5/10Filles perdues, cheveux gras

/ Critique - écrit , le 14/12/2002
Notre verdict : 5/10 - Film perdu, cheveux las (Fiche technique)

Tags : film comedie perdues filles cheveux gras films

Le paysage du cinéma français est ainsi fait : on commence généralement par se faire connaître en tournant quelques courts-métrages puis on dispose de suffisamment de poids vis-à-vis des producteurs pour passer au long-métrage. Des centaines de jeunes réalisateurs ont commencé ainsi, mais il y a toujours une exception qui confirme la règle...

Claude Duty n'est pas un jeune réalisateur, c'est un vieux baroudeur du monde du court-métrage et l'on peut dire que c'est une des figures emblématiques du court-métrage en France. Sa spécialité, et on reconnaît son style à cela, c'est de réaliser des courts-métrages en "bricolant", fidèle à lui-même. Alors, que nous a-t-il réservé pour son premier long-métrage, Filles Perdues, Cheveux Gras ?

Élodie (Olivia Bonamy) se fait virer de son boulot, las de sa vie, elle plonge sa tête dans le four. Elle est tellement médiocre qu'elle rate même son suicide, et en plus perd la garde de sa fille !
Natasha (Marina Foïs) travaille dans un salon de coiffure. Alcoolique chronique et "sans ami(e)", elle perd un jour son chat en le jetant par la fenêtre (!)
Marianne (Amira Casar) travaille pour son petit ami (joué par Charles Berling) comme "potiche" dans les galeries d'art. Elle décide un jour de le quitter, tant pis pour les avantages, et de retrouver "son âme" grâce à un professeur d'ethnologie (joué par Sergi Lopez).
Ces trois filles totalement perdues, vont se croiser et continuer leur route ensemble : Élodie cherchant sa fille, Natasha son chat et Marianne sa paix intérieure. Malgré leurs différences, elles vont devenir amies et s'entraider. Leur parcours est fait de rencontres totalement délirantes : un gentil ethnologue, un guerrier Massaï, un aborigène, des Incas...
Elles finiront par trouver l'amitié et l'amour : tout est mal qui finit bien !

Pour Claude Duty, le style "filles perdues, cheveux gras" est un genre très répandu au cinéma, à l'instar des Westerns, Policier et autres Péplums. Il a décidé de parodier le genre, et de nous offrir un film se voulant frais et drôle.

Dès le début, une chanson arrive comme un cheveu sur la soupe et on pense plus à un délire scénaristique qu'à un film musical ! Et pourtant, les chansons s'enchaînent et l'on se retrouve perdu dans les délires du réalisateur. Le film est une sorte de comédie musicale, avec des textes complètements décalés, exemples : "Quand t'as d'la peine, pense aux kurdes, au tchétchènes. Tes problèmes, à côté c'est d'la crème." ou bien "Le monde me donne la gueule de bois, et l'alcool arrange ça." !

On a l'impression de voir trois courts-métrages (un par filles perdues) les uns derrières les autres, avec de temps en temps des vidéos clips... Trois courts métrages ne font pas un film et des chansons sur un scénario creux ne font pas une comédie musicale. Claude Duty se perd en mélangeant les styles et le spectateur ne sait plus où donner de la tête : on a même droit à un dessin animé dans le style Disney en plein milieu du film. Le personnage de Marina Foïs, en coiffeuse alcoolique, sauve le film de l'ennui le plus total. Son interprétation délirante et son rôle comique lui confère la sympathie des spectateurs et fait oublier les nombreux égarements du scénario. Charles Berling en séducteur "Bi-sexuel-Zoophile" vaut aussi le coup d'oeil. Mais le jeu de deux acteurs et quelques bons sketches ne font pas le succès d'un film, surtout si celui-ci abuse des clichés les plus gros !

Un film mou, plat, qui ne fera rire que les personnes désireuses de voir un film comique ne volant pas très haut... Claude Duty aurait-il trop passé de temps dans le milieu du court-métrage pour se recycler dans le long ?