L'Etrange Noël de Monsieur Jack
Cinéma / Critique - écrit par Lestat, le 01/12/2003 (L'étrange conte de M. Tim
Il était une fois, dans un pays lointain, une étrange ville qui s'appelait Halloween Town. A Halloween Town, chaque année, les habitants préparent leurs plus belles farces et leurs plus beaux tours pour faire la plus belle des peurs aux habitants de la Terre et quand le moment est venu, tout le monde se tourne vers le squelette Jack. Jack est le "roi des citrouilles" : grâce à lui, les fêtes sont toujours réussies. Pourtant Jack est malheureux, et bien seul. Son seul ami est Zéro, son petit chien fantôme. Pour combler sa tristesse, il marche dans la grande forêt qui borde Halloween Town. Tombant dans une porte magique, il découvre, emerveillé, Christmas Town, la ville de Noël. Un monde joyeux, coloré, où tout respire le
bonheur, la gaieté, la joie, la fête. Intrigué et enchanté par cette étrange coutume, Jack est bien décidé à jouer au Père Noël, lui aussi...
L'étrange Noël de M. Jack, ou la touchante histoire d'un personnage qui voudrait changer sa vie sans y parvenir. Film superbe, sur le rejet, la différence, la solitude. Un film d'animation certes, mais résolument pour adulte, plein de poésie, de noirceur, de clins d'oeil et de sous-entendus. Aussi, on n'est pas surpris d'apprendre que, derrière le scénario et le design, se cache un certain Tim Burton, dont c'est ici l'adaptation d'un poème. Car Burtonien, L'Etrange Noël de M. Jack l'est assurément. Il n'y avait que lui pour créer un tel univers, une telle féerie, pour parvenir à rendre beau ce qui ne l'est pas et inversement. Car Burton a toujours été cruel avec ses semblables, sauf peut-être à deux exceptions près : Ichabod Crane et Ed Wood. Ici et comme souvent, les Humains apparaissent grotesques, caricaturaux, alors que les créatures d'Halloween fascinent autant que celles de Noël enchantent. Un conte émouvant et superbe, où on rit, on pleure, on frissonne...
Et tout cela ne serait rien sans la réalisation, la technique, la musique... Car Burton est une chose, certes, mais comment ne pas citer le grand Daniel (NdC : Danny pour les intimes) Elfman, dont les compositions innondent ce chef-d'oeuvre. Des mélodies obsédantes, rythmées, tendres, mélancoliques, des chansons magnifiquements interprétées, passant de la triste ballade au blues des plus
endiablés et qui contribuent énormément à cet univers à part que dépeint l'Etrange Noël de M. Jack.
D'un point de vue purement technique, ce film d'animation a également marqué d'une pierre blanche l'année 1994 : conçu en pâte à modeler et autres matériaux, ce film n'est ni plus ni moins que le premier long métrage réalisé intégralement en Stop-Motion. Une technique où chaque mouvement, chaque expression est filmé image par image. Une pirouette qui animait déjà les monstres en carton-pâte des vieux films (la série des Sinbad par exemple...) et qui surprend toujours aujourd'hui par sa qualité sans failles, en ces années de dessins virtuels.
Réussite technique, réussite artistique... L'Etrange Noël de M. Jack avait tout pour devenir culte. C'est ce qu'il est devenu et presque dix ans après sa sortie, il n'a rien perdu de sa force, de son émotion et de son message. Ne passez pas à côté de ce petit bijou, qui se dote par ailleurs d'une intéressante reflexion sur Noël et sa représentation.
Magique, c'est bien le mot...