8/10Les fils de l'homme

/ Critique - écrit par Nicolas, le 03/11/2006
Notre verdict : 8/10 - Enfant du soleil (Fiche technique)

Enfant du soleil

Les Fils de l'Homme, mode oblige, est adapté d'un roman à succès écrit par P.D. James et publié en 1993. D'un nombre relativement peu élevé de copies, malgré quelques prix prestigieux récoltés lors du Festival de Venise, celui-ci nous projette une vingtaine d'années dans le futur, dans un monde qui n'a plus rien à espérer. Un matériau de base classique, forgé par un réalisateur qui a su créer la surprise...


En l'an 2027, l'humanité est devenue stérile. Le plus jeune être humain sur Terre affiche 18 ans, tandis que la population se morfond de ne plus pouvoir produire de bébés. Dans ce contexte précaire, où le rejet de la différence est devenue une loi à part entière, une jeune femme noire tombe enceinte. Théo (
Clive Owen) se charge alors envers et contre tous de la protection de la future maman, quitte à risquer sa vie...

Il est étonnant de constater à quel point les ambitions d'un réalisateur peuvent faire des étincelles, lorsque les moyens mis en oeuvre y sont assujettis. Certes, Les Fils de l'Homme n'est pas le récit d'anticipation du millénaire, n'apporte pas grand-chose chose au genre, mais fait néanmoins partie de cette race de film qui ne laisse pas indemne ; une catégorie de métrages très précise qui laisse le spectateur en lambeaux, aussi bien sur le plan intellectuel que sur le plan visuel.
Pourtant, le noyau des Fils de l'Homme se présente, au bout du compte, d'une simplicité et d'une largesse bien trop évidentes pour faire naître un embryon de réflexion chez l'observateur lambda, à moins que celui-ci n'en fasse l'effort après coup. Non, ce qui perturbe dans le film de Cuaron, c'est bel et bien le traitement qu'inflige le réalisateur à son bébé cinématographique, multipliant les plans-séquences de folie tout en flirtant avec le documentaire. Bluffante, la mise en scène mélange échauffourées, explosions, et phases de dialogues dans de somptueux portés de caméra qui allient esthétisme lugubre et réalité confondante. Un sens du réel qui se voit complété par, d'une part, une bande-son très généreuse sur les basses, et d'autre part, la reconstitution du paysage londonien au moyen de débris et de gravats, enfonçant la capitale britannique dans de sinistres tons grisâtres et renforçant du même coup le sentiment de précarité attaché à l'espèce humaine. L'immersion est totale, transforme le film en une expérience cinématographique visuelle et auditive bien rare dans les salles obscures, tandis que les minutes s'écoulent sans ennui.

Dommage qu'un tel film ne soit pas davantage représenté sur le territoire français. Pour ceux qui ont l'opportunité d'aller le voir, n'hésitez pas, il est plus que probable qu'il figurera dans la liste de vos meilleurs métrages de l'année 2006, ne serait-ce que pour la performance technique du réalisateur qui signe ici une oeuvre aboutie et impressionnante.