4.5/10Fair Game

/ Critique - écrit par riffhifi, le 30/10/2010
Notre verdict : 4.5/10 - Mensonges d'état (Fiche technique)

Tags : fair game film anglais wilson liman valerie

Saviez-vous que la guerre USA-Irak lancée par George W. Bush était basée sur des mensonges, que les armes de destruction massive n'ont en fait jamais existé ? Oui ? Alors Fair Game ne vous apprendra rien. En revanche, on pourrait informer les auteurs que Bush n'est plus président, le pamphlet est un peu périmé...

Pour toute personne qui a vécu les années 90, Fair Game est un film d'action avec William Baldwin et le mannequin Cindy Crawford. Celui qui nous arrive aujourd'hui n'en est pas un remake.

On a l'habitude de voir Doug Liman à la tête de films d'espionnage-divertissement (La mémoire dans la peau, Mr & Mrs Smith) ; après un détour navrant par le film Une star et des étoiles
Une star et des étoiles
de super-héros (Jumper), on le retrouve sur le terrain de l'espionnage, versant réaliste. Prenant appui sur le livre écrit par l'ex-agent de la CIA Valerie Plame, il convoque Naomi Watts et Sean Penn pour livrer un brûlot anti-Bush sans pincettes. Mais, euh, quelqu'un leur a dit que Bush avait été remplacé par un président démocrate ?

Au début des années 2000, Valerie travaille donc pour la CIA, et effectue des opérations sous couverture au Moyen-Orient ; à l'occasion d'une mission au Niger, elle propose d'envoyer son mari Joe Wilson, ancien ambassadeur, pour établir la probabilité d'une vente d'uranium au profit de l'Irak. Le couple est donc bien placé pour savoir que les déclarations de Bush et de son administration, à propos des armes de destruction massive, constituent un pipeautage de classe mondiale. Et bien entendu, ouvrir leur bouche sur le sujet est assez déconseillé... mais Joe Wilson ne sait pas se taire.

D'un point de vue cinématographique, Fair Game est un drame politique mâtiné d'espionnage, avec une pincée de tensions familiales pour faire bonne mesure. Les acteurs, après avoir étudié leurs modèles pour reproduire leurs attitudes au mieux (mais honnêtement, quel spectateur se soucie que la Valerie Plame du film soit identique à la vraie, qu'on ne connaît pas ?), livrent une performance "à Oscars", avec froncement de sourcils soucieux et serrages de mâchoires. La
réalisation caméra à l'épaule, avec sa tentative de saisir les instants avec une spontanéité documentaire, s'avère parfois envahissante, et une bonne partie des mouvements de caméra en viennent même à être gênants. Toutefois, l'histoire se laisse suivre sans peine, et on compatit aux déboires du couple Plame-Wilson.

MAIS. Mais franchement, qu'est-ce qu'on en a à f¤µX~& ?! Que les deux protagonistes aient passé un sale quart d'heure dans le monde réel, on le croit sans peine. Les spectateurs pro-Bush et les sceptiques estimeront que le scénario est salement romancé, les autres y verront un compte-rendu fidèle des évènements. L'histoire en elle-même n'a pas grand-chose d'universel, tout juste souffle-t-elle que le pouvoir est parfois mal employé, et qu'il faut toujours oser le remettre en question. Le sujet est essentiellement un moyen de taper à coups de gourdin sur l'administration Bush, qui n'est plus en poste et ne risque pas d'y revenir de si tôt. Le fait que la guerre en Irak ait été justifiée par des mensonges, on le savait déjà, Michael Moore a même fait un documentaire dessus il y a plus de six ans. Alors honnêtement, on se demande ce qui a bien pu motiver les producteurs d'un tel film, ni passionnant ni courageux...