Dossier spécial : ces films sont nuls mais tout le monde les aime

/ Dossier - écrit par Hugo Ruher, le 01/04/2013

Tags : film cinema mais sont films tout video

Salut à toi Krinaute,

Aujourd’hui, un coup de gueule sur un sujet qui nous touche tous. Il vous est certainement déjà arrivé de vous retrouver devant un film que vous ne connaissiez pas mais qui vous avait été conseillé. Tous vos amis vous ont dit qu’il était énorme, Allociné affichait 5 étoiles, des magazines spécialisés  l’ont encensé et même Krinein l’a considéré comme un chef d’œuvre. Impossible donc de ne pas aimer ce film quand vous l’avez vu, et quand on vous demande vous dîtes qu’il est culte et monumental. Vous tentez vous-même de vous convaincre de combien vous avez passé un bon moment devant ce classique du septième art. Vous allez même lire quelques critiques positives pour vous conforter dans votre idée. Mais au fond de vous, tout au fond, vous n’oseriez jamais l’avouer mais… ce film était mauvais. Vous vous êtes ennuyé, vous n’avez pas compris cet engouement autour de cette bouse sans nom, mais vous cachez ce sentiment en société pour ne pas être isolé. Vous essayez désespérément de lui trouver des qualités, mû par cette peur si humaine du désappointement, avec cette impression d’infériorité qui vous accable.

Mais ceci est fini aujourd’hui. Aujourd’hui, Krinein va oser dire tout haut ce que vous ne dîtes pas, ce que vous avez même peut-être oublié à force de vous persuader du contraire. Oui, ces films sont nuls. Et nous allons maintenant faire un petit panorama de tous ces pseudo chefs-d’oeuvre considérés comme tels, mais qui ne sont rien d’autres que des navets surestimés par une élite intello et des fans aveugles. Ceci est le dossier Krinein spécial : ces films nuls que tout le monde aime.

 

Le russe blanc, c’est dégueulasse.

Pour commencer, le film soi-disant culte de toute une génération de glandeurs : The big Lebowski. L’histoire est celle d’un type en peignoir à qui on vole son tapis par erreur. Et c’est tout. Alors pourquoi un tel engouement lorsqu’un film est si faignant sur son scénario. Les personnages sont caricaturaux, binaires et stupides. Qui voudrait regarder un film uniquement basé sur un malentendu et avec des héros si peu charismatiques ? Et bien les pontes d’Hollywood nous ont trouvé une bonne raison : The big Lebowski serait en réalité une ode au nihilisme. Ben tiens c’est pratique…


Voici une image retraçant une bonne moitié du film...

On nous montre un débile léger qui se nourrit exclusivement de cocktails imbuvables (non sérieux, essayez le russe blanc c’est ignoble) et on nous le vend comme une œuvre philosophique subversive. Lisez un peu Nietzsche au lieu de vous vautrer devant un canapé en vous donnant bonne conscience, ça vous changera.

Voici un parfait exemple de manipulation vantant un film à la fois jeune et intelligent, qui va au-delà des clichés qu’il véhicule tout en dénonçant la société de consommation. Mais en vérité c’est stupide, long, sans intérêt et sans aucun semblant de construction scénaristique. Pourtant, ne pas aimer The big Lebowski c’est être un gros con réac’ donc, on est apparemment obligé d’adorer.

 

Un navet pour les gouverner tous.

« Attention capitaine, une polémique en vue ! Elle est pleine de trolls. » Et oui, voici les films qui divisent : la trilogie du Seigneur des Anneaux. Faire une adaptation d’un livre aussi épique : d’accord, avec plaisir. En faire neuf heures de dialogues creux, de batailles ennuyeuses, suivie de deux heures d’épilogues, non merci. Le pire c’est que je comprends pourquoi l’idée de faire ces films a pu germer. Avec les progrès technologiques, il devient facile de faire des effets spectaculaires dignes de représenter les grandes fresques littéraires de la fantasy. Mais ce n’est pas une raison suffisante !


Un regard vide, une absence totale d'émotion... nous sommes dans un film de Peter Jackson.

