3.5/10L'Empire des loups

/ Critique - écrit par Nicolas, le 24/04/2005
Notre verdict : 3.5/10 - Empire du mou (Fiche technique)

Empire du mou

Vous connaissez certainement Grangé pour tout le bazar que les médias ont pu faire à ses Rivières Pourpres, et peut-être aussi pour celui de l'Empire des Loups (avant qu'on nous resserve une couche pour le Concile de Pierre). En tout cas, la patte de l'auteur est clairement identifiable : thriller un peu horrifique, généralement teinté de simili fantastique. Pour les films, pareil, mis à part que Reno est de la partie, et que le résultat est souvent en deçà des attentes.

Pour la troisième fois, une jeune turque rousse est retrouvée atrocement mutilée. L'enquête est confiée à Paul Nerteaux (Jocelyn Quivrin), un capitaine de police, qui n'a d'autre choix que de s'adjoindre les services de Jean-Louis Schiffer (Jean Reno), un ancien flic rompu aux techniques les plus expéditives. Entre temps, Anna Heymes (Arly Jover) croit perdre la boule. Sa mémoire est sujette à des crises d'amnésies inexplicables, jusqu'à oublier le visage du mari de la pauvre femme...

Quel est le meilleur moyen pour passer d'un point A, sorte de thriller à tendance macabre doublé d'une histoire d'amnésie à la noix, à un point B, dénouement n'importe quoi façon Bad Boys ? Les plus pragmatiques d'entre vous me répondront certainement la ligne droite, affirmation que semble ne pas partager Chris Nahon (Le Baiser Mortel du Dragon). Il va même jusqu'à la réfuter entièrement en inventant peut-être inconsciemment ce que j'appellerai de la « dispersion narrative », qui consiste à ne pas établir de lien entre deux évènements pour laisser le spectateur se construire sa propre histoire. Qui ? Comment ? Pourquoi ? Les questions se démultiplient, et les réponses ne semblent exister que pour rajouter des interrogations à la liste. Avec la naïveté du spectateur moyen que l'on a tous en chacun de nous, on espère avoir une explication finale, le code pour décrypter tout ce charabia mêlant turques, policiers, drogue, et perte de mémoire. Perverse au contraire, la fin fait dans le n'importe quoi haut de gamme, accompagné d'un sentiment de s'être franchement fait léser. Sur le chemin, c'est carrément de l'ennui à l'état brut. Entre Reno et son pote flics qui se bataillent à coup de répliques niaiseuses du genre « c'est mon boulot », les longues séquences de discussion ou de pseudo suspense, ou pire, les courses poursuite caméras embarquées façon « je comprends rien à ce qui se passe », on se croirait presque dans un nouvel opus des Rivières Pourpres. Même la forme, relativement bien menée par Nahon, s'y rattache explicitement. Assurément, le film est en mesure de vous glacer le sang ou de vous sursauter le derrière à quelques reprises, grâce rendue à des coups de montage nerveux et alambiqués, mais il ne sait le faire que par les moyens conventionnels du genre et se complait dans les images un peu gores sans attaches.

Une transposition ratée sur beaucoup de points de vue, capable de faire somnoler les plus nerveux des téléspectateurs si ceux-ci décident de ne pas chercher à comprendre l'histoire. Les autres, ceux qui tenteront le coup, ressortiront de la salle presque comme ils y sont entrés : c'est à dire, sans avoir vu l'Empire des Loups.