1/10L'Etrange histoire de Benjamin Button 2

/ Critique - écrit par Nicolas, le 01/04/2010
Notre verdict : 1/10 - On a perdu un Button ! (Fiche technique)

Horriblement torché par un amateur, ce Benjamin Button 2 souffre d'un mal qui pourra faire des dégâts dans l'industrie du cinéma : la stupidité. N'essayez plus de nous vendre n'importe quoi, nous ne sommes pas des têtards !

Comment ont-ils pu imaginer cela ? Comment ont-ils osé ? Je crois être en mesure de tout comprendre : l'appât du gain, le désir de surfer sur un concept porteur, même la stupidité je dois pouvoir la comprendre si on me l'explique calmement. Mais là, il n'y a pas de mot pour décrire ce que j'ai vu. C'est au-delà de tout. Vous voyez, c'est comme produire une suite à Titanic, l'idée en elle-même est inconcevable et vouée à produire du fumier. Là, quelqu'un a sauté le pas, et d'une certaine manière, j'applaudis cette témérité mal placée. Ensuite, cette admiration se mue en un désir d'être violent et de coller des gifles aux scénaristes, au réalisateur, aux acteurs, à tout personne attachée de près ou de loin à cette ignominie sans nom. Même moi, je me collerais des baffes pour l'avoir vu.

Je ne vous fais plus languir, que vous réserve ce Benjamin Button 2 ? Hé bien, l'inverse du premier. Ha ha. Autrement dit, Benjamin revient à la vie et recommence à vivre, mais dans le bon sens, d'où l'accroche sur l'affiche : « Le bon sens reprend ses droits ». C'est dans ces moments-là que l'on a envie d'être aveugle, pour autant que quelqu'un puisse en avoir envie. Le Benjamin va donc grandir, rencontrer l'arrière-petite-fille de Daisy, et s'en amouracher. Et parallèlement, des flashbacks de son ancienne vie vont le tarauder, parce que bon, faut bien.

Niveau budget, du coup, le nombre de zéros diminue. La durée aussi, tiens. C'est déjà ça. Et puis, la directrice de casting a trouvé des sosies (enfin si on veut, regardez l'affiche et contemplez ce PIF !) et des homonymes, donc on y gagne encore sur la facture. Et enfin, on sort le "produit" directement en DVD, cela évite des coûts de distribution. La jaquette a une certaine tronche, ressemble à son prédécesseur, le piège est prêt, il est tendu.
Car l'ensemble du film respire bon le tournage torché en deux semaines par un réalisateur... je ne vais même pas dire débutant, je vais dire inexistant. Comme si on avait laissé le cameraman faire ce qu'il veut, quand il veut, où il veut. Il y a pourtant un nom sur la jaquette : David Fisher. Connais pas. Et ne veut surtout pas connaître. Si j'étais président, je le ferais abattre ; si j'étais tueur, je l'abattrais ; si j'avais de l‘argent, j'engagerais un tueur pour le faire abattre. C'est méchant, mais on ne plaisante pas avec le cinéma. On ne plaisante pas avec
L'arrivée du train en gare de la Ciotat, non, ou alors on en assume les conséquences. Car un tel niveau d'incompétence n'existe pas, même dans les cauchemars les plus extrêmes.
Les acteurs sont issus du même moule. Outre une vague ressemblance physique avec les têtes d'affiches originelles, ce qui est la seule chose à porter à leur crédit, il semblerait que la profession d'acteur n'ait pas figuré dans le cahier de recrutement. En fait, ils ne savent pas jouer, tout simplement. Mais ils ressemblent à Brad Pitt et Cate Blanchett, donc ça valait le coup ! J'ai même l'impression que le Brad Peet en question avait un léger accent espagnol, pour vous dire le degré de professionnalisme. Mais ce n'est pas ça qui choque le plus chez ce jeune homme tout à fait sympathique au demeurant. Non, c'est plutôt son nez. Bon sang, mais regardez-moi ce PIF !
Mais le pire dans tout ça reste le scénario. L'aspect drame un peu fantastique a été altéré, modifié, manipulé, puis entièrement gommé pour laisser place à de la romance pure et dure. Celle qui fait mal aux yeux, qui provoque de l'asthme. L'idée de départ était déjà bien rude, les péripéties et la progression de l'intrigue, elles, laissent sans voix, sans vision, sans audition, sans rien. Le couple à la base est déjà insipide malgré les similitudes physiques avec Pitt et Blanchett, leurs dialogues quant à eux résonnent dans un vide artistique gigantesque. Ce film ne donne pas envie d'être amoureux ; ce film ne donne pas envie d'être heureux ; ce film donne envie d'être président et d'avoir de l'argent pour engager un tueur et descendre ce David Fisher avant qu'il ne fasse plus de mal. On y revient.
Ah, la musique ne faisait pas mal aux oreilles, c'est ce qui sauve le film du zéro. J'aime bien le piano, il calme mes pulsions meurtrières.
Je vous préviens, il y a un twist. Un violent. A se taper la tête sur une roue de tracteur. Pour magnifier l'image, disons que j'ai cru pendant un moment être en train de manger des endives chaudes macérées dans de l'huile de vidange périmée. Oui, j'ai eu mal, j'en suis sorti altéré, abattu, presque violé. Et pourtant, mon sens commun prend le dessus, et c'est pourquoi je vous demanderais de ne pas lire le paragraphe en italique si vous ne souhaitez pas connaître la nature de ce twist scénaristique, dans le cas improbable où vous voudriez choper un cancer du cerveau pendant la "séance".

Car voilà le twist : par une pirouette scénaristique tout à fait géniale, il s'avère que Daisy (Cate Blanchett dans le premier épisode) attrape le même mal que Benjamin Button. En d'autres termes, arrivée à la fin de sa vie, elle commence à repartir dans l'autre sens et rattrape son amour au deux tiers du film, alors qu'il était sur le point de conclure avec l'arrière-petite-fille de Daisy. Dilemme bien évident, mais je souhaite vous rassurer en vous disant qu'à ce stade, il n'y a bien que lui pour être intrigué. Pour ma part, j'arrachais convulsivement le rembourrage du canapé.

Scénario débile, acteurs à la ramasse, réalisation anecdotique, et finitions oubliées. Nous aurions pu être indulgent avec un autre film, pas avec celui-là. Pas avec ce concentré de crétinisme motivé uniquement par le pognon. A moins qu'il y ait une véritable volonté de faire de l'irregardable ? A ce moment-là, oui, Benjamin Button 2 est un chef-d'œuvre. Dans tous les autres cas, je le conçois comme du terrorisme à part entière, au même niveau que l'Anthrax. Si on vous l'offre, ne l'ouvrez pas, même si l'on vous dit qu'il s'agit d'un poisson d'avril !

Et puis, ce pif, mais ce PIF !