Surtout que pour commencer, ils auraient pu prendre une autre œuvre à adapter ça ne manque pas. Mais pour ne pas perdre le public dans des histoires compliquées, les producteurs hollywoodiens ont préféré un truc plus simple : il y a des types petits, ils doivent jeter un anneau fabriqué par des types grands dans un volcan. Et à la fin ils y arrivent. Et puis il y a des types petits mais moins, des types grands mais avec des oreilles pointues, et des types grands, avec des oreilles pointues, mais moches.

Une histoire basique, des personnages auxquels on ne parvient pas à s’attacher malgré le temps trèèèèès long qu’on passe avec eux et une mise en scène pompeuse et artificielle. Pourtant, on a le phénomène des années 2000, une explosion des records au box-office et une adulation des fans du bouquin. Pourtant, une adaptation du Seigneur des Anneaux sans Tom Bombadil ou sans davantage d’explications concernant l’herbe à pipe, je ne vois vraiment pas comment ça a pu voir le jour. Heureusement que le réalisateur a su remonter le niveau avec Bilbo, où on voit un soin beaucoup plus important accordé à la psychologie des personnages. Mais en ce qui concerne le Seigneur des Anneaux, ils auraient dû tout faire en un film au lieu de nous infliger une trilogie. D’ailleurs, en parlant de trilogie foireuse.

 

Dans une galaxie lointaine, très lointaine etc…

Je hais ces films. Et je sais que vous aussi même si vous ne l’avouerez jamais. Personne n’ose le dire mais… Star Wars c’est nul. Attention, je ne parle pas de la nouvelle trilogie, qui a fait d’Anakin/Dark Vador un personnage attachant et de Yoda un guerrier charismatique. Je parle de la première trilogie avec Luke Skywalker, le héros le plus insipide de l’histoire du cinéma. Si ces films marchent encore aujourd’hui, il faut dire que c’est surtout grâce à la vague nostalgique qui l’accompagne. Sinon, comment trouver du charme à voir une espèce d’agence tous risques de l’espace combattre des vilains pas beaux.


René la Taupe et Sheldon Cooper dans une même scène, c'est sûr que ça fait rêver.

Des situations ridicules, comme la quasi-totalité des scènes avec Jabba, des dialogues à pleurer entre Leïa et Han Solo, et un scénario qui s’éparpille sans pour autant donner des explications au spectateur. Au moins, avec la nouvelle trilogie, on apprend d’où vient la Force et on développe le cheminement intellectuel que traversent les personnages. En plus, on nous rajoute des protagonistes drôles mais aussi sensibles, comme Jar Jar Binks, qui apportent un peu de fraîcheur à l’ensemble. Ce qui permet par ailleurs de prendre mieux en compte le sort des petits peuples au milieu des guerres interstellaires. Et puis, cette trilogie me paraît aussi plus aboutie en introduisant des éléments de définition de ce monde si inconnu. On en apprend en effet un peu plus sur la fédération du commerce et toute l’administration autour de la République, tout en nous focalisant sur la psyché des personnages, notamment Anakin, magistral.

Pourtant, l’adage du « c’est vieux donc c’est culte » continue de faire son œuvre et lorsqu’on dit qu’on préfère la nouvelle trilogie, on nous traite de jeune con biberonné au Michael Bay. Dommage que ce qui reste en mémoire, ce ne soit que ces vieux films manichéens et stupides.

 

So do I, mothafucka, so do I…

Une palme d’or à Cannes, un réalisateur adulé, une musique et des dialogues devenus connus de tous et des dessins sur des tee-shirts… Décidément, comment ne pas aimer Pulp Fiction ? Comment ne pas succomber à ce souffle d’air frais sur le cinéma, à cette démesure dans la violence et dans l’humour noir, à ces personnages truculents ? Et bien c’est facile, Pulp Fiction est tout simplement ce que n’importe quel spectateur un brin objectif pourra qualifier de mauvais film.

Commençons par les qualités : la musique du générique est super. Elle gagnerait à être aujourd’hui remplacée par la version des Black Eyed Peas mais elle garde un charme désuet.


Même Samuel L. Jackson s'en fout, il n'y a qu'à voir sa coupe de cheveux.

Et maintenant, passons aux défauts, et pour commencer, nous allons un peu parler des personnages. La principale blague du film est, je crois, que les protagonistes sont extrêmement flegmatiques. Comprendre : ils se fichent de tout. Mais c’est chiant. Voir pendant deux heures John Travolta qui ne lève pas un sourcil, même en mourant, et Bruce Willis qui travaille son mono-expressionnisme c’est extrêmement ennuyeux.

