3/10Fragile

/ Critique - écrit par nazonfly, le 18/11/2008
Notre verdict : 3/10 - Amy McDébile (Fiche technique)

Tags : fragile film comedie cinema house films annonce

Parfois de bons films oublient d'être diffusés dans les cinémas français. Ce n'est certainement pas le cas de Fragile.

Quelle chance infime de pouvoir découvrir sur grand écran Fragile, film de Jaume Balaguero, le réalisateur espagnol du terriblement jouissif film de zombie [°Rec]. Un film bien sûr jamais sorti en France, si ce n'est en DVD alors qu'il avait été acclamé à Gérardmer. Mais pour une fois, le mauvais goût reconnu des distributeurs français n'a pas frappé. Fragile est simplement nul et marche sur des plate-bandes empruntées maintes et maintes fois.

Un scénario original comme une blague de Toto

Car tout est couru et connu d'avance dans ce film. Dans un film d'horreur, il faut une sombre demeure : un orphelinat dans le film du même nom, un ancien magasin ravagé par les flammes dans Mirrors, un hôpital écrasant le paysage dans Fragile. Il est essentiel qu'il soit loin de tout : même le magasin de Mirrors bien que situé en plein centre ville est complètement fermé par des palissades. Ici l'hôpital est perdu quelque part dans l'Île de Wight. Il est nécessaire qu'une partie du lieu soit désaffectée : ici c'est carrément un étage entier de l'hôpital qui est fermé depuis plus de 50 ans. Oui, oui, ça arrive très souvent dans les hôpitaux. Ensuite, il est important aussi que le héros, au passé lourd bien entendu, débarque dans un nouvel univers, en général pour remplacer quelqu'un, et qu'il découvre Ce Qu'Il S'Y Passe. Car, il se passe des choses dans cet hôpital, des choses fantastiques, des histoires de fantôme. Les manifestations sont souvent inquiétantes : traces de doigts sur des miroirs, bruits dans la nuit, ou comme ici, des dés qui bougent tous seuls pour faire des mots. Ces manifestations ont, la plupart du temps, été découvertes par le prédécesseur du héros qui n'a jamais été cru. Parfois aussi, c'est un enfant qui voit des gens morts. Comme ce n'est le cas que dans la moitié des films de ce genre, on pourra qualifier ce témoin d'originalité du scénario.

C'est donc ainsi que l'excellente actrice Calista Flockhart (excellente car on l'a vu dans Ally McBeal et puis aussi dans... euh... attendez... je vais trouver) se retrouve infirmière, mutée après une dépression, dans un hôpital louche, entourée d'enfants malades dont la petite Maggie qui parle avec une certaine Charlotte. Horreur, malheur ! comme dirait le Grand Orchestre du Splendid.

Attends, ça me rappelle quelque chose

Du début à la fin, Fragile est cousu d'un épais fil blanc, et rien ne surprendra vraiment l'amateur de films d'horreur. En réalité, rien ne surprendra vraiment personne, vu qu'il n'y a aucune scène réellement terrifiante. Ni même qui fasse simplement sursauter. Et c'est là que le bât blesse sérieusement. Autant Rec est un monument dans le genre, chaque seconde est haletante, chaque scène pourrait faire se recroqueviller le spectateur dans son siège ; autant le même spectateur aura vite compris que Fragile ne lui fera qu'à peine lever un sourcil désabusé. On notera quand même un twist final qui prend un peu le spectateur au dépourvu, mais pas de quoi sauver le film. Et surtout il faudra retenir le dialogue entre les deux "sorcières" qui expliquent que la vie n'est qu'une étape entre deux mondes : le monde des vivants et le monde des morts. Voilà, tout est dit. Le ridicule ne tue plus. Et j'éviterai de parler de la fin très niaise pour ne pas alourdir le fardeau du film.

Bref, vous l'aurez compris, la déception est à la hauteur des attentes sur Fragile. C'est un ratage complet du début à la fin, des scènes habituelles auxquelles on aurait enlevé tout l'aspect effrayant. La question qui reste au final est : comment le même réalisateur peut-il manquer complètement son coup, puis réussir une référence du genre ?