2.5/10Deux sœurs pour un roi

/ Critique - écrit par riffhifi, le 06/04/2008
Notre verdict : 2.5/10 - Henry, tu dors ? (Fiche technique)

Tags : pour roi boleyn deux film soeurs viii

Un sommet d'ennui et de niaiserie faisant passer la cour du roi Henry VIII pour un campus d'étudiantes en chaleur. On aimerait en rire, mais deux heures de ce régime restent plutôt coincées dans la gorge.

Quelques jours à peine après le début de la diffusion de la série The Tudors sur Canal+, le grand écran propose sa propre version de la vie sentimentale de Henry Tudor, huitième du nom. Sachant que le bonhomme était un colosse grassouillet connu pour sa brutalité et sa cruauté, on commence par se dire que le choix de Eric Bana pour l'incarner sent un petit peu le moisi. Puis on s'interroge sur le lien de parenté qui peut transparaître entre Scarlett Johansson et Natalie Portman, qui jouent respectivement Mary et Anne Boleyn ; on n'en trouve aucun, mais cette C'est pas des muscles, c'est mon costume.
C'est pas des muscles, c'est mon costume.
découverte s'efface bien vite devant le constat suivant : toutes deux, comme la quasi-totalité des acteurs du film, ont des dents blanches et un teint de pêche qui rappellent les plus artificielles des productions historiques hollywoodiennes des années 50. Pas d'illusion : le film sera une pénible bluette indigne de la pire des sitcoms diffusées par ABSat. Dont acte.

Henry VIII est donc un roi fluet, faible, manipulé par les femmes (qu'il ose à peine toucher) et manifestement dénué de toute activité en-dehors de ses flirts. Son unique préoccupation est d'avoir un héritier mâle, ce qu'il ne parvient pas à faire avec la reine. Il s'en va donc butiner les sœurs Boleyn, qui lui répondent alternativement « non, non, non » et « oui, oui, oui », l'une après l'autre ou en même temps. L'oncle des donzelles est particulièrement pousse-au-crime puisqu'il voit en elles un moyen d'entrer dans les bonnes grâces du roi. Celui, on l'a dit, est pourtant si facile à manipuler qu'il suffirait de lui offrir une tarte au citron pour entrer dans ses bonnes grâces. Il lui faudra près de deux heures de film pour commencer Soeur Anne, ne vois-tu rien venir ? Non.
Soeur Anne, ne vois-tu rien venir ? Non.
à s'énerver. Prévoyez le thermos de café.

Avec un scénario aussi désespérant, le principal souci du réalisateur est de conserver ses acteurs éveillés durant le tournage de leurs scènes. La solution ? Leur insérer un balai avant chaque prise. L'inconvénient, c'est que leur jeu devient raide et guindé, mais on ne peut pas tout avoir. La palme de la perplexité revient à Kristin Scott Thomas, qui se demande probablement ce qu'elle fait dans une production aussi faible, qui confond les mots romantique et cucul, joli et fade, lenteur et ennui. Lourd et bavard, le film ne décolle que dans la dernière demi-heure, où Henry commence vaguement à devenir rude. Rien de bien méchant toutefois, si ce n'est le minimum vital destiné à respecter approximativement la vérité historique. On n'aura retenu de la projection que quelques costumes et décors agréables à regarder.

Puisque le but était d'éviter au public le spectacle de la terrifiante réalité de l'époque, on aurait pu à la rigueur supposer qu'il opterait pour un traitement drôle et joyeux. Bernique. On se consolera en retournant voir Les perles de la couronne de Sacha Guitry, qui est un de ses moins bons films mais a le mérite de planer à des lieues au-dessus de ce pensum rébarbatif et rasoir.