Entre deux rives

Le Docteur Kate Forster (Sandra Bullock) et l'architecte Alex Wyler (Keanu Reeves) ont en commun une maison au bord d'un lac. Seule particularité : ils la possèdent à des espaces temps différents et ne vivent donc pas ensemble. Mystérieusement, la boite aux lettres de la demeure leur permet de s'envoyer des lettres avec un décalage de deux ans. Une impossible relation à distance naît de cet étrange phénomène...

Remake du film coréen Siworae, réalisé en 2000 par Hyun-seung Lee, Entre deux rives navigue en eaux troubles. Tantôt touchant, globalement long, un peu bête et niais, le long métrage américain d'Alejandro Agresti laisse constamment perplexe. 12 ans après Speed, les retrouvailles à l'écran de Sandra Bullock et Keanu Reeves sont alléchantes. L'alchimie entre les deux ne se produit ici que trop rarement, comme lors d'un plan fixe sans coupures de près de cinq minutes. Sommet émotionnel du film, ce simple moment montrait la voix d'une réussite éloignant Entre deux rives de la comédie sentimentale. La belle musique de Paul McCartney donne à cette scène une dimension plus profonde. Tout comme plus tard une autre accompagnée par une chanson magnifique de Nick Drake.

Pour une comédie sentimentale, Entre deux rives se place néanmoins au dessus du lot. Malgré le manque de réflexion évident de ses personnages principaux qui auraient pu se trouver bien plus tôt, l'oeuvre procure assez de suspens et de frustration pour tenir le spectateur jusqu'à la fin. Elle évite aussi de trop tomber dans l'humour puéril et le dramatique excessif. Il est cependant regrettable que les scénaristes ne se soient ni embêtés à développer le phénomène fantastique ni à donner plus d'âme à des décors naturels somptueux. Les caractères des personnages restent quant à eux trop superficiels et stéréotypés. Dommage.