île de la tentation).
Chez les Brunes, coachées par Moundir (Koh lanta, respect respect) : Diana (île de la Tentation, qui ne la connaît pas ?), Alexandra (Gagnante du Bachelor), Line (rescapée du Bigdil de Lagaf'), Sandrine (Operation Seduction), Kim (île de la Tentation).
A contre jour, au ralenti, les filles avancent dans un sombre couloir, tel un Maximus avant d'entrer dans une arène bondée de monde. Avec une rauque tonalité, la voix-off annonce la couleur : les filles sont là pour l'honneur, pour démontrer qu'elles ont autre chose qu'un physique. Les 20 premières minutes, les présentations, sont certainement les plus accrocheuses : pour bien montrer que les filles sont venus pour le beau geste, et pour faire oublier leur plastique de rêve, le costumier les a enfilé dans une gaine de cuir ultra moulante, un peu ouverte sur le haut, tandis que le réalisateur prend la ferme décision de les faire se dandiner dans une pièce exigu sous l'oeil très attentif de la caméra. Devant ce spectacle à couper le souffle, la voix-off se laisse aller : chaque fille est présentée comme une tigresse, une battante, l'actrice d'un match qui sera à mort, un véritable derby de folie, le clash du millénaire, un affrontement entre fauves indomptables, un « truc » qui va rester dans les annales de la violence. Morceaux choisis : « Ce soir, il n'y a pas que le rimmel qui va couler ! », « Sa came, c'est l'adrénaline ! ». Moundir, en bon coach, transmet le Warrior Spirit à ses brunes : Gniac, et mental. David se montre plus réservé : mieux vaut utiliser la force de l'adversaire à ses dépends. L'échauffement est achevé, les matchs peuvent commencer.
Il y aura, en tout et pour tout, une dizaine de matchs arbitrés par un autre mâle bien baraqué. Les règles : pas de morsure, de tirage de slip ou de cheveux, deux rounds de deux minutes, un point est concédé lorsque l'adversaire est maintenu à terre sur le dos pendant trois secondes. Dressons un rapide petit résumé - type d'un des matchs.
Prenons, pour l'exemple, l'affrontement titanesque qui opposera Line, brune, contre Marlène, blonde. Chaque coach huile consciencieusement sa protégée en n'oubliant pas les parties charnues de son être, lui file quelques conseils, et la pousse sur le tatami. Une fois le départ annoncé, la brune essaye de choper les jambes de son adversaire qui préfère se tenir à l'écart jusqu'aux limites du petit ring. Dès que Line parvient à attraper un bout de mollet, elle renverse son adversaire qui se met instantanément sur le ventre pour ne pas se faire retourner, moment choisi par la caméra pour prendre un petit angle bien sympathique qui nous permet alors de constater que la culotte de la blonde a pratiquement disparu entre deux parties rebondies de la demoiselle. L'arbitre les sépare, et ainsi de suite.
Grâce au système du confessionnal, chaque participante ou coach peut donner ses impressions sur tel ou tel adversaire, sur le déroulement du match, transmettre ses sentiments, etc. Un bien bel apport, qui ne manquera de nous impressionner par la vigueur et la farouche détermination des donzelles.
Voici venue l'heure de mon sentiment personnel, que je m'efforcerai de garder objectif : J'ai rigolé. Sincèrement. Grâce rendue à cette voix-off qui a fait preuve d'un talent inimitable pour faire monter une pression qui n'existe pas, par des mots simples et des phrases joliment tournées. L'exploit aurait été encore plus louable s'il était parvenu à masquer l'inintérêt constant de la vidéo qui parvient à atteindre le zéro absolu sans effort, mais il ne fallait pas trop en demander. 1h40 de filles aux formes généreuses se roulant par terre, de commentaires et d'interventions proprement déplorables (Prix Nobel aux coachs, machos et stupides), tout ça pour 20. Mais que fait la police ?