3.5/10Excalibur

/ Critique - écrit par nazonfly, le 24/07/2009
Notre verdict : 3.5/10 - Merlin désenchanteur (Fiche technique)

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Un film mi-parodique mi-héroïque qui ne vaut que par sa fidélité à la légende d'Arthur Pendragon.

S'il y a un Roi mythique dans l'histoire des contes, c'est bien le Roi Arthur. Maintes fois adaptée, copiée, détournée, sa légende a traversé les siècles avec son cortège de magie et de hauts faits chevaleresques, et surtout d'histoires tragiques. Tout d'abord, son nom viendrait d'une racine celtique signifiant « ours », ce n'est vraiment pas classe. Ensuite il est le fruit d'une union née sous le signe du malin puisque c'est par un subterfuge magique que Uther Pendragon passa une nuit avec Ygraine concevant ainsi Arthur. Il n'est donc pas très étonnant que sa meuf se fasse étriller par le premier polisson venu, le bien nommé Lancelot du Lac, accessoirement poto du Roi. Et il est finalement assez croquignol que le Roi Arthur conçoive un fils avec sa soeur, dans une sorte de répétition de sa création. Tout ça pour finir mort, dead, tué par ce fils subtilement appelé Mordred. A mots doux je peux le dire, sans contrefaçon, Arthur est un garçon, mais surtout un Roi Maudit.

Mais maudit, Arthur l'est certainement encore plus par l'adaptation nanaresque de sa légende par John Boorman qui réussit à réunir dans un même film des effets spéciaux dépassés, des acteurs qui n'obtiendraient même pas la mention passable en 6ème théâtre et surtout des rôles étranges détruisant un mythe pourtant séculaire.

Et Ed Wood se trouva un successeur

Excalibur a été tourné en 1981, il y a donc 28 ans de cela. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que ça se voit à l'écran. Certes on pourrait médire sur l'aspect de la brume magique de Merlin sur laquelle chevauche Arthur ou encore sur les éclairs nous ramenant aux grands moments de la Warner, mais ça serait oublié que ces quelques maladresses sont contrebalancées par de superbes moments de bataille. L'attaque du château du Duc de Cornouailles passe notamment avec un réalisme étonnant, bien que rappelant bizarrement l'attaque du château dans le Sacré Graal des Monty Python. On pourrait par contre rigoler sous cape en constatant que la lance censée tuer Arthur est clairement passé entre son bras et son torse. Pourtant le pire est le parti pris pour les accoutrements (difficile de parler de costumes) des personnages. Merlin se promène ainsi dans le film avec une sorte de casque brillant dont on se demande bien ce qu'il peut faire là. De la même façon, le plastron avec tétons de Morgane est tout simplement stupéfiant. Ces choix que nous qualifierons gentiment d'artistiques se magnifient dans le design des armures. Noires au début du film, elles se blanchissent au fur et à mesure, devenant même d'un inox brillant digne de la meilleure batterie de cuisine. Le summum est atteint avec l'armure de Mordred, d'un jaune aussi doré que le corps de C3PO et au casque en forme de tête de quelque chose (un homme aux cheveux bouclés ?). Ces effets spéciaux et costumes foireux pourraient être excusés par l'ancienneté du film. Mais le jeu des acteurs et surtout les rôles qu'ils jouent sont beaucoup moins excusables.

Et Plus belle la vie une inspiration

Si on peut résumer tous les rôles de cet Excalibur, c'est le manque de classe et de prestance de la majorité des personnages. Le meilleur exemple en est Merlin, tour à tour vieux fou drôle et lunatique ou considérable sorcier vaguement inquiétant. En conséquence, on ne peut s'empêcher de penser aux Merlin des Monty Python ou de Kaamelott. Mais tous les personnages, sauf peut-être Perceval, Gauvain et Mordred sont touchés par ce manque d'élégance. Morgane n'est pas la sorcière aux puissants pouvoirs magiques, mais une enchanteresse de bas étage tout juste bonne à séduire Merlin pour récupérer un soupçon de magie. Quant à Lancelot, l'amoureux éperdu, il a le charisme d'une moule abandonnée à son sort depuis des années. Seule la matérialisation de son combat intérieur vaut le coup d'oeil, surtout pour les amateurs de corps nus et musclés. Nous passerons aussi rapidement sur Guenièvre, brune fadasse aussi vite oubliée qu'elle disparaît dans le film, pour terminer cet bref aperçu avec le personnage principal : Arthur. Le rôle qu'il a dans le film est sans doute le plus intéressant. Mais l'interprétation de Nigel Terry dessert fortement le principal rôle du film. Ce film est donc une déception de bout en bout...

Au final, y a-t-il quelque chose à sauver dans Excalibur ? Sans doute peut-on remercier Boorman d'avoir tenté d'exposer la majeure partie de la vie du Roi Arthur, de sa naissance à sa mort, en ne privilégiant ni la Quête du Graal, ni l'histoire avec Guenièvre. Mais l'ensemble, qui a mal vieilli, est bien décevant.