8/10Les feux de la rampe

/ Critique - écrit par Filipe, le 17/02/2003
Notre verdict : 8/10 - La fin d’un mythe… (Fiche technique)

Charlie Chaplin veut faire un film en s'inspirant de la carrière du comédien Frank Tinney. Il souhaite présenter les aventures d'un comique au bout du rouleau. La première des Feux de la Rampe se fera à Londres pour des raisons politiques, Chaplin étant soupçonné d'être un partisan du communisme. Pour cette raison d'ailleurs, il ne pourra pas rentrer chez lui ensuite.

Calvero est un clown âgé qui ne fait plus rire personne et qui trouve du réconfort à l'occasion dans sa bouteille d'alcool. Un jour, il sauve du suicide une jeune danseuse paralytique et décide de lui redonner confiance en elle. Mais lui-même souffre aussi de ne plus être la célébrité adulée des foules qu'il fut auparavant.

C'est un Chaplin un peu morose que l'on retrouve dans Les Feux de la Rampe. Un Chaplin qui se demande peut-être comment il parviendra à surmonter l'épreuve quand lui-même ne sera plus sous le feu des projecteurs. Ce Calvero est tellement touchant. Et la danseuse fait preuve d'un tel courage. Encore une fois, l'oeuvre cinématographique n'est pas anodine. Ce ne sont pas seulement quelques successions d'images enregistrées sur une bande magnétique mais bien tout un discours, subtil et puissant. Le succès est éphémère et il s'agit là d'un concept tellement superficiel. L'ambiance du film a de quoi être maussade. Et la présence dans le film d'un certain Buster Keaton, un peu oublié par le public au début des années 50, est un symbole.

Le film est plus émouvant que réellement amusant, à l'image d'Un Roi à New York, le film qui suivra Les Feux de la Rampe. Ce dernier constitue une oeuvre plus que bouleversante, l'histoire de la descente aux enfers d'un homme qui a goûté aux joies du succès, ce qui fait désormais son malheur. A noter les douces présences de Claire Bloom en danseuse déterminée, et de Sydney Chaplin Jr, dont le papa pouvait être fier.

Le personnage de Calvero ressemble par certains côtés au véritable père de Charlie Chaplin, qui mourut rappelons-le, terrassé par l'alcool.

Les Feux de la Rampe est un poème touchant, qui déborde de tendresse et de romantisme. Un poème que le plus commun des mortels se doit de connaître. Car cette oeuvre ne ressemble pas complètement à tout ce que son auteur avait su si habilement concevoir jusqu'à présent.