Ensuite, il y a le scénario. Pour faire court, des truands doivent récupérer le butin de leur boss chez un boxeur. Mais entre temps il leur arrive des trucs avec la femme du boss, et un braquage dans un café. Vous voyez déjà le problème : je n’arrive pas à le résumer pour une bonne et simple raison, c’est que c’est complètement foutraque. Il n’y a pas de structure, il n’y a pas de personnage principal, les histoires sont mal reliées entre elles et en sortant du film on ne se souvient même pas du sort des personnages à la fin. Et pour empirer le tout, Tarantino a dû prendre un truc pas net pendant le montage car il a décidé de mettre tout ça dans le désordre.

Mais pourquoi ? Ça n’avance à rien et ça embrouille plus qu’autre chose. Mais rassurez-vous, au bout d’un moment on s’en fiche complètement et on guette sa montre avec le pouce qui tremble au-dessus du bouton « Avance rapide ».

Une dernière chose qui ne va pas avec ce film : un humour caca-prout qui détonne complètement avec une histoire de truands. Pour vous la faire courte : « Oh lol, Travolta va chier et quand il revient c’est l’bordel ! Gros lol il refait le coup ! Oh MDR une troisième fois ! Il est trop swag ce film ! » Ou encore : « LOOOOOL il a mis une montre dans son… ». Bref, vous voyez le topo et pourtant personne n’ose dire que ce film craint. Il y a des fois ou une mode s’impose sans que personne ne le veuille et Pulp Fiction en est une.

 

« Le cinéma parlant c’est pour les bouseux. »

On va devoir finir ce dossier, car j’en suis à mon troisième écran à force de frapper de rage tout ce qui s’approche de moi en pensant à ces films. Du coup on va rester dans le domaine  « films multi-récompensés sans aucune raison valable ».

Un jour, des producteurs se sont dit que faire un truc nouveau, c’était trop compliqué, alors qu’on allait plutôt refaire un truc ancien… mais en disant que c’est nouveau. Et The Artist est né. Un film muet en noir et blanc dont chacun s’accord à dire que c’est tellement ingénieux, tellement audacieux, que ça ne peut être qu’un chef d’œuvre. Mais il faut savoir une chose : le cinéma muet on en a fait avant, et on a arrêté. Pourquoi ? PARCE QU’ON A INVENTÉ LE PARLANT !!!!!

**********Changement d’écran d’ordinateur**********


"Regarde poupée, on n'a pas appris une seule ligne de dialogue et on nous prend pour des champions."

Du coup, si la seule caution du film, c’est qu’il ose faire quelque chose qu’on a laissé tombé il y a 70 ans parce que c’était obsolète… Et bien d’accord ne faisons pas d’efforts, les intellos et les vieux devraient aimer.

Et c’est peut-être le cas mais pour les gens normaux, qui vont au cinéma pour suivre des histoires intéressantes avec des personnages auxquels on peut s’identifier, c’est inutile. Si vous voulez voir des films d’époque, pas de problème. Mais en faire un nouveau c’est tellement assommant. Si je veux voir un film muet, je mate quelques scènes de Godard ou de Kubrick mais pendant tout un film… Le plus incompréhensible reste le flux ininterrompu d’éloges qui a suivi le film. Même s’il faut reconnaître que ne pas entendre Jean Dujardin, ça peut en effet être une bonne idée.

 

Et voilà Krinautes, j’espère que ce dossier vous fera vous sentir moins seuls, que vous aurez moins honte de ne pas aimer tel ou tel film malgré les exposés dithyrambiques qui l’accompagnent. Il y en aurait beaucoup d’autres à mettre sur cette liste comme Intouchables, Princesse Mononoké ou la trilogie du Parrain, mais je crois que vous avez compris l’idée. Ce n’est pas parce qu’ils sont plus nombreux qu’ils ont raison comme dirait… euh… un type connu. Et il ne faut pas rester aveuglé lorsqu’on nous assène qu’un film est un chef d’œuvre. Tout comme il ne faut pas s’autocensurer à cause de critiques négatives, au risque de manquer des bons films qui eux, tiennent leurs promesses.