7/10Effroyables jardins

/ Critique - écrit par Selena, le 20/03/2003
Notre verdict : 7/10 - Douce France (Fiche technique)

Tags : film pere michel quint jardins livre jean

Jean Becker aime la France d'en bas (comme un certain Jean-Pierre R.). Il aime la campagne, l'esprit de village, les petites gens simples et les histoires simples. Il aime les adultes qui ont su garder un pied (voire les deux) dans l'enfance. Dans la plupart de ses films (Les enfants du marais ; Un crime au Paradis), on ressent un doux parfum d'enfance, une nostalgie d'une France d'autrefois. Derrière ses images d'Epinal naïves et sympathiques, se dissimulent parfois des drames humains. C'est le cas d'Effroyables Jardins, film éponyme du roman de Michel Quint.

Dans un petit village de France, dans les années 60, Jacques Pouzay (Jacques Villeret) est instituteur les jours de semaine, et clown les jours de fête. Son fils Lucien, adolescent a honte des pitreries de son père-clown, jusqu'au jour où un ami de la famille : André Designy (André Dussolier) va lui raconter une drôle d'histoire qui commence une quinzaine d'années plus tôt, pendant la seconde guerre mondiale.

Effroyables jardins est un film plein de fraîcheur, de joies simples et d'humour. L'humour qui sert souvent (comme dans la vie) à désamorcer les tensions et à rendre plus supportable et vivable le quotidien. En période de guerre ou de crise, l'humour est souvent la seule arme imparable pour survivre aux évènements et à soi-même.
Mais, allier l'humour et l'émotion dans un film à allure dramatique est souvent une opération délicate, dont se sort honorablement Jean Becker. Déjà dans deux autres films récents (
La vie est belle ; Train de vie ), des réalisateurs comme Roberto Benigni et Radu Mihaileanu avaient pris le parti humouristique pour aborder des pages dramatiques de l'histoire, et de la guerre, avec plus ou moins de réussite.
Ici, Jean Becker nous raconte avec naïveté mais sincérité une histoire simple, une histoire d'amitié et une histoire de héros malgré eux. Il nous montre que l'héroisme se cache souvent là où on ne l'attend pas, dans des gestes ou des décisions ordinaires qui ont une portée extraordinaire. Il suggère que malgré le desespoir, l'humanité et l'espérance de quelques uns peuvent changer le monde et la vision que l'on a du monde.
La caméra de Beker suit ses personnages avec tendresse. Des personnages (et des clichés) typiquement franchouillards. Thierry Lhermitte est amusant en coq de basse-cour, toujours à l'affût d'une affaire, même dans les situations les plus dramatiques. Jacques Villeret est toujours juste et attendrissant, dans son rôle de Français moyen, bon enfant, naïf et forcément sympathique. Mais, c'est à se demander si son répertoire n'est pas limité à ce genre de rôle. André Dussolier a plus de mal, le ton juste lui fait parfois défaut dans son interprétation de châtelain sans château au grand coeur.

En somme, un petit film bien sympathique, émouvant et drôle, qui rend hommage à la douce France de Trenet et qui évoque avec une pointe de sérieux l'absurdité de la guerre. Mais vous l'aurez compris, c'est un film foncièrement optimiste, qualité non négligeable ces temps-ci...