5/10Il était une fois

/ Critique - écrit par riffhifi, le 01/12/2007
Notre verdict : 5/10 - Disney toi, c’est donc ton frère (Fiche technique)

Tags :

Disney aurait-il troqué la facilité du conte de fées pour la dure réalité du monde qui nous entoure ? Non, rassurez-vous, il est toujours question d'oiseaux qui gazouillent...

Les studios Disney promènent depuis des décennies une réputation de mièvrerie que même leurs récentes tentatives d'humour déjanté (Kuzco...) ne parviennent pas à effacer. Quoi de mieux alors que de concentrer un maximum de clichés maison dans un dessin animé archétypique, puis de propulser les personnages dans le « vrai monde » (notez les guillemets) pour confronter le mythe à la réalité, la mièvrerie au cynisme ? Soyons honnête : ça sentait dès le début la fausse bonne idée...

Dans la riante contrée d'Andalasie, la belle Giselle (Amy Adams) est sur le point d'épouser le beau prince Edward (James Marsden). Mais la cruelle belle-mère du prince (la reine, donc, interprétée par Susan Sarandon), voit d'un mauvais œil ce mariage qui peut la déposséder de son royaume (manifestement nous sommes dans un monde où le statut de la femme et de l'homme sont inversés dans les lois royales, bien que le scénario ne s'attarde pas sur ce sujet). Elle décide donc de pousser la donzelle dans un puits maléfique, qui l'envoie en plein New York. Là, elle rencontre Robert (Patrick Dempsey), père célibataire et avocat spécialisé dans les divorces : il va se faire un devoir d'expliquer à la donzelle que les contes de fées n'existent pas...

Confronter le dessin animé au monde réel n'est pas une idée neuve. Sans remonter aux origines, on peut simplement citer Qui veut la peau de Roger Rabbit ? (1988), qui faisait coexister à l'écran les habitants de Toonville et les Amy à Miami ? Non, à New York !
Amy à Miami ? Non, à New York !
acteurs réels, dans un tour de force technique au service d'un scénario jubilatoire. Ici, rien de tout ça : les séquences de dessin animé ne représentent qu'une petite portion du film, clairement séparée des séquences en prises de vue réelles. Les auteurs du film semblent d'ailleurs complexés par cette simplicité, et s'échinent à multiplier les effets spéciaux inutiles à de pures fins d'esbroufe démonstratives, jusqu'à un final spectaculairement ridicule qui tombe dans l'histoire comme une natte de dreadlocks dans un bouillon de poule. On saluera tout de même l'écureuil animé, un des personnages les plus drôles du film (un comble).
Car le film n'est pas un récit d'aventures épiques, mais une simple comédie romantique respectueuse des moindres codes du genre. Cousu de fil blanc, le scénario présente deux couples (Giselle-Edward et Robert-Nancy) que l'on sait si mal assortis que rien ne s'oppose à ce que les vrais héros (Giselle et Robert, suivez quoi !) développent une idylle malgré leurs différences de base. Les standards nécessairement gentillets de la comédie romantique ne peuvent qu'être accentués par l'environnement Disneyen : toute trace de réalisme concernant les relations amoureuses est balayé en un instant par les nuées de petites fleurs et de zozios s'égosillant à répéter que l'amour c'est facile, que l'amour c'est cool et que tout le monde peut vivre heureux et avoir beaucoup d'enfants. Rafraîchissant peut-être, mais tristement bébête.

Dans le cas où on y chercherait juste un moment de détente décérébré, le film remplit sa tâche décemment. L'humour y est frais et sans conséquence, pétri de clichés incontournables (l'arrivée des personnages à New York, déjà vue mille fois)
"Je sais jamais : je suis Tic ou Tac ?"
et servi sur un plateau par une galerie de comédiens surjouant à outrance. A ce jeu, James Marsden dépasse régulièrement les limites du supportable en Prince Charmant mongolo incapable de comprendre que son laquais (Timothy Spall, payant ses impôts) travaille pour la reine. Quant à Susan Sarandon, son apparition éclair tient plus du cameo que d'un vrai rôle. Destiné à un public de petites filles, le film laisse logiquement les meilleurs rôles à Amy Adams la princesse perdue et à... la petite fille de Robert (Rachel Covey, 6 ans), plus attendrissante que la plupart de ses aînés.

Film bâtard à tous les niveaux, Il était une fois choisit son camp dans chaque au lieu de rester hybride : plus réel que dessin animé, plus comédie romantique que spectacle merveilleux, plus guimauve que cynique, plus consensuel que drôle, rien n'empêche ce divertissement formaté de s'adresser à la famille entière en cette période de Noël débutante. Sympathique mais sans intérêt.