7/10Ne le dis à personne

/ Critique - écrit par Aurélie, le 02/11/2006
Notre verdict : 7/10 - Perdue de vue (Fiche technique)

Tags : film personne cinema canet guillaume realisateur francois

Après Mon Idole, on attendait de Guillaume Canet qu'il confirme (ou non) ses talents de réalisateur. Pour Ne le dis à personne, il a fait appel à du beau monde, histoire de mettre toutes les chances de son coté. Pour le scénario, son choix s'est donc naturellement porté sur une adaptation d'un roman à succès, Tell No One, de Harlan Coben, vendu à plus de 6 millions d'exemplaires dans le monde. Du côté des acteurs, on retrouve François Cluzet, André Dussollier, Nathalie Baye ou encore Jean Rochefort. Et c'est M, alias Matthieu Chedid, qui a été chargé de la bande originale. De quoi faire venir le spectateur.

François Cluzet
François Cluzet
Alex est un homme déprimé : sa femme, Margot, a été assassinée par un tueur en série. Huit ans plus tard, la veille de l'anniversaire de sa mort, Alex reçoit un mail lui montrant une webcam. Et ce qu'il y voit va le forcer à replonger dans cette histoire macabre. En effet, c'est le visage de Margot qu'il aperçoit au milieu de la foule.
Est-elle réellement en vie ? Que s'est-il passé huit ans plus tôt ?

Plus qu'un thriller, Ne le dis à personne est avant tout une histoire d'amour. Celle d'un homme ravagé, Alex (François Cluzet), qui se rend compte qu'on lui a caché des choses sur la femme qu'il a aimé plus que tout, Margot (Marie-Josée Croze). Il doit donc réveiller des choses très douloureuses qu'il avait tenté d'enfouir au plus profond de lui. Cette douleur, Guillaume Canet la magnifie. Toute sa sensibilité est perceptible au travers de certaines scènes du film. Dans ce cadre, le jeu de François Cluzet est très proche de la perfection. Il a pris le parti de miser sur le minimalisme, et on applaudit : surjouer aurait probablement tout gâché. Ajoutez à cela de bons seconds rôles, une histoire appréciable, et vous aurez toutes les qualités de Ne le dis à personne. Cela suffit à faire un bon film.

Malheureusement, nous devrons décerner à Guillaume Canet un « peut mieux faire ». En effet, certains ratés sont à déplorer. Dont un qui lui incombe directement : la réalisation. Si sa sensibilité lui permet de tirer son épingle du jeu, nous regretterons qu'il n'ait pas su insuffler à son film un rythme constant. Il le reconnaît lui-même : « Hervé De Luze, le monteur du film, et moi-même, avons eu du mal à couper le film, à trouver son rythme. » Mais faute avouée n'est qu'à moitié pardonnée. Les scènes de poursuite sont un peu molles, et certains passages semblent un peu longs tandis que d'autres nous laissent à bout de souffle. La fin, quant à elle, rebondit un peu trop en nous offrant une double révélation alors même que la première ne parvenait pas à nous étonner. La faute revient sans doute au thriller qui choisit de s'effacer derrière la romance. Il était donc inutile d'en rajouter une couche.


Autre déception : la bande originale. Certes, le talent de Matthieu Chedid n'est plus à prouver, une B.O. un peu ratée ne devrait donc pas ternir son image. Reste qu'elle a été faite « en une journée. J'avais mis longtemps à comprendre ce que je cherchais pour la bande originale : quelque chose de très cérébral, une musique qui suivrait ce personnage solitaire, d'où une simple guitare, électrique pour le côté distordu. Matthieu m'a d'abord dit qu'il était désolé, qu'il n'avait pas le temps. Mais je l'ai convaincu en lui expliquant le principe, qui l'a beaucoup séduit : le faire jouer en live sur le film, en impro totale. La musique que vous entendez vient de cette prise unique, tout a été fait en une journée, à l'instinct, avec le génie et le talent de Matthieu. », selon Guillaume Canet. Une idée séduisante, peut-être, mais le résultat est plutôt mitigé. Si la B.O. parvient effectivement à se fondre dans le film par moment, elle vient de temps en temps nous chatouiller désagréablement les oreilles. « Distordu », le mot est faible. Cacophonique, envahissante, c'est ce qu'elle se révèle être, parfois.

Des passages trop brouillons, une B.O. parfois désagréable et un rythme inégal entachent malheureusement un film qui partait bien. Guillaume Canet prouve une nouvelle fois qu'il assure en tant que réalisateur, mais devra encore s'améliorer avant de livrer une vraie oeuvre. Avec Ne le dis à personne, il a tout de même réussi à montrer que sa seule sensibilité pouvait porter un film.